La découverte de riz fortement contaminé au césium radioactif au sein de la préfecture de Fukushima montre que les contrôles préventifs restent à ce jour insuffisants. La propagation de la crise alimentaire perturbe les opérations menées par le gouvernement pour soutenir l'agriculture des zones dévastées le 11 mars par le tsunami.
Alors que le séisme du 11 mars et la catastrophe nucléaire ont entrainé une propagation massive de césium radioactif dans l'atmosphère et le déversement d'importantes quantités d'eaux contaminées directement dans la mer, la crise alimentaire s'étend de jour en jour.
Toute la chaîne alimentaire contaminée
Le riz, la base de l'alimentation japonaise, est désormais concerné par les taux de radioactivité qui touchaient déjà le poisson, les crustacés, le thé, le lait, les épinards ou encore la viande de boeuf. Vendredi 23 septembre, le gouvernement a annoncé avoir mesuré un taux de 500 becquerels par kilogramme (Bq/kg) sur du riz récolté à Nihonmatsu, une ville située à une cinquantaine de kilomètres de la centrale Fukushima Daiichi. Or, ce seuil atteint la limite autorisée par le gouvernement empêchant sa commercialisation.
La découverte a été faite dans le cadre de mesures effectives depuis le 1er août, qui obligent le contrôle préventif du riz, cultivé sur des sols contaminés à 1 000 Bq/kg. Dix-sept préfectures de l'Est du Japon sont concernées alors qu'elles regroupent près de la moitié de la production annuelle de l'Archipel. Effectués sur 370 zones de culture de la préfecture de Fukushima, les relevés ne dépassaient pas, jusque-là, les 136 becquerels par kilogramme, soit des seuils bien inférieurs à la limite gouvernementale fixée à 500. Selon les règles instaurées le 1er août, la préfecture de Nihonmatsu va devoir augmenter le nombre de points de contrôle installés dans la ville.
La présence de ce riz contaminé inquiète le ministère de l'agriculture qui avait estimé que seulement 10 % du césium présent dans les sols pouvaient contaminer les cultures. Il avait par conséquent interdit la plantation de riz dans les sols pollués à 5 000 Bq/kg et plus. Or, le niveau de contamination de la terre dans laquelle a été cultivé le riz incriminé est de 3 000 Bq/kg seulement.
Le gouvernement veut revendre ses produits aux pays en développement !
Le ministère de l'agriculture a lancé une opération de recensement des initiatives menées à travers le pays pour "soutenir l'agriculture et la pêche des régions dévastées". Mais les efforts des autorités pour tenter de rassurer la population sur l'innocuité des produits agricoles des régions proches de la centrale de Fukushima, semblent de plus en plus en compromis.
Préoccupé par la relance de l'économie des zones dévastées, le ministère des affaires étrangères a pour sa part annoncé son intention d'obtenir une enveloppe de 17 milliards de yens, dont une partie serait allouée à l'organisation d'opérations promotionnelles visant à rassurer le consommateur sur la fiabilité des produits cultivés. D'après une information divulguée par Le Monde, une petite portion de cette enveloppe devrait être consacrée l'aide publique au développement (APD). Concrètement, cet argent devrait permettre aux pays pauvres d'acheter à moindre coût des produits provenant des régions du Japon sinistrées. La priorité irait aux produits de la mer en conserve. Le ministère assure que leur innocuité sera garantie et que leur vente ne s'effectuera que sur demande du pays aidé. Une opération qui risque de faire vivement réagir les ONG de développement, si les seuils enregistrés sur ces produits continuent de flirter avec la limite autorisée.
Aux vues de la durée de vie du césium radioactif qui s'est largement infiltré dans les terres, la crise alimentaire pourrait encore s'étendre au Japon. La confiance du peuple japonais envers les pouvoirs publics s'érode de jour en jour et on voit mal comment le nouveau premier ministre Yoshihiko Noda pourrait inverser la donne...
Célia Garcin