Mon Angleterre à moi

Cela fait maintenant 5 ans que je vis en Angleterre... "Time flies", comme on dit ici!

Je ne suis pas partie pour des raisons professionnelles, en fait je vivais une relation à distance et nous avions tous les deux ce désir de partir vivre à l'étranger, de préférence outre-Manche pour améliorer notre anglais. J'ai failli partir étudier en Australie étant plus jeune mais ça ne s'est pas fait, et depuis l'idée me trottait dans la tête sans que je parvienne à franchir le pas. Le fait que mon compagnon puisse s'expatrier au sein de l'entreprise où il travaillait déjà en France a rendu les choses plus faciles et c'est ce qui nous a décidé. J'ai démissionné de mon poste de journaliste à Paris et nous sommes partis!

2. Où habites-tu en Angleterre? Décris un peu ta ville...

J'habite à Bristol, ville que j'adore et dont je parle régulièrement sur ce blog. Vous pouvez d'ailleurs retrouver une petite présentation et plein d'autres billets dans la rubrique

Bristol est une ville cosmopolite et très vivante, qui réunit différentes nationalités et de nombreux étudiants. Le centre-ville est à taille humaine et il y a beaucoup d'espaces verts. Je me déplace à pied au quotidien, ce qui est vraiment un luxe! Il se passe également beaucoup de choses au niveau culturel et les festivals s'enchaînent toute l'année.

Je trouve que j'ai beaucoup de chance de vivre à Bristol car l'ambiance est très différente de celle des grandes villes du Nord ou encore de Londres. Les personnes que je côtoie dans le travail par exemple sont très ouvertes d'esprit, cultivées et en même temps très relax.

---

3. Qu'est-ce que tu préfères en Angleterre? Qu'est-ce qui te plaît moins ?

Ce que je préfère, c'est certainement l'humour anglais! Que ce soit dans la presse, à la télé ou dans les conversations, il y a toujours une petite touche d'humour qui fait mouche! Un humour très différent de l'humour français, beaucoup plus subtil et dit le plus souvent avec beaucoup de détachement... Difficile à décrire mais vous voyez certainement ce que je veux dire!

Avec le temps, j'ai également appris à apprécier la courtoisie des Anglais, leur politesse à toute épreuve et leur manière ordonnée de faire la queue, quitte à se faire mouiller en attendant le bus (je dis "avec le temps" car au début je les trouvais hypocrites)!

Leur bonne humeur également, car même quand il pleut les gens ont le sourire (heureusement qu'ils n'attendent pas le soleil, vous me direz!) et ont l'air heureux. Beaucoup plus qu'en France...

J'aime encore beaucoup d'autres choses ici (voir la photo ci-dessous), mais ce serait trop long de tout énumérer!

Passons donc à ce qui me plaît moins! Outre la météo - qui, il faut bien se rendre à l'évidence, n'est pas top! - c'est le "binge-drinking". Ici la plupart des gens n'apprécient pas le bon vin, dès qu'ils sortent ils boivent de l'alcool histoire de se désinhiber un peu et ils passent leur soirée à lever le coude. Pas de soirée ou de vacances réussies sans gueules de bois... C'est un point de vue, mais que je ne partage pas.

Ce qui me plaît moins également, ce sont les aliments qui n'ont pas de goût (les melons fades, le pain qui n'en est pas...) même si j'ai aussi appris à apprécier leurs spécialités, notamment sucrées (scones, crumble, cheesecake, carrot cake...)!

Et puis il y a des choses qui sont à la fois positives et négatives, comme par exemple la façon de s'habiller. Le samedi soir, c'est mini-jupes et débardeurs pour toutes les filles, quelle que soit leur morphologie. D'un côté je trouve ça super que les gens n'aient pas de complexes, mais d'un autre côté il faut quand même avouer que ça n'est pas toujours très classe et qu'on se croit parfois au carnaval...

4. Quelles sont les différences culturelles qui te marquent le plus (en termes d'habitudes de vie, de rapport aux autres...)?

En terme d'habitude de vie, la différence majeure avec la France est certainement le pub: LE lieu où tout le monde se donne RDV quel que soit l'âge, la classe sociale etc. On peut également parler de leur côté "j'aime la pluie" car la pluie ne les empêche pas de sortir se promener ou faire une activité d'extérieur, bien au contraire! Comme la plupart sont fans de jardinage, ils disent que ça fait du bien à leurs plantes!

