Valeurs de gauche

Publié le 27 septembre 2011 par Alteroueb

La bataille sous les lambris vernis et les dorures est gagnée. Une autre, moins luxueuse mais tout aussi essentielle, se joue dans la rue : le monde enseignant est en grêve et bat le pavé pour exprimer, une fois de plus, son mal-être, et alerter sur les coups de bâton qu’il reçoit régulièrement dans les jambes. Difficile ainsi d’exercer pleinement et sereinement une mission d’importance : instruire et préparer la jeunesse, les forces futures du pays au monde qui l’entoure. Impossible aujourd’hui d’ignorer la déliquescence du système éducatif français.

Je ne suis pas prof, et leur quotidien professionnel m’échappe un peu. Je sais par contre qu’être enseignant ne s’improvise pas, c’est un métier. Mais pas besoin d’être devin pour constater le glissement continuel et la dégradation constante des moyens et des programmes de l’Education Nationale. Selon l’OCDE, la France occupe fin 2010 la 18ème place mondiale pour son système éducatif, loin de la tête, apparaissant de surcroît comme particulièrement inégalitaire. Après une année de mise en place du «soutien personnalisé», cette mesure emblématique des grandes idées de l’UMP, force est de constater qu’en l’état, ce n’est en rien du soutien, et que la notion de «personnalisé» dans beaucoup d’établissements est une pure vue de l’esprit. Du vent.

Le temps n’est plus aux discours syndicaux mobilisateurs annonçant l’apocalypse en cas d’inaction. Les effets de la politique du gouvernement en matière d’éducation ont largement fait leur œuvre. On est plus dans la prospective, c’est du bien concret : l’outil est saccagé et les conséquences sur la jeunesse sont déjà perceptibles, conditionnant par l’argent l’accession aux études supérieures. Ni plus, ni moins.

Il me revient l’image et les mots de François Chérèque, grand timonier de la CFDT, dimanche au 12/13 de France3. En grande partie responsable, sans être le seul, de l’adoption de cette fumisterie de réforme des retraites, il s’est, comme à l’accoutumée, comme tout homme politique en somme, exprimé en responsable déconnecté des réalités quotidiennes des salariés et des laborieux. En préférant un syndicalisme d’accompagnement plutôt que de lutte, il semble oublier le monde qui l’entoure, où rien n’est facile, ou la négociation est impossible puisqu’il n’y a rien à offrir en contrepartie… sauf à montrer sa détermination.

La cerise sur le gâteau vient de la question «irez-vous voter à la primaire socialiste ?». A ma grande surprise, la réponse fut un non franc, invoquant un besoin guère convaincant de neutralité. Quelle neutralité ? Peut être, et plus sûrement même, la signature de la charte sur les valeurs de gauche doit poser à ce grand révolutionnaire quelques problèmes…

Moi, j’irai. A genoux s’il le faut.