Chronique Septembre 2011

Et voici votre chronique préférée, celle de Jérôme Pellistrandi sur l'actualité géostratégique du mois. Mille mercis à lui. O. Kempf

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Ouf ! La Libye a assez bien fonctionné. Les efforts engagés depuis le mois de mars ont finalement payé, même si cela a été plus difficile que prévu. L’OTAN se félicite du résultat, même si le bilan des nations engagées dans cette opération n’est guère brillant. La France et le Royaume Uni ont été en première ligne avec des appuis réels venant de Belgique, du Canada, de Norvège et du Danemark. Les Etats-Unis, en retrait, ont pris leur part, tandis qu’il est amusant de voir d’autres états-membres se rallier avec l’enthousiasme de la vingt-cinquième heure à la victoire finale. Les « lessons learned » risquent d’être passionnantes et pas toujours politiquement correctes.

En Afghanistan, l’été a été meurtrier et notre pays paye le prix du sang en espérant qu’une solution politique puisse enfin se dégager sans pour autant effacer les efforts faits depuis une décennie au profit de populations locales épuisées par des années de guerre mais pas toujours très loyales. Ami le jour, ennemi la nuit. 11 septembre 2001- 11 septembre 2011 : une décennie de bouleversements stratégiques dont l’histoire retiendra l’instabilité chronique et l’aggravation des difficultés. Des certitudes avec la montée en puissance de l’Asie, le déclin de l’Europe et la tentation du repli pour les Etats-Unis. Des questions dont le Printemps arabe en souhaitant que l’automne arabe soit celui de la consolidation de la démocratie, le retour ambigu de la Russie et les ambitions nucléaires de l’Iran. Un pressentiment, le retour des nationalismes…

Etats-Unis :

• Une page majeure a été tournée au début du mois de juillet avec le dernier lancement d’une navette, Atlantis. Le 135° vol d’un Shuttle venait clôturer une aventure entamée en avril 1981 qui a connu le succès, mais également deux drames avec l’explosion en vol de Challenger en 1986 puis de Columbia en 2003. Le retrait des navettes pose désormais un problème stratégique pour les Américains qui doivent passer par les vaisseaux Soyouz de la Russie pour poursuivre l’exploitation de la station spatiale internationale. C’est de facto une certaine revanche pour Moscou qui dispose de ce monopole au moins jusqu’en 2015, en attendant l’entrée en service du futur système spatial américain. La construction de la nouvelle capsule Orion n’a débuté qu’en ce début septembre.
• Face à la crise financière et économique, la réduction du budget militaire est désormais inéluctable et les annonces parcellaires révèlent que les choix ont été faits. Ainsi, fin août, le Pentagone a indiqué une réduction des personnels civils de l’US Army d’ici octobre 2012 avec la suppression de 8700 postes. Le nombre de brigades pourrait également diminuer. Ainsi, sur les 45 Brigade Combat Teams (BCT) d’active aujourd’hui, 10 pourraient être mises en sommeil. Actuellement, l’US Army dispose de 73 BCT, 45 d’active, 38 de réserve. 27000 postes militaires seront également supprimés à partir de 2015, lors du désengagement du théâtre afghan. L’US Navy envisage également de réduire le nombre de ses porte-avions, de 12 à 11. Pour l’US Air Force, il est proposé une réduction de la flotte de transport stratégique qui passerait de 316 avions gros porteurs à 301. Le gain serait de 1,2 Milliard de dollars.
• Tirant les leçons de l’Irak et de l’Afghanistan pour le transport par hélicoptères, l’US Army a engagé avec Boeing l’étude pour la rénovation de ses hélicoptères lourds CH 47 Chinook. L’objectif serait de les faire voler jusqu’en 2040. Le prototype avait volé en septembre 1961. L’allongement de la durée de vie des matériels est une pratique très courante pour les armées américaines, dans la mesure où les équipements ainsi prolongés ne sont pas ceux produits initialement mais plutôt en fin de chaîne. L’avion de transport C 130 ainsi est toujours en production, plus de cinquante ans après son premier vol et des appareils comme le B 52 sont prévus voler jusqu’en 2040.

Russie Le premier ministre, Wladimir Poutine, a annoncé un vaste plan de modernisation de la marine avec 114 milliards d’euros d’ici 2020. Si ce chiffre semble peu réaliste, de nouveaux programmes ont effectivement été lancés récemment comme les BPC achetés à la France et dont il semble que le contrat pour les options 3 et 4 pourrait se concrétiser d’ici la fin de l’année. En août, 3 nouvelles frégates ont été commandées ainsi que 3 sous-marins du type Kilo.

