Les européens empochent 400 milliards par mois et les algériens sont hors jeu
La vue des dizaines de navires commerciaux venant des quatre coins du monde stationnés au large des ports algériens ne diffère pas des bouchons sur les routes de la capitale. Si le phénomène ne signifie rien pour le citoyen moyen, la réalité de ce que cache cette scène et ce qu’elle lui coûte est tout autre. Cet engorgement se chiffre en milliards, puisque sa durée est ce qui détermine les prix de ce que consomment les algériens. La question qui se pose alors est : « qu’a fait l’Algérie pour désengorger les ports et réduire la facture du contribuable » ?
Nous avons tenté dans cette enquête d’en savoir plus sur ce qu’avait entrepris l’Algérie pour désengorger les ports et éviter au trésor, aux opérateurs et aux consommateurs de multiples pertes en raison du temps passé par les navires au large et par les containers attendant d’être déchargés dans les ports. Nous avons joints les parties concernées, à commencer par l’administration des douanes, du commerce et du transport, ce dernier a rejeté la responsabilité par l’intermédiaire d’un de ses responsables qui a refusé de parler de manière officielle, sur le ministère du commerce et les douanes, alors que le ministre du commerce a été très franc lors de son entretien avec nous sur le sujet, tandis que les douanes ont refusé de donner leur point de vue. L’Algérie a décidé au début des années 2000 d’ouvrir la porte aux investissements privés étrangers dans le domaine des ports secs, dont la plupart ont été attribués aux étrangers, et qui ont la même fonction que les ports, pour pouvoir les désengorger et réduire la durée de stockage des marchandises dans les containers à bords des navires au large ou dans les ports. Des entrepôts sous douanes ont été en parallèle ouverts, et on compte aujourd’hui 6 ports secs sur le territoire, dont trois dans la capitale, alors que les entrepôts publics et privés. Mais cela n’a pas eu l’effet escompté et la durée de « blocage » des navires et des containers est toujours aussi longue et les prix des produits de consommation toujours aussi élevés. Le directeur central des régimes douaniers, délégué par le directeur général M. Abdou Bouderbala pour s’entretenir avec nous, n’a pas nié l’impact de l’engorgement des ports sur l’économie en général et les revenus du trésor et sur les prix, et nous a fourni dans ce contexte les détails du programme de son administration pour désengorger les ports, en autorisant les privés à ouvrir des entrepôts douaniers et des ports secs dont le nombre est de 300 en comptant les ports secs. M. Slimane Zemmouri et son collaborateur M. Habsa Adel ont précisé que les ports secs ont joué un rôle important dans le désengorgement des ports maritimes et que l’augmentation de leur nombre a pour but d’éviter au trésor les pertes résultant de l’engorgement.. Le responsable a dans ce contexte indiqué qu’il existait quatre ports secs dont trois sociétés résultant d’une association algéro-étrangère avec des turcs, des suisses et des français se chargeaient de gérer des ports secs, et qui sont « Arcas » dans la zone industrielle de Gué de Constantine, « MTA » à El Hamiz à Dar El Beida et « Sima » à Rouiba, en plus de quatre ports secs publics, « ACS », une annexe du port d’Alger à Rouiba, et il n y a que deux ports secs en dehors d’Alger, le premier à Annaba et le deuxième à Oran. A la question de l’augmentation du nombre de ports secs puisqu’ils ont un rôle efficace dans réduction des pertes pour l’économie et le consommateur, le responsable a précisé « nous avons trois demandes, deux à Alger qui sont à l’étude et attendent l’accord de principe pour débuter leur activité après avoir rempli les conditions techniques et juridiques, cela concerne « Mageco » et « sud entrepôts » qui sont tous deux à l’étude. Une source bien informée au ministère des transports qui a refusé de parler de manière officielle face à la difficulté d’obtenir une autorisation de s’entretenir avec des responsables, a indiqué que les sociétés privées gérant actuellement les ports secs engrangeaient chacune 4 milliards par jour, ce qui signifie que les trois sociétés mixtes engrangent en tout près de 400 milliards par mois dont la moitié au moins étaient transférés sachant que leurs comptes sont en Suisse, en France et en Turquie. Le ministre du commerce, M. Mustapha Benbada n’a pas hésité à répondre à nos questions évitant de faire porter à son ministère la responsabilité de l’engorgement des ports, précisant que le ministre du commerce contrôlait la conformité de 20% des importations seulement, ajoutant que son secteur saluait l’augmentation du nombre de ports secs et que l’ouverture dans ce domaine réduira assurément les prix des produits de consommation, assurant que son service avait décidé d’ouvrir des inspections au niveau des ports secs afin de faciliter les procédures, ce qui avait un effet direct sur les prix des produits de consommation et a souligné que son ministère avait pris contact avec l’administration des douanes et que les deux structures avait constitué une commission de coordination commune pour étudier les solutions à même d’éviter au trésor et au citoyen des pertes.