Journée nationale de l'école buissonnière

Par Antoni

Quelque part dans un monde parallèle.

6 H 21 : le réveil sonne.

"Bonjour, mon amour !

- Bonjour, chérie.

- Bien dormi ?

- Humm, pas vraiment.

- Ah ! Et pourquoi ?

- Bah, c'est la journée nationale de l'école buissonnière, aujourd'hui. Du coup, je ne sais pas si je vais avoir beaucoup d'élèves...

- Ah oui, c'est vrai.

- Je vais préparer toutes mes affaires. Au programme, c'est simple : j'ai cours avec les 6ème, les 5ème, les 4ème et les 3ème. Tout le monde, quoi !

- Et s'ils ne viennent pas ?

- J'aurais pris mes affaires pour rien.

- Si tu le sais, pourquoi tu prends tout ?

- Je ne sais pas qui sera présent, c'est là tout le problème.

- Ils ne pouvaient pas te prévenir ?

- Penses-tu ! Sans demander aux enfants, on a bien croisé des parents d'élèves hier après-midi. Certains n'ont pas voulu nous répondre, d'autres nous ont assuré que leurs enfants viendraient. Et ce matin, on s'apercevra qu'ils ont brutalement changé d'avis, dans la nuit. Tu sais, celle qui porte conseil.

- C'est fou, ça. Si même les parents ne vous facilent pas les choses...

- En définitive, c'est un peu comme si nous étions pris en ôtage.

- Génial !... Mais dis-moi, si tu n'as que quelques cours, que vas-tu faire de ton temps ?

- Je ferai la navette entre la maison et le collège : pas le choix.

- Bien. C'est bon pour la planète, c'est ce qu'on dit, hein ?

- Ne m'en parle pas. Imagine qu'aucun élève ne se présente en classe ; j'aurais pu rester tranquillement au lit au lieu de me lever aux aurores...

- Et puis, tu aurais pu garder notre petit Tom, au lieu d'aller le déposer à la halte-garderie dans... 56 minutes à présent. Allez hop, debout, monsieur le professeur.

- Voilà, voilà. J'arrive. Je me dépêche... pour après devoir attendre toute la journée."

Dans notre monde :

Bonjour à toutes et à tous, ceci n'est pas le témoignage de mon ressentiment à l'égard du plus beau métier du monde. Mieux, je comprends les doléances et les attentes de celles et ceux qui ont pour passion la transmission du savoir.

Je ne fais qu'émettre un petit bémol à l'égard des irrésolus, notamment ceux qui se déclarent sur le tard. Est-il insurmontable de prévenir avec un préavis minimum (la veille pour le lendemain) des intentions de chacun ? Cette absence de décision n'a-t-elle pour objectif que de faire monter la grogne d'un cran ?

Je souhaite de tout coeur pour nos professeurs et nos enfants qu'une solution profitable à tous soit trouvée. Mais je souhaite par-dessus tout qu'un échange sincère s'instaure entre parents et professeurs. A la sortie de cette journée, ma fille n'aura probablement pas eu cours... mais elle se sera déplacée trois fois à son collège.

Mais, au fait, ne devrais-je pas être au bureau au moment où je tape ces quelques lignes ?

Non, voyons. J'ai de loin préféré déposer une journée, de manière à faire le taxi pour ma fille.