Si la primaire socialiste monopolise l'attention des médias dominants, il n'est pas certain qu'elle fasse autant parler dans les chaumières des classes populaires et moyennes.
Au-delà de tout ce que nous avons déjà dit, l'objet du présent billet n'est pas de donner notre avis sur untel ou une telle candidat-e, mais de faire observer que la primaire marque un tournant dans l'histoire du PS et de la gauche...
Et un danger.
La primaire prive en partie les militants socialistes du droit de participer démocratiquement aux décisions internes du parti, en particulier à celle de choisir leur candidat-e à l'élection majeure du pays. Un droit qui s'acquiert en payant sa cotisation et surtout en donnant de son temps au parti, notamment en militant en externe mais aussi en interne, en participant à la vie du parti, à l'élaboration du programme, et in fine, en choisissant en toute connaissance de cause et en toute conscience, celui ou celle qui incarnera ses idées.
Aussi, le principe selon lequel ce sont les militants qui font le parti est définitivement enterré. Le PS renonce à devenir un parti avec une base élargie de militants-adhérents. Le PS est devenu un parti de notables avec ses élus, ses collaborateurs d'élus, ses propres salariés et toute une clientèle de gens qui doivent leur situation au PS... Un parti dont la base sociale s'est paradoxalement réduite à mesure de sa professionnalisation à l'excès. Une base réduite et privilégiée, souffrant moins des aléas du système capitaliste et des réformes néo-libérales que le reste de la population...
La primaire socialiste annonce la transformation du PS en un grand parti démocrate. D'un point de vue stratégique, la méthode des primaires vise à éliminer toute concurrence dans son propre camp, ce qui est bien vu. Mais, idéologiquement et politiquement, c'est un désastre.
Pour s'en convaincre, il suffit d'observer le bilan du parti démocrate américain depuis les années 70...
L'ultra médiatisation, les sondages à gogo et la personnalisation excessive, causés par les primaires, conduisent à l'interdiction de tout véritable débat, de toute audace idéologique, et surtout de toute confrontation d'idées, soit le genre de choses encore possibles en interne, entre militants formés, conscientisés et aguerris au débat.
Aussi, au fil du temps, le processus des primaires du parti démocrate a imposé aux électeurs américains de gauche une sorte de consensus mou, de non choix entre des candidats qui vont de la droite modérée au centre... soit entre un Bayrou et un Valls américains...
La dernière élection américaine a rappelé cette évidence que n'a pas démenti, jusqu'à présent, économiquement, socialement et écologiquement, la présidence Obama.
Bref, l'expérience démontre clairement que les primaires diluent la gauche de transformation sociale, voire toute la gauche.
Alors, vous désirez toujours participer à un suicide collectif ?