L’énergie du biogaz

Une solution pour l’environnement et pour les coupures de courant ?

Entre les conséquences néfastes pour l’environnement liées à l’usage du bois et du charbon pour s’alimenter en énergie et les coupures intempestives et répétées de courant, certains pays se sont dirigés vers une autre source d’énergie potentielle : le biogaz.

Le Sénégal, la Mauritanie et le Burkina Faso : ces 3 états africains ont initié un Programme national de biogaz domestique (PNB). Le programme repose sur un concept simple : alimenter les ménages en énergie (cuisson, éclairage) grâce à une matière première gratuite, abondante et facilement accessible, à savoir la bouse de vache. L’obstacle majeur qui s’y oppose à trait au coût de l’investissement initial que représente l’installation des technologies permettant de convertir les bouses en énergie.

En effet, la conversion nécessite des infrastructures importantes : il faut faire construire sous terre par des maçons locaux des fosses dans lesquelles on introduit tous les jours la bouse de vache mélangée à de l’eau. «La fermentation du mélange de bouses et d’autres déchets va produire, dans des conditions similaires de la digestion humaine, du gaz méthane. Ce gaz est acheminé par des tuyaux à la cuisine pour la cuisson ou à un point lumineux pour l’éclairage des maisons», explique Alassane Dème, secrétaire général au ministère de l’Energie du Sénégal.

L’autre installation à mobiliser pour les particuliers est le biodigesteur : le gaz arrive dans un premier tonneau de 200 litres, puis est transféré dans un second tonneau après filtrage. Ce sont les tuyaux de ce second tonneau qui alimentent les cuisines.

En terme de coût, il faut compter entre 382.000 et 433.550 francs CFA (entre 813 et 922 dollars environ) pour un biodigesteur, en fonction de sa taille. L’Etat subventionne l’installation des équipements à hauteur de 30 à 50% du prix. Malgré ce frein, le programme semble bien prendre, notamment au Sénégal, où plusieurs personnes témoignent :

«C’est vrai, dépenser 300.000 francs CFA, voire plus, pour installer le biogaz est difficile. Mais je trouve ça important. Depuis que ma maison a commencé à utiliser cette énergie, je n’ai plus de problème de coupures intempestives d’électricité. Nous avons notre propre énergie. Je peux retrouver facilement les matériels de rechange lorsqu’ils sont abîmés, car le magasin de la société Thecogas Sénégal, chargée des installations nous les fournit», témoigne un éleveur.

Un restauratrice confirme : « Je suis restauratrice; j’ai dépensé plus de 500.000 FCFA (environ 1.064 dollars) pour l’installation du biodigesteur, des tonneaux et des tuyaux de transmission. J’ai deux tonneaux de stockage d’énergie et je les utilise depuis cinq mois, et l’aiguille indique que le gaz n’a pas encore bougé. J’ai des bouses en réserve. Je vous assure que c’est coûteux, mais quand on l’a, on n’a plus de problème d’énergie ».

Au Burkina Faso, le prix de l’installation est plus élevé, mais les subventions le sont également. En Mauritanie, près de 100 familles dans la vallée du fleuve Sénégal couvrent leurs besoins en énergie de cuisson grâce au biogaz.