À Tourcoing, l’association « Parce que des hommes y vivent » s’investit, depuis 2006, auprès des personnes souffrant de maladies mentales ou neurologiques. Elle héberge ainsi huit personnes et leur offre bien plus qu’un toit, dans la communauté Maryem Ana… Mais ses responsables se heurtent à l’autorité psychiatrique du secteur…
La communauté Maryem Ana fêtait ses cinq ans autour d’un barbecue, mardi dernier, en présence de nombreux partenaires
« La vie communautaire proposée chez nous, une présence constante jour et nuit, grâce à l’engagement bénévole d’une équipe de cinq personnes, l’accompagnement de tous les instants dans les gestes du quotidien (toilette, préparation des repas, ménage, lessive, repassage), les activités à l’extérieur – en paroisse (groupe amitié partage), à travers le GEM de Tourcoing (Groupe d’entraide mutuelle) ou dans les associations du quartier – sont autant d’élément qui, conjugués aux soins médicaux et à l’accompagnement social du secteur, valent à chacun de se stabiliser, de retrouver petit à petit goût à la vie et de reprendre pied », témoigne Martina Partöes qui, avec son mari François, assure une présence permanente dans la communauté Meryem Ana, installée rue de Wailly à Tourcoing.
Le Dr Jean-Louis Bourey, psychiatre à l’EPSM de l’agglomération lilloise, salue « le travail de réinsertion, de resocialisation » mené par l’association, ce qui permet aux patients de « trouver un lieu de vie avec des affects, de retrouver petit à petit des repères ». Autre témoignage, celui du Dr Thierry Piquet, psychiatre lui aussi : « Des patients atteints de troubles mentaux graves, d’un handicap important et de perte d’autonomie ne sont pas capables de vivre seuls dans un appartement et l’on manque cruellement de lieux de vie comme ici ».
Vif désaccord
Ces témoignages élogieux mettent du baume au coeur de François et Martina Partoës, d’autant qu’ils sont opposés à l’autorité psychiatrique du secteur, le Dr Catherine Thévenon, chef du pôle G 16 (unités tourquennoises de psychiatrie Tourcoing Nord/Neuville-en-Ferrain). Celle-ci a remis en question l’hébergement dans leur communauté d’une patiente qu’elle voulait voir retourner sur le secteur où elle avait été prise en charge à l’origine, celui de l’EPSM de l’agglomération lilloise. Un drame, selon le psychiatre de la patiente : « C’est une personne très fragile, souffrant de problèmes d’addiction et que l’on avait sortié de la rue, à Lille. On lui a dit « Vous êtes indésirable chez nous, à Tourcoing ». Elle ne l’a pas encaissé. Elle était dans la communauté Maryem Ana depuis vingt et un mois. Tout ce qui avait été construit a été mis par terre ».
Depuis, une solution a été trouvée pour cette patiente. Difficilement… Mais Martina Partoës et son mari François n’ont pas accepté la décision du Dr Thévenon, qu’ils considèrent comme un diktat inadmissible, ce que souligne Martina : « Elle nous a écrit que son secteur ne prendrait plus en charge à quelque titre que ce soit les malades que nous accueillons chez nous, dès lors qu’ils arriveraient de Lille ou d’ailleurs. Elle oublie juste qu’il existe des lois qui donnent droit aux majeurs protégés de choisir leur lieu de résidence… Ce qui induit qu’ils trouvent sur place les soins dont ils ont besoin. Dans la loi de 2002, le malade choisit son praticien et l’établissement hospitalier où il veut être soigné.
» Malgré nos appels répétés, nous n’avons pu obtenir le point de vue du Dr Thévenon. •
BRUNO DERAM
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