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Furuya, l’auteur de ces deux albums, se plaint un soir de ne pas réussir à trouver une idée pour son prochain manga lorsque surgit, après avoir cliqué sur «école», la séquence des mots suivants: «suicides de mineurs, drogue, violence scolaire, hallucinations, argent, sexe». C’est ainsi qu’il tombe sur «un site perso qui fait mal», le journal de Yôzô Ôba intitulé : «Je ne suis pas un homme», commençant par: «Il y a eu trop de honte dans ma vie » et s’ouvrant sur son album photo en trois portraits: Yôzô à 6 ans, l’ adorable enfant tout sourire d’une famille bourgeoise qualifié de «tête à claques»,Yôzô à 17 ans, «un super beau gosse», pensif, en costume très chic,Yôzô à 25 ans, voûté, vieilli, négligé, les cheveux trop longs, «un vrai zombi». C’est l’histoire de la déchéance de ce Yôzô qui nous est racontée ici.Il a tout pour réussir: richesse, beauté, intelligence, popularité. Il attire tout le monde et désarme toutes les jalousies possibles en faisant rire les autres. Sa beauté, son sourire, son charme, sa générosité lui valent la réputation de «mec cool» et lui attirent toutes les sympathies.Seulement voilà: une malédiction pèse sur lui: plus la chance lui sourit, plus il s’acharne à détruire son bonheur dans tous les domaines : sexe, amour, amitiés, études, famille, argent. Il sombre dans l’alcool, la drogue, la débauche, devient SDF, gigolo, tente de se suicider entraînant sa meilleure amie avec lui mais là encore il est le seul à échouer. On le sauve et c’est une honte de plus qui s’abat sur lui …Et ainsi de suite. Il connaît tous les malheurs du monde.. Curieusement ce héros manipulé et manipulateur qui se vit tour à tour comme un bouffon ou comme une marionnette, un raté qui n’aime qu’une seule chose dans la vie: le dessin, ce personnage aurait dû me faire fuir tant il est agaçant mais tout l'art de l'auteur fait qu'il a su le rendre très attachant et qu'on espère sans cesse qu'il s'en sortira et qu'un avenir meilleur l'attend. Les images sont crues, violentes quand il le faut. Ce récit secoue très fortement! Je n'aime pas la vie de cet être qui gâche tout parce qu'on ne lui a pas laissé choisir sa voie au départ: la peinture. (Devenir artiste était une déchéance sociale pour sa famille très aisée qui l'abandonne si vite à son mauvais sort.) Et pourtant j'ai finalement aimé ce diptyque au bout de l'horreur et de la folie et j'en suis la première étonnée.Je ne suis pas un homme, Usamaru Furuya (Casterman, 2009/2011, sens de lecture occidental, histoire inspirée d’un des chefs d’œuvre de la littérature du XXe siècle, La déchéance d'un homme de Osamu Dazai (1908-1948)
Participent aux BD du mercredi:
Arsenul, Benjamin, Choco, Chrys, Delphine, Didi, Dolly,Emmyne, Estellecalim, Hilde, Hérisson08, Irrégulière, Jérôme, Kikine, La Ronde-des-pos-it, Lire pour le plaisir, Lou, Lounima, Lystig, Mango, Manu, Margotte, Marguerite, Mathilde,Moka, Mo',Noukette, Pascale, Sandrounette, Sara, Soukee, Theoma, Valérie, Vero,Wens,Yaneck,Yoshi73, Yvan,Mr Zombi, 32 octobre,
Je participe aussi au challenge BD Pal sèches de Mo', au Top BDde Yaneck. (Note: 16 /20)