La face cachée des banques françaises

Publié le 27 septembre 2011 par Copeau @Contrepoints

Curieuse réaction de la BNP à un article paru dans le Wall Street Journal .

Un article publié en collaboration avec l’ALEPS (*)

Dans son dernier billet, Jacques Garello faisait allusion à la nationalisation des banques françaises. Dans un article fort intéressant publié lundi 12 septembre dans le Wall Street Journal, Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF (Institut de Recherches Économiques et Fiscales) a expliqué toutes les bonnes raisons d’écarter l’État des affaires bancaires. Voici certains passages de l’article que l’on peut retrouver sur le site www.irefeurope.org

Il faudrait rappeler la période où les banques françaises en commençant par la plus célèbre d’entre elles, le Crédit Lyonnais, étaient détenues  par… l’État. Le 7 juillet 2008, un tribunal arbitral a condamné le Consortium de réalisation  (CDR) –  organisme chargé de gérer le passif du Crédit Lyonnais – à verser 240 millions d’euros aux  liquidateurs du groupe Bernard Tapie. A quoi se sont ajoutés 105 millions d’intérêts et 45 millions de préjudice moral, donc un total de 395 millions d’euros […] En réalité, ce n’est pas une affaire mais des affaires qui ont explosé entre 1982 et 1999 lorsque la  banque appartenait à l’État : l’affaire Metro Goldwin Mayer (MGM), Sasea, Executive Life, etc. Au total, les Français auront déboursé plus de 15 Milliards d’euros afin de payer pour la gestion catastrophique et affairiste du Crédit Lyonnais  durant toutes ces années.

En plus du désastre du Crédit Lyonnais, il y a eu celui du Crédit Foncier (2 Mds d’euros de pertes) et de l’Agence Française de Développement […l La banque Hervet enregistre les premières pertes de son histoire après sa nationalisation en 1982 ; la BIAO (Banque Internationale pour l’Afrique de l’Ouest) est au bord de la faillite en 1988 lorsqu’elle est reprise par la BNP […] le CCF (Crédit commercial de France) en quasi- faillite en 1987 après des prêts insensés accordés au Brésil, le Comptoir des entrepreneurs et les achats immobiliers suivis d’une surévaluation frauduleuse de la part d’une institution financière dotée d’une mission de service public ; le blanchiment d’argent de la Société marseillaise de Crédit, etc.

La privatisation de ces banques et le désengagement de l’État n’ont pas changé radicalement la composition de leurs conseils d’administration. Ils sont toujours dominés par des anciens élèves de l’ENA, des hauts fonctionnaires qui ont travaillé au ministère des Finances. Le pantouflage, c’est l’une des particularités françaises. Or, une étude réalisée par l’Institut de gestion de La Rochelle démontre que les banques administrées par les énarques sont plus endettées que les autres. C’est le cas de la BNP et de la Société Générale dirigées par deux énarques, anciens hauts fonctionnaires. Rumeurs ou non, les  banques françaises ont encore une relation étroite avec l’État. L’une des premières choses  à faire c’est qu’elle s’en débarrassent.

Ces lignes n’ont pas dû faire plaisir aux dirigeants énarques de nos banques. La BNP a trouvé un prétexte pour demander à l’Autorité des Marchés Monétaires (dirigée par un énarque ancien ministre) une enquête sur les rumeurs colportées par le Wall Street Journal : Nicolas Lecaussin faisait accessoirement état des difficultés éprouvées par la BNP pour emprunter des liquidités en dollars – ce que tout le monde sait dans la profession. Mais il ne faut pas parler de ce qui fâche. Monsieur Noyet, gouverneur de la Banque de France et Madame Pécresse, ministre du budget ont rassuré tous les marchés financiers : les banques françaises se portent bien. Nous voici satisfaits, nous avions peur des rumeurs venues d’Outre atlantique.

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Article repris du site de l’ALEPS, Libres.org, avec l’aimable autorisation de Jacques Garello.

(*) L’ALEPS, présidée par le Professeur Jacques Garello, est l’Association pour la Liberté Économique et le Progrès social, fondée il y a quarante ans sous l’autorité de Jacques Rueff, dans la tradition intellectuelle française de Jean Baptiste Say et Frédéric Bastiat.