les harkis, qui étaient-ils ?
"Les harkis étaient ces supplétifs de l’armée française qui avaient choisi de se battre avec elle contre les nationalistes algériens. A la fin de la guerre, la France les a abandonnés. En Algérie, ils furent l’objet de massacres, les familles des combattants n’étant pas épargnées. Ceux qui avaient gagné la France furent traités en parias, abandonnés dans des sortes de camps d’internement, sans le moindre soutien économique ou social. Ils ont été marginalisés, frappés d’ostracisme, victimes du racisme, comme si la France les reniait, en avait honte, après les avoir utilisés." [Monde - éditorial du 8 février 2001." rel="footnote" href="http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article151#nb1">1]
"Tout aussi colonial est le parcage des "harkis", longtemps après 1962, dans des camps éloignés des villes, et leur soumission à une autorité héritée des anciens rouages. Il en est résulté cette fabrication, sans précédent non plus, d’une sorte d’ethnie enfermée dans son origine et reproduite jusqu’à la troisième génération, voire, si l’on n’y met pas fin, à la quatrième !" [2]
Les harkis : quarante ans d’oubli
400 000 personnes. Les populations désignées aujourd’hui comme " harkis" ou " Français musulmans " correspondent à l’ensemble des musulmans rapatriés qui se sont battus du côté de la France pendant la guerre d’Algérie, ainsi qu’à leurs descendants, soit une population évaluée à environ 400 000 personnes.
Des supplétifs pro-Français. Pendant la guerre d’Algérie, l’armée française comptait des appelés et des engagés musulmans ; elle a aussi recruté des supplétifs sous contrat mensuel sans statut militaire. Certains étaient rétribués de façon modique comme les harkis, les moghaznis (policiers) et les " groupesmobiles de sécurité "(assimilés aux CRS). D’autres étaient bénévoles, comme leshommes des groupes d’autodéfense formés dans les villages. En mars 1962, la France évaluait à 263 000 le nombre total de musulmans pro-Français menacés, nombre incluant 50 000 élus, anciens combattants et fonctionnaires.
Des motivations multiples. Souvent présenté comme un choix patriotique, l’engagement des harkis, paysans illettrés pour la plupart, obéissait à des motivations multiples : pression des notables et de l’armée française, attachement à l’ordre, sévices du FLN, rivalités villageoises et volonté de vengeance, besoin alimentaire ou option politique.
Abandonnés en 1962. Les accords d’Evian, qui scellent l’indépendance de l’Algérie, ne prévoient aucune protection à l’égard des harkis. Le gouvernement Debré donne alors l’ordre de dissoudre les unités supplétives. Le ministre des affaires algériennes, Louis Joxe, menace de sanctions ceux qui aident les " rapatriements prématurés ". Entre 30 000 et 150 000 supplétifs sont massacrés en Algérie. Seuls 20 000 sont ramenés en France.
Des camps en France. Souvent regroupés dans des camps ou des " hameaux forestiers " isolés, les harkis rescapés ont vécu avec leurs familles dans des conditions précaires qui ont perpétué leur exclusion, avec un taux de chômage très élevé parmi leurs enfants.
L’indemnisation. A chaque mouvement de révolte des enfants de harkis, depuis 1975, les gouvernements ont répondu en commandant des rapports, mais l’indemnisation, engagée dans les années 1970 pour les pieds-noirs, n’a été instaurée qu’en 1994 dans une loi qui exprime la " reconnaissance " de la République française " pour les sacrifices (...) consentis ". Ce texte, silencieux surles responsabilités politiques, a alloué à 15 000 familles une allocation forfaitaire de 110 000 francs. En 1999, une rente viagère de 9 000 francs par an pour lesharkis âgés de plus de soixante ans dotés de faibles revenus a été instaurée.