Je vous vois déjà. C’est quoi ce truc ? Ca sent la grosse production et la récupération commerciale. Même déesse Nova a choisi "I’m so sorry" et la passe en boucle depuis des mois. Il y a aussi ceux qui ressortent la même rengaine avant même d’avoir écouté : "le premier album était mieux". D’autres qui pensent que des freluquets en culotte courte et banane 50’s sur la tête ça ne sera pas leur truc. A tous je n’ai qu’une chose à dire : écoutez ce disque. Une fois. Deux fois. Trois fois. Et tous, hommes, femmes, vieux, punks, hipsters, le disquaire du coin ou votre grand-mère, seront accros à ce Smoking In Heaven, disque transgenre de l’année.
Pour les retardataires, Kitty, Daisy & Lewis font partie de la fratrie Dhuram et n’ont sans doute pas soixante ans à eux trois. Ils viennent de Londres et on peut dire que c’est leur troisième album. Particulièrement présent, Papa est producteur, collectionneur et grand amateur devant l’éternel de musique. Les rejetons, bercés depuis la plus tendre enfance au rockabilly, au swing, au blues, au ska et au piano bar ont repris le flambeau et se sont créés un univers. Reprenant tous les genres sus-cités et arrosant le tout d’un groove incroyable, ils livrent un album énorme et plein jusqu’à la gueule.
Treize titres, treize bombes. "Tomorrow", où ska et cuivres s’invitent sur un son impeccable, chaud et spacieux. Lewis Dhuram, souvent au chant apporte sa voix motown. "Will I ever" et c’est un parfait blues contrebasse, instrument qui marque le rythme tout le long du disque. Avec solo de guitare vintage pour le coup. Arrive ensuite le premier monstre de l’album. "Baby don’t you know", qui démarre doucement et qui d’un coup d’un seul prend ses jambes à son cou et galope sur un duo contrebasse guitare emporté par des paroles répétitives, autre particularité de leur style. Le final à l’orgue est monumental.
Les morceaux s’étirent et laissent parler les instruments chez Kitty, Daisy & Lewis. Il y a clairement une grande maîtrise des instruments, une joie énorme de jouer ensembles, et derrière un son peaufiné aux petits ognons par Papa, qui non content d’enrober le tout, invite dans le studio quelques grand noms du genre, aux cuivres notamment. Et puis "I’m going back" ou le swing incarné. Des breaks, des soli, des parties instrumentales, cette musique est riche. Derrière on a du boogie, et pourtant le disque continue d’être on ne peut plus homogène. "Messing with my life", et un tube de plus. Et puis "What quid ?" longue plage instru qui semble reprendre le "John Lee Hooker" de Johnny Rivers. Et puis merde, il n’y a de toute façon que des tubes sur ce disque, à quoi bon vous les énumérer quand il suffit de l’écouter pour en être convaincu. Bravo !
En bref : pouah, un trio londonien cultivé assume son style vintage et balaye large la palette de tous les sons qui font kiffer, avec une bonne humeur et une maîtrise sans défaut, sur des chansons déjà cultes. Note maximale.
Leur site officiel
"Baby don’t you know" et "I’m so sorry" :