Quelque chose a changé dans le microcosme politique français, et le Parti Socialiste démontre, avec l’organisation de ces débats, son changement radical de posture. L’exercice avait pourtant tout d’une magistrale peau de banane, mais personne n’a glissé. Mieux, il s’en est dégagé une certaine sérénité, un sens des responsabilités et de la mesure, bien loin des accusations de promesses démagogiques déjà aboyées par l’UMP, bien loin aussi de l’image renvoyé par le gouvernement actuel, englué dans les «affaires».
Peu de monde aura assisté à la prestation des 6 candidats, faute d’un horaire curieux et d’un canal de diffusion marginal. Sans rire, il y a des gens qui travaillent… Mais il faut aussi l’avouer, pour la plupart des personnes concernés par cette primaire, les choix sont déjà faits. Il reste cependant intéressant, sur la durée, de percevoir les personnalités, leurs réactions et leur capacité à argumenter à vif, bien que tous les sujets soient âprement préparés à l’avance.
Je n’ai toujours pas de favori déclaré pour cette primaire. Je suis plus intéressé par le fond que par celui qui le mettra en œuvre, ce qui me permet de suivre le débat sans prisme déformant et sans oeillères. Vers 20h30, les favoris m’ont semblé moins à l’aise, comme crispés, fatigués. Martine m’a semblé froide, manquant parfois d’humanité. Ségolène a quelque peu subit le débat, cherchant constamment un second souffle qui n’arrivera pas. François a soigné sa posture plus que le discours, un brin professoral. Manuel, comme Monsieur Jourdain, a fait de la droite sans le savoir. Les bonnes impressions viennent d’Arnaud, fidèle aux principes qu’il défend maintenant depuis longtemps avec pugnacité et justesse, et Jean-Michel, bien plus à l’aide que lors du premier débat, défendant des mesures de bon sens, presque paternaliste.Dans son ensemble le débat a été de meilleure facture que le précédent. Il n’y avait pas Pujadas. François Hollande est maintenant sur orbite. Il est l’homme de la situation, mais doit prendre à son compte un certain nombre de propositions de ses acolytes. Pour l’accompagner au second tour, la bagarre sera rude, à mon sens entre Martine Aubry et Arnaud Montebourg, qui se place déjà pour 2017. Pour Ségolène Royal, je crois bien que son tour, pour cette fois, est passé.
Les différents états-majors vont évidemment analyser toutes ces informations, ce qui va donner à la dernière confrontation d’idées, sur BFM TV le 5 octobre à 20h30, une saveur inédite, ce parfum de démocratie qu’on n’a plus senti en France depuis 5 ans.
Après les sénatoriales, ça commence vraiment à sentir bon.