L’échec de la droite aux élections sénatoriales du Morbihan sanctionne certes une défiance envers les réformes gouvernementales mais surtout un manque de dialogue, un formalisme dans l’exécution qui ont creusé le fossé de l’incompréhension et que la présence sur le terrain des élus n’a pas su combler. Les grands électeurs ont aussi voulu faire comprendre que Paris doit aussi et surtout représenter la Bretagne rurale et des petites communes.
A l'heure des réseaux sociaux, d'Internet et des générations montantes qui arrivent avec leurs codes, leur vision des événements, la droite a offert un choix trop décalé. Ces mêmes générations à laquelle j’appartiens ont rangé au rayon "souvenir" la politique des années 1970, pratiquent la démocratie directe, la parité, la responsabilité aux jeunes comme des paramètres sociaux naturels.
Si Nicolas Sarkozy a un fardeau à porter c’est d’être trop moderne et dynamique par rapport à certains élus UMP qui vivent comme si Internet, les crises n’existaient pas ou pire, ne les touchaient pas. Les électeurs, qu’ils soient grands ou petits veulent des personnalités qui leur ressemblent, qui vivent, prennent en compte leurs difficultés, leur désarroi, leur isolement. Les électeurs choisissent des élus qui tracent une perspective, une voie de sortie de crise, les contours d’une société ouverte, dynamique et plus équitable. On répète que la fermeture (et le vote Front National) est une voie sans issue, mais que faisons-nous pour montrer la voie de l’ouverture ?
La stratégie d’union de la droite dès le 1er tour était une bonne stratégie si elle avait été menée jusqu’au bout en incluant des nouveaux talents, des femmes. On a fait du neuf devant, tout clinquant tout beau, les Jeunes Pop, les sites internet, la com branchée et moderne, avec derrière des méthodes d’arrière garde. Pour ces élections sénatoriales, notre stratégie a été trop sur la défensive et pas assez sur la conquête, l’envie de gagner. Le choix des candidats a été fait dans l’opacité, comme si l’ambiance des salons feutrés du sénat avait gagné le Morbihan. Si le ticket de la responsabilité, l’expérience était gagnant, il fallait à tout prix lui adjoindre l’appétit de la jeunesse comme la capacité de remise en question et de proximité que les femmes ont et entretiennent naturellement. L’UMP a une mine d’or de talents qui ne demandent qu’à essaimer.
Au lieu que le sénat gagne le Morbihan, c’est le Morbihan qui a gagné le sénat. C’est une bonne leçon pour l’UMP qui, je l’espère, saura choisir en collégialité des personnalités capables de rassembler au-delà des partis, de concentrer l’intérêt des électeurs comme de construire une voie nouvelle.