Rotasu (lotus) au Ritsurin koen de Takamatsu (Shikoku)
"Ça et là, sur les bords de l'étang, et presque au niveau de l'eau, se voient de grandes pierres plates où s'arrêter, soit debout, soit assis, à considérer le monde lacustre ou suivre les plantes d'eau. De merveilleux nénuphars y laissent leurs feuilles huileuses flotter à la surface comme de brillants disques verts; puis ce sont des lotus roses, des lotus blanc de neige, des fleurs d'iris d'un violet de prisme qui courent tout le long du rivage, et, complétant le décor, des fougères, des mousses, des gazons.
Mais les lotus, surtout les lotus, partout, font de la pièce d'eau le coin le plus exquis. Rien de ravissant comme d'épier les phases successives de leur splendide épanouissement, depuis la première feuille qui s'entr'ouvre jusqu'à la chute de la dernière fleur.
C'est aux jours de pluie que cette plante est particulièrement curieuse à observer. Dans ses grandes feuilles, en forme de coupe, qui se balancent, altières, au-dessus des eaux, les gouttes s'amassent et demeurent; puis, lorsqu'lles ont atteint un certain niveau, la tige plie, se penche, et rejette tout, vidant sa feuille d'un bruit de flaque sonore. Elle se redresse, alors, et reprend sa position première.
La pluie qui tombe sur la feuille de lotus est un des sujets que se plaisent à répéter le plus souvent les travailleurs du métal japonais. Et le métal, seul, peut, en réalité, en reproduire l'effet : le mouvement, la couleur de l'eau glissant sur la surface verte oléagineuse affectant, précisément, la couleur et le mouvement exacts du vif-argent."
Lafcadio HEARN
"Le Japon inconnu : dans un jardin japonais"
Photos prises à Takamatsu, sur l'île de Shikoku, le 3 juillet 2011. Ce fut le seul jour pluvieux de mon séjour : judicieux hasard, car, comme le disait Lafcadio Hearn, que les lotus semblent heureux sous la pluie ;)