Chine

• Le premier porte-avions Shi lang a fait ses premiers essais à la mer le 11 août. Certes, il s’agissait d’une navigation plutôt symbolique, mais celle-ci était porteuse des nouvelles ambitions maritimes de Pékin. L’effet n’était pas que médiatique, même si le temps estimé nécessaire pour que la marine chinois maîtrise l’outil aéronaval serait autour de la décennie. Il n’en demeure pas moins que ce jalon est important dans le cadre de l’expansion de la puissance militaire chinoise. La coque avait été rachetée à l’Ukraine pour un montant de 20 millions de dollars sous le prétexte de le transformer en casino flottant.
• Au cours de l’été, plusieurs amiraux ont publiquement déclaré que leur pays avait besoin de 3 porte-avions pour se défendre face à l’Inde et au Japon.

Inde

• Il en est de même pour la marine indienne qui redouble d’efforts pour entamer d’ici cet automne les essais à la mer de son porte-avions, également d’origine soviétique.
• La construction des sous-marins Scorpène construits avec l’aide de la France a été remise sur les rails cet été après de nombreuses difficultés liées à la nécessaire restructuration des chantiers navals qui avait été sous-estimée. La mise à l’eau du premier exemplaire est prévue pour 2015. Ce type de problèmes devient récurrent dans la mesure où ces nouveaux équipements sont beaucoup plus complexes et imposent une main d’œuvre et un socle industriel plus compétent que par le passé.
• Les coûts de production du matériel « made in India » semblent connaître une forte hausse comme l’indique l’information récemment fournie sur le char de bataille Arjun MK II actuellement en production. Celui-ci est estimé à 8,2 millions d’euros l’unité. A titre de comparaison, l’AMX Leclerc serait autour de 9,3 millions (hors développement).
• Après des années de négociations, Dassault aviation et Thales vont moderniser 51 Mirage 2000H commandés en 1982. Les discussions avaient débuté en 2008. Ce contrat de plus de 1,5 milliards d’euros tombe à point nommé pour les deux industriels français, en attendant peut-être une réponse positive au méga contrat portant 126 chasseurs pour lequel le Rafale est en concurrence avec l’Eurofighter.

Afrique

• L’Afrique du Sud a décidé de moderniser sa marine et vient de lancer un appel d’offre pour l’acquisition et la construction de nouveaux navires. Sont prévus 3 corvettes, 6 patrouilleurs côtiers, 2 navires de soutien et 3 navires de transport. L’objectif est de pouvoir assumer un rôle régional plus important, d’autant plus que l’extension de la piraterie maritime constitue aussi une menace pour l’Afrique. Le constructeur français DCNS a d’ailleurs signé un contrat de partenariat avec un chantier sud-africain pour pouvoir répondre à ces projets.
• Simultanément, Pretoria a annoncé le lancement de sa Review of Defence Policy. Le dernier livre blanc datait de 1998 et ne répondait plus au contexte géostratégique actuel. Parmi les sujets qui seront pris en compte, figurent la piraterie maritime et la sécurité des frontières face à une immigration venant du Nord. Le budget de la défense est actuellement autour de 5,4 milliards de dollars et pourrait augmenter.

