Et si on faisait une « Green Tea Party » ?

Publié le 29 septembre 2011 par Copeau @Contrepoints

Que diriez-vous d’un peu de Thé vert ? L’émergence d’un mouvement écolo libéral – c’est-à-dire d’un « Green Tea Party » – permettrait d’obtenir bien plus de résultats que la régulation économique.

Par Terry L. Anderson (*), depuis Bozeman, Montana, États-Unis
Article publié dans le Wall Street Journal du 22.09.2011

Dans ces temps où la campagne présidentielle se met peu à peu en place, il serait temps de voir émerger quelques leaders environnementaux. Ce qui n’est malheureusement pas le cas. Les Démocrates continuent à proposer réglementation sur réglementation et de très coûteux plans en réponse à des problèmes environnementaux, tandis que les Républicains continuent d’affirmer que les problèmes d’emploi et d’économie devraient l’emporter sur la protection de l’environnement.

Le temps est donc venu pour un mouvement qui, grâce à la prospérité économique, pourrait améliorer la qualité environnementale. Le temps est donc venu pour un «Tea Party» vert d’émerger.

Un tel mouvement ne vous conviendra pas si vous pensez que les bureaucrates de Washington doivent simplement voter des budgets plus conséquents pour permettre de vivre dans un environnement plus propre. Depuis 1980, le budget réel (corrigé de l’inflation) de l’Agence de Protection de l’Environnement est resté relativement stable, et pourtant la qualité de l’air et de l’eau s’est améliorée. La plupart de ses améliorations sont apparues par le biais de la réduction des coûts des technologies dans le secteur privé, et non grâce aux réglementations.

La posture d’un «Tea-Party vert» serait de croire que seuls la prospérité et les encouragements peuvent conduire à des améliorations sur le plan environnemental.

Premièrement : la richesse amène la santé. Des États-Unis à l’ex-URSS, les statistiques montrent qu’une croissance économique est nécessaire pour amener des améliorations sur le plan de l’environnement. La croissance n’est pas l’ennemi de l’environnement. Pour atteindre cette croissance, il faut que le secteur privé soit renforcé, et que les dépenses et réglementations fédérales soient abaissées.

Deuxièmement : le rôle des encouragements. Un «Tea-party vert» utiliserait la carotte plutôt que le bâton de la «régulation» pour permettre des avancées sur le plan de la qualité environnementale, et laisserait librement les prix de l’énergie fluctuer sur les marchés et ainsi faire le choix des sources d’énergie à exploiter. Une alternative aux énergies fossiles ne pourra apparaître que lorsque les entrepreneurs pourront dégager un profit sur des énergies moins chères, plus propres et plus efficaces.

Le gouvernement Obama a dépensé des milliards dans les énergies alternatives, en apparence pour créer des emplois et agir sur l’environnement, mais cette action s’est soldée par un échec. L’entreprise de panneaux solaires Solyndra (qui est désormais en faillite) a reçu des subventions pour un total de 535 millions de dollars alors qu’elle n’avait que 1 500 salariés.

De même, la production subventionnée d’éthanol encourage la destruction des marécages et fait augmenter l’usage de pesticides et d’herbicides. Les éoliennes quant à elles ont désorganisé les trajectoires des vols d’oiseaux alors que les champs de panneaux solaires ont détruit les paysages.

Voici quelques politiques pour l’environnement d’un «Tea-Party vert» qui ont un intérêt économique car elles comptent sur la force du marché pour mettre au jour ce qui fonctionne.

Un «Tea-Party vert» voudrait que les agences de protection des terres telles que le «Forest Service» (agence en charge de plusieurs dizaines de forêts et de parcs nationaux), le «Park Service» (agence en charge de parcs nationaux notamment) et le «Bureau of Land Management» (agence en charge du domaine public) génèrent des bénéfices sur la propriété fédérale. Avec des terres qui valent des milliards et des milliards de dollars, il n’y a aucune excuse pour que le déficit ne cesse d’augmenter. Entre 2006 et 2008, le «Forest Service» a perdu en moyenne 3,58 milliards de dollars chaque année. De plus, environ 15 millions d’hectares sont classés dans les terres à risque pour les incendies et 2,4 autres millions sont en train de mourir à cause d’infestation d’insectes, liées aux interdictions de coupes forestières du fait d’actions juridiques.

À l’inverse, entre 1995 et 2005, la confédération des tribus du «Salish-Kootenai» dans le Montana gagnait 2,04 dollars pour chaque dollar dépensé (investi) dans ses forêts — car les arbres, provenant de forêts saines, leur permettaient d’obtenir des prix plus élevés. Cela a ainsi permis de stabiliser leurs coûts administratifs à un niveau peu élevé, tout en conservant un lieu d’habitat pour les espèces en voie de disparation et en améliorant la qualité de l’eau. Un «Tea-party vert» demanderait à l’agence en charge du domaine public soit de faire du profit, soit de confier la gestion des terres aux agences d’État, aux tribus, aux entreprises et compagnies environnementales qui sont expertes en manière d’association des problématiques économiques et écologiques.

Un «Tea-party vert» puiserait à la source d’un marché libre de l’eau plutôt qu’à la source du Trésor américain. Pendant des décennies, des agences telles que le «Bureau of Reclamation» (qui s’occupe de la gestion de l’eau) et le «Corps of Engineers» (le premier constructeur public aux États-Unis) ont été subventionnées pour fournir une protection contre les inondations et pour le traitement de l’eau, de l’irrigation bon marché et de l’énergie hydroélectrique. Ces agences ont fait de l’eau une denrée très peu chère, mais elles ont ignoré l’impact environnemental de leurs actions. Preuve en sont les barrages qui ont empêché les saumons de se reproduire, et le développement d’une «irrigation toxique». Tandis que si la ressource avait été confiée au marché, les clients auraient pris en charge le coût total, dont le coût environnemental. On aurait ainsi réduit la demande en eau et on aurait pu allouer plus de ressources aux installations délabrées comme les stations de traitement des eaux.

Un «Tea-party vert» établirait un marché des prises de pêche pour enrayer le déclin de la pêche océanique. Lorsque de tels marchés — essentiellement, des droits de pêche — ont été mis en place, comme dans les pêcheries halibut d’Alaska, les saisons de pêche se sont allongées, les coûts ont diminué, la qualité de la pêche a augmenté ainsi que les profits. The Journal of Sustainable Development (revue consacrée au développement durable) explique ainsi récemment que « le déficit fédéral pourrait diminuer d’un montant estimé de 890 millions de dollars à 1,24 milliards… si 36 des 44 zones de pêche fédérales américaines adoptaient ce système. »

Il ne suffit pas de se pavaner dans des vêtements faits en matériaux recyclés tout en roulant dans une voiture hybride pour prétendre « agir pour l’environnement ». Une meilleure qualité de l’environnement ne peut pas être achetée en imposant davantage de taxes et en votant de nouvelles réglementations.

Un «Tea-party vert» permettrait à la fois une meilleure qualité de l’environnement, des coupes budgétaires et garantirait une prospérité économique.

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(*) Terry L. Anderson est senior fellow à la Hoover Institution et directeur exécutif du Property and Environment Research Center (PERC) à Bozeman, dans le Montana.

Article repris avec l’aimable autorisation de PERC.org.
Traduction : Florian H.