L’association « Osez le féminisme » a le chic pour déclencher des polémiques qui font du buzz. A croire que ses militantes ont le don d’appuyer sur des talons d’Achille, des sujets qui ont l’air de rien, de détails, mais qui renvoient à un ensemble plus vaste et qui s’avèrent très douloureux.
Cette fois-ci la campagne s’appelle « Mademoiselle, la case en trop ! » Et du coup le hashtag #mademoiselle fait un tabac sur Twitter : 2e place des tendances en France, au dessus de #grève !
Exactement de la même manière que pour la campagne Osez le clitoris, les réactions les plus virulentes viennent de femmes et les arguments avancés sont proches : « c’est pas important », « n’y-a-t-il pas de combat plus essentiel », « et pendant ce temps dans la corne de l’Afrique ou en Arabie Saoudite… », etc. Certaines se sentent même attaquées dans leur droit de se faire appeler « mademoiselle ». Que leur dire ?
Qu’avec cette campagne, il ne s’agit pas d’interdire à qui que ce soit – comédienne attachée aux traditions théâtreuses, jeune femme soucieuse d’afficher sa fraicheur – de se faire appeler ainsi. Pas plus qu’il ne s’agit d’interdire au premier buraliste venu d’appeler « mademoiselle » la jeune fille de 15 ans qui vient lui acheter des bonbons – euh pardon… des cigarettes – ou au pilier de bistrot du coin de qualifier ainsi sa serveuse préférée. Je dis ça pour ceux et celles qui seraient tentés, comme la dernière fois, de venir s’écharper ici…
Non. Cette campagne a pour moi deux objectifs. D’abord, faire prendre conscience du caractère condescendant, intrusif, en un mot sexiste de ce qualificatif, en apportant au passage tout un tas d’infos. Ensuite et surtout, lancer un mouvement de mise en conformité des formulaires et autres fichiers avec la loi, loi qui ne date pas d’hier mais d’avant-hier – circulaires de 1967 et 1974 ! – comme je l’évoquais dans un billet précédent. Les mentions « mademoiselle », « nom de jeune fille », « nom marital », « épouse de », etc… n’ont rien à faire sur un formulaire. Nom, prénom, madame ou monsieur devraient suffire. Et ce n’est pas très compliqué à faire.
Voilà. Pas de quoi s’affoler outre mesure. Pour ma part je ne vais pas en faire un fromage si on m’appelle mademoiselle : ça me changera de monsieur
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