Défense dans le monde

• Le Brésil poursuit ses efforts de modernisation de ses armées avec l’engagement concret de la construction de ses futurs sous-marins de la classe Scorpène en s’appuyant sur l’aide de la France. L’accord avait été signé en 2009. La première tôle du premier bâtiment a donc été découpée le 15 juillet en présence de la Présidente du Brésil et du ministre français de la défense. L’admission au service actif est prévue en 2017. Les trois autres seront livrés d’ici 2021. L’autre grand projet parallèle est la construction du premier sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), là encore avec l’appui français pour une mise en service en 2023. L’essor de la sous-marinade brésilienne s’inscrit pleinement en phase avec les nouvelles ambitions de Brasilia. Avec ce SNA, le Brésil sera le septième pays à posséder ce type d’armement. Par contre, le dossier de l’avion de combat, pour lequel le Rafale est candidat, ne semble pas avoir beaucoup progressé d’autant plus que les Etats-Unis font tout pour faire échouer l’appareil français. La décision sur le futur chasseur a d’ailleurs été repoussée au début de 2012.
• Le Pakistan a entamé des négociations avec Washington pour la fourniture de 18 avions de combat F 16 Block 52, illustrant ainsi toute l’ambiguïté de sa situation stratégique. Islamabad est à la fois un allié mais aussi un risque potentiel. Il semble que l’option américaine vise à conforter la puissance militaire pakistanaise pour éviter de voir les généraux du pays basculer dans une opposition islamiste aux intérêts américains.
• Fin juillet, dans la torpeur estivale, l’Algérie a commandé un bâtiment de débarquement et de soutien logistique auprès des chantiers italiens Fincantieri. Ce navire donnera à la marine algérienne de nouvelles capacités de projection stratégique et souligne également le rapprochement entre Alger et Rome sur le plan militaire.
• Le Maroc a reçu début août les 4 premiers avions F 16C commandés aux Etats-Unis, au grand dam de Paris qui espérait y placer le Rafale.
• Israël a engagé les études autour du successeur du char Merkava. Le Merkava a été lancé dans les années 70 et la dernière version, le MK 4, est entré en service en 2003. Pour Tsahal, il reste indispensable d’avoir un engin de combat puissant et mobile, tirant ainsi toutes les leçons des engagements passés et actuels, notamment face à la guérilla du Hezbollah bien doté en armes anti-char.
• La Turquie poursuit également la modernisation de ses forces avec la livraison prochaine des premiers hélicoptères d’attaque T 129 construits avec l’aide d’Agusta-Westland. Un autre projet concerne les sous-marins, dont un des objectifs d’Ankara est de gagner des marchés à l’exportation, se positionnant comme un nouveau challenger.
• Le Vietnam a reçu sa deuxième frégate de la classe Gepard livrée par la Russie. La première avait été livrée en mars dernier. Ces navires ont une longueur de 102 m pour un déplacement de 2100 tonnes. Hanoï renforce ses capacités maritimes auprès des chantiers russes et se prépare à recevoir 6 sous-marins du type Kilo, espérant ainsi contrôler l’expansionnisme chinois croissant autour des îles Paracel.
• L’Australie connaît quelques turbulences dans son outil militaire. Cet été, il a été décidé le retrait prématuré de son navire amphibie LPA Kanimbla. Le coût était trop élevé pour une remise à niveau alors que le retrait du service est prévu dans trente mois au moment de l’arrivée des nouveaux porte-hélicoptères commandés en Espagne. De la même façon, il n’est pas exclu de racheter de nouveaux avions de combat F 18 au cas où le retard du programme du futur chasseur polyvalent F 35 s’accentuerait. Les Australiens ne souhaitent pas baisser la garde notamment face au nord où la montée en puissance de la Chine inquiète.
• Singapour a reçu le premier sous-marin racheté à la Suède dans le cadre d’un marché passé en 2005. Le bâtiment a bénéficié d’une refonte complète avec la mise en place de l’AIP (Air Independent Propulsion) et l’adaptation à des mers chaudes. Un deuxième sous-marin doit rejoindre l’île-capitale. Ce renforcement de la capacité sous-marine singapourienne s’inscrit dans un mouvement de réarmement touchant l’Asie du sud-est. D’autres états sont engagés dans le même processus : le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie et la Thaïlande.
• Le Chili a reçu l’ensemble des 18 chasseurs F 16 rachetés d’occasion aux Pays-Bas. A peu de frais, l’armée de l’air chilienne a pu se moderniser, permettant au Chili de ne pas « décrocher » stratégiquement face aux concurrents argentins et brésiliens.

Défense en France

• Le 4 juillet, l’avion de combat Rafale a fêté le 25° anniversaire de son premier vol effectué en 1986 à Istres. Si l’avion prouve au quotidien sa valeur opérationnelle, les efforts pour l’exporter sont encore vains. Il est à souhaiter que les résultats obtenus en Libye convainquent les acheteurs potentiels.
• D’ici la fin de l’année, le Livre blanc sur la sécurité et la Défense nationale va faire l’objet d’une révision prenant en compte les évolutions stratégiques récentes, notamment la crise économique qui frappe l’Europe, ainsi que le retrait progressif d’Afghanistan. L’Afrique revient aussi au cœur des priorités, tandis que la sécurisation des ressources devient un enjeu majeur, le tout dans le cadre d’un repli budgétaire drastique. Un exercice où les équations posent la quadrature du cercle, sans les solutions !

