On va dire que je fais une
fixette sur cette pauvre Martine et qu’en l’accablant encore un peu plus, je
tire sur une ambulance…ce qui n’est pas bien du tout. D’autant que j’ai
également beaucoup de choses à reprocher aux autres candidats du PS.
J’en ai conscience, mais en fait, je crois avoir compris pourquoi Martine
n’est pas ma favorite au sein des candidats PS. C’est parce qu’elle incarne,
pour moi, un PS qui n’a pas bougé, le PS du projet de 2010, le PS des fausses
promesses, le PS du ridicule « care », le PS sectaire de Benoit Hamon, le
PS de Tonton, celui des années 80 (1980 pas 2080 !).
3 Informations récentes me confirment dans cette idée.
A l’occasion de déplacements en Normandie, Martine a rencontré les ouvriers,
les vrais, vous savez ceux qui travaillent dans les usines qui ferment les unes
après les autres pour un tas de raisons que les Socialistes n’ont toujours pas
comprises (mais ils ne sont pas les seuls).
Elle y a notamment affirmé avec force et véhémence aux syndicalistes
rencontrés que (je cite le journal
Les Echos) « si la gauche revenait au pouvoir en 2012, elle rendrait
les licenciements impossibles (en raison du coût) sur un site lorsque le groupe
qui en est propriétaire fait de bénéfices » !!!
Je vous le disais, elle nous ressort les vieilles recettes des années 80,
comme si l’interdiction de licencier pouvait régler la question du chômage, au
contraire, elle apparait plutôt contreproductive !!!!
Pour ceux qui sont intéressés, un avis
circonstancié de Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo sur le sujet.
Lors de ce même périple haut-normand, elle a également sorti précisément
ceci : « … je m'insurge contre l'Union européenne qui supprime 75
à 80% de ses aides qui s'élevaient seulement à 500 millions d'euros. L'Europe,
ce n'est pas cela, c'est la solidarité » !
Sur ce sujet, je ne vais pas vous écrire un roman, je vous renvoie
simplement à ce récent billet qui
explique tout et à mes conclusions personnelles. En tout état de cause, en
s’insurgeant contre l’Europe qui patati et patata, Martine Aubry utilise un
sujet beaucoup moins simple qu’elle ne le laisse croire, pour provoquer une
indignation facile contre l’Europe, cible idéale des politiques français en mal
d’électorat…et ça, ça m’énerve !
Enfin, dernier point, à mon sens le plus important.
Martine Aubry nous prétend qu’elle va pouvoir financer toutes ses promesses
et simultanément faire baisser drastiquement le déficit budgétaire, en
supprimant 50 milliards de « niche fiscales » qui auraient été
considérées dans un rapport de l'Inspection des finances, comme
inefficaces.
J’ai déjà, à plusieurs occasions,
exprimé des (gros) doutes sur les ressources nouvelles que l’on pourrait
obtenir de cette manière et j’en ai conclu assez facilement que, soit Martine
serait obligé de faire une croix piteuse sur un certain nombre de ses promesses
de campagne, soit qu’elle allait faire magistralement exploser les déficits de
la France.
Or, je viens de lire un excellent article sur
Slate.fr qui confirme ma pensée et décortique ce que recouvrent ces 50
milliards, je vous laisse le lire, c’est intitulé « Martine Aubry et le
mirage des 50 milliards de niches », c’est édifiant.
Je citerais simplement les 5 premières « niches » jugées
inefficaces par les auteurs du rapport dont s’inspire Martine :
- Prime pour l'emploi. Coût: 2,980 milliards
- Exonération de taxe d'habitation pour les personnes modestes et les
handicapés. Coût: 1,376 milliards
- Demi-part supplémentaire pour les parents vivant seuls avec des enfants à
charge. Coût: 1,440 milliards
- Exonération d'impôt sur le revenu des aides pour l'emploi d'une assistance
maternelle. Coût: 1,6 milliards
- Abattement de 10% d'impôt sur le revenu sur le montant des pensions et des
retraites. Coût: 2,7 milliards
Et il y en a encore plusieurs autres du même tonneau !
Elle aurait du lire le rapport, Martine, avant de s’engager à supprimer la
prime pour l’emploi ou l’exonération de la taxe d'habitation pour les personnes
modestes et les handicapés !
Sans compter que parmi ces 50 milliards, beaucoup de « niches »
apparaissent fortement surévaluées.
Bon, tout cela pour dire que, décidément, si je devais voter à la primaire socialiste, ce que je ne ferais pas, elle n’aurait pas ma voix. Pire encore, j’en viens à me demander pour qui je voterais si elle était face à Sarkozy au second tour de la présidentielle, c’est pour dire.