J'ai trouvé ça bizarre.
Tellement bizarre que j'avais envie de revenir sur le sujet.
Le (fameux ?) débat (?) "Madame", "Mademoiselle".
Je ne suis pas du tout anti-féministe, nan, mais franchement, ca m'a étonné. Je ne m'étais jamais posé la question en fait.
On m'appelait Mademoiselle avant et j'aimais ça à chaque fois.
On m'appelle aujourd'hui Madame presque à tous les coups, cela m'étonne à chaque fois et j'aime cela à chaque fois.
Mademoiselle... Madame...
C'est doux "Mademoiselle".
C'est léger, gentil, musical, et même respectueux.
Et pas moins ni plus léger, gentil, musical et respectueux que "Madame".
Tout dépend de qui prononce les mots.
Un "Mademoiselle" ou un "Salope" dans la bouche de certains hommes peut faire vomir tant ils exprimeront le mépris, le rabais.
Un "Mademoiselle" ou un "Salope" dans la bouche de certains hommes peut embraser les sens tant ils exprimeront l'attachement et la passion.
Pour certaines, préciser son statut marital dans des formulaires administratifs est une forme d'intrusion dans la vie privée. Je peux comprendre oui, mais je ne me sens pas du tout concernée par cela. La case mademoiselle ou madame m'importe peu - j'ai d'ailleurs souvent cocher l'une ou l'autre au hasard de mes envies, au hasard tout court.
Je suis plus gênée par des précisions d'ordre médical (à la banque pour un prêt par exemple) ou d'ordre financier. Chacun ses trucs. Et ces trucs-là ne gêneront pas d'autres.
Je pense qu'il ne faut pas se tromper de débat.
Il ne faut pas confondre "être égaux" et "être identiques".
Et puis ce débat sur ce madame/Mademoiselle m'a ramené à d'autres choses, il m'a fait penser à la Novlangue, langue inventée par Georges Orwell pour son bouquin "1984".
La Novlangue était destinée, non à étendre, mais à diminuer le domaine de la pensée, et la réduction au minimum du choix des mots aidait indirectement à atteindre ce but.
Parce qu'aujourd'hui, on cherche à cacher des mots derrière d'autres mots.
Il ne faut plus dire clandestin mais candidat à l’immigration (Figaro).
Il ne faut plus dire gitans, rôdeurs, monte en l’air, mais gens du voyage (tous les médias).
Il ne faut plus dire clandestin, immigré illégal, ni même sans-papiers, mais privés de papiers (La Dépêche)
Il ne faut plus dire discrimination positive mais encadrement différencié (Belgique).
Il ne faut plus dire quartier à majorité immigrée mais quartier populaire (tous les médias).
Il ne faut plus dire crimes, agressions, violences, mais plutôt actes de délinquance ou incivilités et encore mieux bêtises (Le Parisien) ou faux-pas (France 2). Récent : les inconduites (CNRS).
Il ne faut plus dire émeutes ou guerre des gangs mais incidents (partout).
Il ne faut plus dire immigration mais mobilité européenne (Frattini, commissaire européen).
Il ne faut plus dire immigré mais client (autorités finlandaises).
Il ne faut plus dire bandes mais identités de quartier. (LCI.fr).
Il ne faut plus dire des bandes de noirs et d’arabes mais des jeunes qui se regroupent souvent sur des considérations ethniques » (Belgique).
Il ne faut plus dire enfants d’immigrés mais enfants issus de familles d’éducations éloignées.
Il ne faut plus dire attraper les voleurs mais lutter contre les délits d’appropriation (Midi Libre).
Il ne faut plus dire des vauriens font des graffitis mais des graffeurs habillent la ville de couleurs.
Il ne faut plus dire un voyou notoire mais un individu défavorablement connu de la justice.
Il ne faut plus dire mosquée mais centre culturel et religieux.
Il ne faut plus dire fusillade mais bagarre par balles (TF1).
Il ne faut plus dire Français attaché à son Pays, à sa culture, à ses traditions et fier de son drapeau mais raciste. (*)
Il ne faut plus dire noir mais black.
Il ne faut plus dire femme de ménage mais technicienne de surface ou auxiliaire professionnelle.
Bientôt il ne faudra plus dire "Mademoiselle" mais "Madame".
Et bientôt il ne faudra plus dire "Madame" mais "Monsieur".
(*) Source : extrait du journal Présent n° 7418 du 25 août 2011