Armée de terre

• L’équipement en Petits Véhicules Protégés (PVP) va se poursuivre avec une nouvelle commande de 200 engins passée en septembre. En 2004, 933 PVP avaient été commandés à Panhard et les livraisons sont toujours en cours. La nouvelle tranche sera disponible à partir de 2012. Le PVP a fait ses preuves en OPEX, au Liban et en Afghanistan.
• Conçu à l’époque de la Guerre froide pour neutraliser les blindés soviétiques, le Lance Roquettes Multiples (LRM) va connaître une nouvelle jeunesse dans le cadre du programme Lance Roquette Unitaire. 13 engins seront modifiés par l’industrie allemande et livrés à partir de 2014. Le LRU pourra ainsi lancer une roquette dont la portée pourra atteindre 70 km. La précision de la nouvelle roquette sera de l’ordre du mètre permettant le traitement d’objectifs importants.
• Les Forces françaises du Cap Vert ont changé de statut et sont devenues les Eléments Français au Sénégal (EFS). La diminution du détachement a entraîné la dissolution du 23° BIMA.

Marine

• Le troisième Bâtiment de Projection et de Commandement Dixmude est arrivé cet été à Toulon. Il sera opérationnel début 2012, entraînant de facto le retrait du service du TCD Foudre. Celui-ci vient de subir une opération de remise à niveau dans la perspective de sa vente vers un pays d’Amérique latine.
• Le troisième SNA, dont la construction a débuté fin juin s’appellera Tourville. L’admission au service actif de ce SNA est prévue en 2022. Le programme Barracuda prévoit 6 SNA, dont désormais 3 exemplaires sont en chantier à Cherbourg. La campagne libyenne a une nouvelle fois illustré l’importance du SNA même si par nature, celui-ci n’est guère médiatisable.
• La partie avant –construite à Brest- de la frégate FREMM Normandie a été livrée à Lorient début septembre, permettant le début de l’assemblage final. Ce sera la deuxième FREMM pour la marine.
• Après plusieurs mois de refonte par les chantiers Piriou à Concarneau, le patrouilleur Le Malin a rejoint la Marine pour être affecté dans l’océan indien, à la Réunion. Ce navire, un ancien palangrier, avait été saisi en 2004 suite à des actions de contrebande. Remis à neuf et avec un armement léger constitué de mitrailleuses de 12,7mm, il va renforcer, pour un prix raisonnable, le dispositif français autour de la Réunion.
• L’hélicoptère NH 90 est enfin devenu une réalité dans la marine avec la création du premier détachement à Lanvéoc mettant en œuvre le « Caïman ». Le premier appareil est arrivé en Bretagne début septembre. La mise en service opérationnelle est prévue à la fin de cette année. Le NH 90 remplace le Super Frelon.

Armée de l’air

• Les réseaux de télécommunications et informatiques des bases aériennes vont faire l’objet d’une modernisation via un contrat de partenariat avec Alcatel-Lucent pour une durée de 16 ans et un montant de 350 millions d’euros. Ce type de contrat préfigure les évolutions futures des systèmes de communications des armées.
• La base de Reims a fermé ses portes après 83 années d’exploitation. Les derniers Mirage F1 CR ont quitté définitivement la BA 112.

Gendarmerie

• Le nouveau siège de la Direction générale devrait être livré à la fin de cette année sur le site du fort d’Issy les Moulineaux.
• Dans le cadre de la réforme de la garde à vue, 2230 sites ont été dotés de nouveaux équipements de sécurité comme des détecteurs de métaux. Des systèmes de visioconférence doivent également équiper les brigades les plus éloignées des tribunaux.
• Grâce aux saisies judiciaires, des véhicules « haut de gamme », comme une Audi Q7 ou un Volkswagen Touareg peuvent désormais doter les unités spécialisées. Cela permet aussi d’élargir la gamme de moyens banalisés pour lutter contre la grande délinquance souvent mieux équipée.