En terme de rapport aux autres, c'est la timidité et l'inhibition. S'ils boivent autant, c'est parce que les Anglais sont extrêmement timides... En France, je ne dis pas que je me faisais siffler par les hommes à tout bout de champ, mais ici, en cinq ans, ça ne m'est JAMAIS arrivé! Jamais on ne m'a abordée alors que j'étais seule au café ou dans le bus, pour ça au moins on n'est pas embêtés! Aucun jeu de regard, aucun sous-entendu coquin dans une discussion entre hommes et femmes, non ça n'est pas dans les habitudes ici. Voilà une différence énoooorme avec la France, vous ne trouvez pas?

Dans le même registre ou presque, j'ai remarqué qu'en Angleterre il y avait souvent des groupes de filles ou des bandes de garçons mais ils sont rarement mélangés! Peut-être une habitude héritée des écoles non mixtes?

Enfin, j'ai remarqué que les Anglais ont toujours tendance à se déprécier. Le discours de Kate Winslet , qui a récemment reçu un Emmy Award pour son rôle dans la série "Mildred Pierce", en est un parfait exemple...

---

5. As-tu eu du mal à t'intégrer avec les Anglais? As-tu des amis anglais?

Avant de vivre en Angleterre, je m'étais dit qu'il ne fallait surtout pas que l'on reste dans la communauté française, mais au final c'est bien ce qui s'est produit. J'ai la chance de ne travailler qu'avec des Anglais et je me sens bien intégrée au sein de l'équipe, mais même s'il nous arrive de sortir ensemble, mes collègues ne sont pas de véritables "amis".

L'Angleterre n'est pas loin de la France mais les deux cultures sont extrêmement différentes et nos habitudes de vie ne sont pas les mêmes, donc on se retrouve rapidement entre Français ou entre "non-Anglais"...

Mais n'oublions pas que je suis en couple avec un Français. Les étudiants en colocation ou les personnes célibataires ont certainement beaucoup plus d'opportunités que moi de sortir avec des Anglais et donc de se lier d'amitié avec eux!

---

6. Qu'est-ce qui te manque le plus de la France?

Ca a beau être un cliché, je pense que c'est bel et bien la nourriture: le bon pain surtout, le saucisson, et des petites choses comme les Danette ou les rochers Suchard.

Et puis le beau temps (du Sud) de la France, car ici le nombre de jours par an où il fait plus de 25°C se comptent quasiment sur les doigts d'une main!

Je trouve également que la France est un pays aux paysages beaucoup plus variés que l'Angleterre.

Ce que j'apprécie aussi quand je reviens en France, ce sont les petits bars où je peux prendre un bon expresso! Ici je ne bois que des latte ou des cappuccinos, j'ai fait une croix sur les expressos...

Le cinéma français et certains acteurs que je vois rarement ici me manquent aussi, ainsi que la carte illimitée que j'avais quand je vivais à Paris! Sinon je m'arrange pour recevoir certains magazines, qui me manqueraient autrement, et je regarde certaines émissions françaises sur internet.

Voilà, je crois, ce qui me manque le plus au quotidien.

---

7. Penses-tu rentrer en France un jour?

Oui, je pense retraverser la Manche un jour! Pas du tout car j'en ai marre de la vie anglaise, bien au contraire, mais parce qu'il faut avancer et que j'aimerais reprendre mon travail de journaliste, que j'ai mis entre parenthèses à Bristol.

---

8. Qu'est-ce que t'apporte le fait de vivre à l'étranger et en Angleterre en particulier (aux niveaux professionnel et personnel)?

Côté professionnel, j'ai exploré des secteurs proches du journalisme (photo en freelance, relations publiques...) et j'ai bien sûr amélioré mon anglais, ce qui est très positif et ce qui j'espère me servira par la suite!

Au niveau personnel, une expatriation est extrêmement enrichissante, même si on passe par des hauts et des bas. On doit s'adapter, se remettre en cause, accepter la différence...

Au départ j'ai vécu une période difficile car je n'avais pas de travail et je ne pouvais pas espérer exercer mon métier de journaliste. Nous n'avions aucun ami et nous ne connaissions ni la ville, ni la langue (entre l'anglais scolaire et l'anglais du quotidien, il y a un monde!). Mais surmonter ça et voir le chemin parcouru cinq ans plus tard est une belle récompense!

J'ai aimé également le fait de pouvoir "me reconstruire une identité", dans le sens où ici personne ne me connaissait "dans ma vie d'avant". Je n'avais pas d'étiquette collée sur le front, aucune rumeur ne circulait à mon sujet... Ca peut donner le vertige, mais personnellement j'ai trouvé que c'était très libérateur!