Un budget 2012 rigoureux ? De qui se moque-t-on ?
Hier soir, j’ai suivi d’une oreille distraite la séance chez le dentiste en direct des six clowns du PS pour tenter de vendre leurs bricolages en vue d’une présidentielle qu’on devine déjà morose. Les petits tacles enrobés de mamours humides ont ajouté à l’aspect irréel de l’exercice qui offrait de surcroît un spectacle saisissant du décalage entre ces six comiques de répétition et la situation tragique du pays alors justement que le budget 2012 est en discussion…
Inutile ici d’éplucher les âneries consternantes que les candidats auront alignées lors du débat : lorsqu’ils parlent d’économie, ils sont aussi crédibles que lorsque les Schtroumpfs racontent une partie fine.
J’en veux pour preuve les quelques éléments de réflexion que nos pitres lâchent en pâture à une presse tendrement à leur écoute : le François tente par exemple de cliver comme un malade avec une politique fiscale qu’il qualifiera évidemment d’audacieuse, ce qui, au passage, met la barre de l’audace à un niveau suffisamment modeste pour ses ambitions.
Et pour cliver, Hollande, il clive : il veut faire payer plus d’impôts aux riches ! Et pour ce qui est de couper dans les dépenses ? Ah, non, pardon, ça, c’est pas cliver, c’est tabou.
Et pendant que le bon François (Hollande) installe donc un clivage d’une férocité inouïe, l’UMP, qui est au pouvoir (ce que le caramel est au fond de la casserole, i.e. attaché grave), lui, doit se dépatouiller d’une situation économique globalement catastrophique pour établir un budget.
Le pauvre petit François (Baroin) tente donc d’écrire un exercice 2012 avec un crayon 2HB passablement mâchouillé sur une feuille petits carreaux, petit format, sans support, dans la rue, pendant que la tempête souffle en arrachant à peu près toutes les convictions, que l’averse froide de mauvaises nouvelles emporte toute confiance sur son passage, que le moral des ménages, des entreprises et des moutontribuables est au plus bas et que le président grignote des petits fours pour éviter d’ouvrir le bec et sortir une énorme bêtise.
Le résultat est évidemment à la hauteur des espérances de tous les auteurs comiques en mal de grosses blagues.
A bien y réfléchir, on ne sait pas ce qui est le plus drôle, dans tout ce fatras.
Est-ce, comme évoqué en début de billet, le décalage des élites du PS avec la réalité économique et financière de l’État français ? Dans la fabrique de cadeaux, les lutins sont en dépression, au chômage ou sous Tranxen, et le père Noël, qui a sombré dans l’opium, plane tristement dans des volutes roses d’un idéal socialo-républicain à jamais révolu. Les enfants ne croient plus en lui, et il le leur rend bien. La liste de cadeaux qu’il distribuera, promis, juré, craché, s’allonge à chaque fois qu’on lui demande son avis, pendant que les lutins fument la moquette en grelottant parce que le chauffage a été coupé pour impayés.
Est-ce la teneur même des pitoyables bricolages budgétaires proposé par un type parvenu à ce poste grâce à la Chaise Musicale Academy ? Ce n’est plus qu’une enfilade de records négatifs (dette, déficit, probable perte du AAA, explosion du service de la dette, avalanche de taxes) et toujours cette absence compacte, silencieuse et sacro-sainte de toute réduction du périmètre de l’Etat, de tout réveil douloureux mais nécessaire pour dire, enfin, une fois, que non, ceci ou cela, on ne peut plus faire parce que … parce qu’on n’a plus un rond. Non. On augmentera donc les taxes, les impôts, les récupérations diverses et le grattage frénétique des fonds de tiroir. Ce serait presque amusant si ce n’était pas simplement minable.
Est-ce la totale stupidité, le manque d’imagination ou l’ironie mordante des journalistes lorsqu’ils osent titrer que tout ceci est un « budget de rigueur » ? Car oui, cet amoncellement de foutaises ridicules et d’ajustement micrométriques à la marge, un déficit projeté , que dis-je, catapulté à 82 milliards d’euros l’année prochaine, est encore appelé « rigueur » par la cohorte d’abrutis qui ont relayé la pauvre dépêche de l’Agence Fausse Presse.
Je dis bien « abrutis » parce que j’hésite ici entre la pure stupidité et la parfaite collusion, la traîtrise ou la collaboration avec l’ennemi intérieur que sont devenus ces parasites politocards : oser appeler rigueur un n-ième pansement « Hello Kitty » sur la gangrène généralisée du corps social français, ça n’est plus que ça : de la bêtise ou de la félonie.
Le mieux, dans tout ça, c’est que pour tenter de sauver notre modèle social et notre État obèse que le monde ne nous envie pas, on nous assomme d’impôts et qu’au final, on aura la douleur des impôts et le modèle s’effondrera quand même.
Je ne donne pas un an avant qu’on perde le AAA, ce qui va grandement aider les pères Noëls à tenir la mesure dans leurs airs de flûtiau. La Grèce ne tiendra pas non plus un an. L’Europe et la zone euro sont donc déjà condamnés, au moins tels qu’on les connaît. Le reste, évidemment, n’est déjà que de l’Histoire.
Ce pays est foutu.
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