Service de Santé des Armées

• Début juillet, l’Ecole de Santé des Armée (ESA) a été crée à Lyon Bron à la suite du regroupement des écoles de Lyon et de Bordeaux. L’ESA accueille 794 élèves cette année.
• La rénovation de l’hôpital d’instruction des armées Bégin à Saint-Mandé a été poursuivie avec l’inauguration cet été de la nouvelle aile sud. Celle-ci accueille le service des urgences, le service des maladies infectieuses et tropicales ainsi que la maternité. Celle-ci effectue environ 900 accouchements par an. Le soutien sanitaire aux OPEX est une priorité avec environ 200 militaires rapatriés sanitaires et traités à Begin tandis qu’une soixantaine de personnels de l’HIA part sur les théâtres extérieurs chaque année.
• Un deuxième kit Morphée a été livré cet été au SSA. Ce kit permet d’équiper un avion C 135 pour des évacuations sanitaires massives. Basé à Istres, il est installé en moins de douze heures. Depuis 2008, Morphée a déjà été utilisé à trois reprises.
• Le SSA a constaté une augmentation importante des cas de paludisme en Guyane depuis le début de l’année.
• La question de la menace NRBC-E a pris depuis plusieurs années une importance remarquée. Outre la création d’un Master NRBC-E conduit annuellement par l’Ecole du Val-de-Grâce, une journée d’information est désormais organisée tant au profit des professionnels que des journalistes. La deuxième édition a permis également de démontrer la synergie entre le SSA et la BSPP.

Sécurité

• Début septembre a été créée au Ministère de l’Intérieur la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises afin de mieux coordonner planification et conduite des opérations sur le territoire national.
• Le budget 2012 verra la suppression de 3000 postes au Ministère de l’Intérieur. Cela impliquera le transfert de certaines missions soit vers d’autres ministères, soit vers le secteur privé. Ainsi, les transfèrements de détenus devront être pris en charge par le Ministère de la Justice. L’escorte des convois exceptionnels sera quant à elle privatisée.
• La décision britannique unilatérale de retirer pour des raisons budgétaires ses moyens d’assistance en Manche oblige le transfert d’un remorqueur de haute mer du Golfe de Gascogne vers le Pas de Calais.
• La Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) a confié au chantier breton Sibiril Technologies situé à Carantec la construction du prototype de son futur canot
• tout temps (CTT). D’une longueur de 17,80m, ce CTT sera déployé fin 2012 sur l’île de Sein. Le programme envisagé porte sur 40 CTT à construire durant les 25 prochaines années. La SNSM est un des acteurs majeurs de la sécurité en mer et contribue directement à l’action de l’Etat en mer.
• Pour renforcer les capacités de lutte contre les feux de forêt, l’hydravion russe BE 200 a à nouveau été testé cet été. En 2003, il avait déjà été expérimenté.

Industries de défense

• La frégate du type FREMM destinée au Maroc a été mise à l’eau à Lorient à la mi-septembre. Le Mohammed V est la deuxième FREMM en construction, après l’Aquitaine, tête de série. Le navire sera livré à la marine marocaine au printemps 2013. Ce sera alors le plus gros bâtiment du royaume chérifien.
• DCNS a passé un accord avec un chantier sud-africain dans le cadre du programme de 14 patrouilleurs. DCNS espère ainsi exporter son savoir-faire avec son nouveau produit, l’OPV Adroit dont la construction s’achève et qui sera confié à la marine d’ici la fin de l’année.
• Le programme de l’avion de transport A 400 M se déroule de façon nominale avec la barre des 2000 heures d’essai franchies en août. Le premier vol du premier prototype avait eu lieu en décembre 2009. Le cinquième prototype doit décoller à la fin de cette année. L’assemblage du premier appareil de série –destiné à la France- doit bientôt débuter à Séville.

Royaume-Uni

• Malgré la baisse drastique de l’effort de défense, Londres a engagé certains nouveaux programmes. Ainsi, un contrat de 1,7 milliard de dollars – incluant cinq ans de maintenance- a été passé auprès de Boeing pour l’acquisition de 14 nouveaux hélicoptères de transport lourds CH 47. Ils viendront compléter la flotte actuelle et remplacer 2 CH 47 détruits sur le théâtre afghan. Au total, 60 CH 47 seront en parc, à l’issue des livraisons prévues entre 2013 et 2017. Cette capacité sera alors unique en Europe.
• La Royal Air Force a reçu son premier avion ravitailleur Airbus A 330-200. Il s’agit d’un contrat public – privé avec une filiale d’EADS. 12 appareils sont concernés dont 7 en permanence au profit exclusif des besoins britanniques. Le début opérationnel est prévu à partir de 2015.
• Le quatrième destroyer de la classe 45, le HMS Dragon, a été livré à la Royal Navy. A vocation antiaérienne, deux autres frégates sont en construction.
• La construction du porte-aéronefs Queen Elizabeth se poursuit avec une nouvelle étape spectaculaire visant à transférer le tronçon central de 8000 tonnes du futur navire d’un chantier situé sur la côte est de l’Ecosse vers la côte ouest. En fait, pour préserver l’emploi, six chantiers sont concernés au prix d’un Lego industriel très complexe et donc très coûteux. Par ailleurs, la question de sa transformation en porte-avions avec catapultes reste posée.

