J'ai appris hier avec une profonde tristesse le décès, dimanche 25 septembre 2011, de Wangari Maathai.
Prix Nobel de la paix 2004, biologiste, auteure de "Celle qui plante les arbres", elle était à la tête du Mouvement de la ceinture verte, un immense projet de reboisement en Afrique.
Par son action, elle luttait avec acharnement contre la déforestation, mais également aidait les femmes kényanes à sortir de la pauvreté en leur apprenant à faire pousser et planter des arbres, ce qui leur permettait, en plus, de cultiver plus facilement la terre devenue plus fertile grâce à ces plantations.
Les combattants pour l'environnement et pour les droits humains viennent de perdre une de leur plus grande, plus énergique et plus combative ambassadrice.
J'espère que son action inspirera de nombreuses personnes et que certaines d'entre-elles auront le courage de reprendre le flambeau.
Je ne résiste pas, en guise d'éloge funèbre, à l'envie de vous proposer un extrait de son livre "Celle qui plante les arbres". Cela résume parfaitement son action et la philosophie avec laquelle elle l'a entreprise.
"Je n'étais pas d'accord avec le discours des forestiers. Il faut peut-être avoir fait de longues études pour décortiquer la composition biologique d'un végétal, mais je restais persuadée qu'il suffisait de donner à ces femmes quelques conseils de base pour la phase la plus délicate du démarrage des plants. Après quoi, creuser un trou dans la terre, y transplanter une pousse, l'arroser et la soigner est à la portée de n'importe qui.
Ces femmes étaient en outre des paysannes. Elles connaissaient la terre mieux que quiconque et passaient leur vie à planter et cultiver toutes sortes de végétaux. Comme elles, j'avais vu faire mes aînées toute mon enfance et j'avais imité leurs gestes. Je les rassurais donc sur leurs capacités : "On ne vous a jamais demandé de diplôme pour semer du maïs, du millet ou des haricots, que je sache ! Cultiver des arbres n'a rien de plus sorcier : ces plants ressemblent à n'importe quel autre semis. Repiquez-les. S'ils sont sains ils germeront, sinon ils ne pousseront pas. C'est aussi simple que cela !"
Encouragées par ma propre assurance, elles se mirent à l'oeuvre sans complexe, armées de leur simple bon sens. Et de fait, les mauvaises graines ne donnèrent rien et les bonnes graines germèrent, produisant des arbres qui ressemblaient à s'y méprendre à ceux que les sylviculteurs avaient auréolés de toute leur science. Nous étions donc bien sur la bonne voie. Les pionnières initièrent bientôt leurs voisines et, de fil e, aiguille, de nouvelles pépinières voyaient le jour sur des exploitations et des terrains publics, d'un bout à l'autre du pays. Nous surnommions affectueusement ces femmes nos "sylvicultrices autodidactes.""