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Vivement l'amour - Charlie BREGMAN

Par Liliba

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Voilà un roman bien sympathique, frais et plein d'humour et de tendresse, avec lequel j'ai passé un très bon moment.

Charlie Bregman a 15 ans. Il est en troisième, bon élève, sérieux et travailleur, mais, titillé par des hormones en pleine effervescence, il veut à tout prix découvrir l'amour, qui l'attend sous les traits de la plus jolie fille de la classe, Marina.

Mon fils est en troisième, mais comme il n'a pas encore 13 ans, il ne me semble pas encore vraiment concerné par les problèmes du jeune Charlie, ce qui ne saurait tarder malgré tout ! J'ai cependant vraiment bien retrouvé l'état d'esprit et les états d'âme des jeunes de cet âge, les émotions, les attentes, les désirs qui émergent, les angoisses, retracées par l'auteur avec me semble-t-il, beaucoup de vraisemblance, même si sa jeunesse a lui s'est déroulée il y a une vingtaine d'années.

Nous suivons donc Charlie à l'école, découvrons son amour de la littérature et de l'écriture, sa grande curiosité et son intérêt pour les matières enseignées. En cours, avant d'être troublé par le sourire de Marina et de ne plus voir qu'elle, au lieu du prof et du tableau, il est brillant. Très à l'écoute notamment de son professeur de français, un original passionné qui explique à ses élèves qu' "en littérature, on est uniquement bon lorsqu'on a été soi-même. Contrairement à la natation, la littérature, c'est tout le contraire de la compétition, car l'adversaire de l'écrivain, c'est lui-même. L'on n'écrit pas pour se mesurer aux autres, mais pour imprégner le rythme de sa propre mesure des choses, à celui de la démesure des autres. L'écrivain est celui qui nous livre son monde extérieur, et sa mission est un terrible fardeau, car qu'elles que soient les difficultés, il est toujours seul face à elle. Jamais personne ne pourra venir extraire son trésor à sa place". Délégué de classe, de même que Marina, il a toujours été considéré, par les autres élèves comme par les professeurs, comme un garçon sérieux. Son changement de comportement sera donc d'autant plus intriguant pour ses amis et pour les professeurs...

Nous le suivons également chez lui, avec ses frères et soeurs et ses parents à qui il n'ose pas parler de ce qu'il ressent, des sentiments et émotions formidables qui bouillonnent en lui. "Nous n'avons aucune communication véritable, dans ma famille. J'entends par ce terme le fait que certaines communications pourraient, par exemple, avoir la particularité de toucher à l'essence même de nos êtres et de leurs petites contrariétés, mais ce n'est pas le genre de la maison. Ici, on parle de la pluie, du beau temps, des occupations des uns et des défauts des autres. Parler de nous-mêmes, de nos peurs, de nos faiblesses, de nos rêves, de nos espoirs, de nos attentes, de nos croyances, tout ça, c'est tabou, ça ne se fait pas. Ça ne se dit pas et on ne l'échange pas. Écrire à une fille pour lui dire je t'aime, ce n'est pas important. Ce qui est important, dans la vie, c'est d'obtenir de bonnes notes à la dernière interrogation, d'avoir l'approbation des professeurs, les félicitations du Principal, avoir son bac, faire de grandes études, avoir un beau métier et gagner beaucoup d'argent pour avoir une belle voiture et une fière allure lors des repas de famille. C'est ça, l'important. Marina, on s'en fout". 

La mère en effet semble soumise et peu encline au dialogue tandis que le père, se sentant inférieur car il n'a pas fait d'études, veut à tout prix que ses enfants "réussissent", sans se rendre compte que la réussite sociale n'est pas forcément la réussite d'une vie. D'ailleurs, les parents ne semblent plus guère communiquer et surtout pas profiter des instants présents, des joies du quotidien, toujours obnubilés par le but à atteindre : la retraite comme finalité en soi.

Le style de l'auteur est très agréable et fluide, malgré quelques petites lourdeurs dues à mon avis à l'intention de "faire bien" ou à des jeux de mots que j'ai trouvés trop cousus de fil blanc... "Ils peuvent bien se moquer de moi, ces incultes de la fleur du mal. Ils ne savent même pas que je l'ai déjà reniflé, moi, le parfum de la fleur pour laquelle je me donne tant de mal." On rencontre par contre des passages délicieux, comme la description du repas de Noël chez les grands-parents, la constitution des lois parentales à respecter, le rendez-vous chez l'orthodontiste, le premier baiser... tout un univers parfaitement décrit dans lequel on s'attache à ce jeune garçon et à ses envies de découverte et son désir d'aimer et d'être aimé en retour.

Une jolie lecture donc, sur la période mouvementée de l'adolescence, qui rend bien l'ambivalence des sentiments et émotions de cette étape de la vie, où l'on n'est plus tout à fait un enfant, mais pas encore un adulte.


Petite interrogation cependant : que voyez-vous sur la couverture, et notamment le o de amour ? Je n'avais au premier regard noté que les fleurs en coeurs, que j'avais du reste trouvées très mignonnes. Mais mon mari m'a fait remarquer un soir que le o ressemblait fortement à un préservatif, et les espèces de racines des fleurs, à des spermatozoïdes... Avons-nous l'esprit vraiment tordu, dans la famille Liliba ?

Autre petite remarque : j'ai trouvé un peu ridicule l'avertissement au dos de l'ouvrage : "certains passages de ce roman peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes. Par conséquent, l'autorisation aux "moins de 16 ans" de pouvoir lire ce livre est laissée à la libre appréciation de leurs parents". Rien de heurtant ni de choquant selon moi, qui du reste m'attendais de ce fait à du "croustillant"...

On en parle ici : Les agents littéraires, Lectures de Mina, Sophielit, Sous le feuillage...

Le blog de Charlie Bregman et le site officiel du roman.

Un grand merci à l'auteur qui m'a offert ce roman, avec une très gentille dédicace.

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Enfin une histoire d'amour qui se termine bien !


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