Défense européenne et OTAN

• En 2012, l’Allemagne maintiendra son effort de défense avec 31,7 milliards d’euros, soit une hausse de 133 millions. Cependant, la tendance sera à la baisse puisque la cible a été fixée à 30,4 milliards pour 2015. Le budget consacré aux Opex, principalement l’Afghanistan, sera de 1,08 milliards.
• L’Italie a procédé à la mise à flot de sa première frégate du type FREMM, construite en coopération avec la France. Cette frégate sera admise au service actif en 2012. 9 autres FREMM devraient suivre. Cependant, la commande italienne pourrait être revue à la baisse pour des raisons économiques.
• L’Espagne a reçu son premier navire d’action en mer (Buque de Acción Maritima – BAM). Ce type de navire, d’une longueur de 94 m et d’un déplacement de 2575 tonnes, doit permettre de conduire différents types de mission, sans pour autant avoir des capacités de combat de premier rang. 13 navires sont prévus et le quatrième BAM a été mis à l’eau en avril. Cette évolution de la construction navale s’inscrit dans la recherche de la réduction des coûts mais limite de facto les ambitions militaires au profit d’une approche plus orientée vers la sécurité et le contrôle des côtes.
• La Pologne va moderniser 16 avions de combat Mig 29 pour les faire durer jusqu’en 2030. Le coût de ce programme entièrement conduit par l’industrie polonaise sera de 44,5 millions de dollars. Cette prolongation reste plus abordable que l’achat d’appareils neufs.
• A l’inverse, la République Tchèque risque, faute de budget suffisant, de perdre d’ici 2014 ses capacités aéronautiques avec la fin de ses avions de chasse supersoniques. Actuellement, Prague loue des chasseurs Gripen à la Suède.
• La Suisse envisage de prolonger sa flotte de chasseurs F 5 Tiger II. 90 appareils avaient été achetés à la fin des années 70. De ce fait, le projet d’achat de nouveaux chasseurs pour lequel le Rafale était candidat, semble ajourner sine die.
• L’Europe est désormais engagée dans un processus irréversible de désarmement et de désengagement stratégique. La « léthargie stratégique » risque d’être longue, d’autant pus qu’elle correspond aux aspirations d’une opinion publique plus soucieuse de sécurité que de participation à la conduite des affaires du monde. De plus, la crise financière a un impact direct sur les capacités de défense avec la litanie d’annonces de réduction des budgets militaires. Certes, sur le papier, les chiffres restent importants en termes d’effectifs et d’armements. Mais la réalité opérationnelle, au révélateur de la Libye, est autre. Rares sont les nations ayant encore un outil militaire cohérent et réellement opérationnel. Les mois à venir, marqué du moins pour la France par la campagne électorale, seront éclairants sur l’avenir. Un des risques majeurs pour notre pays serait qu’une baisse de notre effort de défense se paiera par un déclassement stratégique. En effet, nous avons une responsabilité majeure en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Cela nous impose de devoir accepter cette confiance comme l’a montré notre engagement au profit des populations libyennes. Cela a un coût. En dessous d’une certaine « masse critique », serons-nous capables de conserver ce siège, alors que d’autres puissances émergentes peuvent revendiquer à juste titre une part accrue dans la conduite des affaires du monde ? Question importante, mais électoralement peu porteuse d’intérêt. Dommage…

• This summer was focused on two main topics: the war in Libya and the financial crisis in Europe, with bloody Afghanistan in the background.
• Despite the tactical success against Khadafi and his troops, the decline of Europe is obvious today. The centre of gravity of the world is moving faster to Asia and the Pacific area with new challenges like the competition between China and India.
• The next months will be dominated in France by the debates for the presidential campaign. The question is to know if France would have the capabilities and the willing to maintain the effort on defence. The permanent seat at the security council of the UN has a price. New emerging powers could ask for a better position instead of the “old Europe” and France is now on the frontline.

Jérôme Pellistrandi

Sources

• Air et Cosmos
• Le Marin
• Cols Bleus
• Mer et Marine
• Portail des sous-marins
• Janes''