La demande d’adhésion à l’ONU de l’OLP en tant que 194ème Etat membre a été largement encouragée par la population palestinienne. L’action entreprise et portée par Mahmoud ABBAS, n’a cependant pas convaincu dans les rangs de la gauche palestinienne.
Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, qui apparaissait très affaiblit en janvier 2011, a relancé le dossier palestinien au niveau international et se trouve plus que jamais assuré de conserver son poste. Celui que certains nomment «le nouveau Arafat» a redonné l’espoir à tout un peuple en quête de liberté : manifestations et rassemblements traversent la Cisjordanie et le pouvoir israélien n’hésite pas à réprimer avec violence, faisant déjà plusieurs morts et notamment à Naplouse. Abbas, dans son discours depuis la Moqata’a à Ramallah, cherchait à inscrire son initiative dans le mouvement de libération des pays arabes, il a évoqué le printemps palestinien, et la proche victoire de la lutte des Palestiniens pour un Etat libre et indépendant. Bien qu’important, l’enthousiasme populaire lié à cette nouvelle stratégie n'empêche pas d'entendre des voix de dissidence. L’OLP n’a pas convaincu l’ensemble.
Le Front de Gauche palestinien, composé du Front Démocratique pour la Libération de la Palestine (FDLP), du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) ainsi que du Parti du Peuple Palestinien (PPP) est resté perplexe quant à la demande d’adhésion déposée par l’Autorité Palestinienne. Les partis de la gauche palestinienne accusent les contreparties trop lourdes d’une reconnaissance de l’Etat palestinien par l’ONU. Marwan Abd al-Aâl, secrétaire général du FPLP – parti marxiste - a déclaré lors d’une rencontre face aux militants de son parti «celui qui va à l’ONU ne peut pas revenir à Oslo et à la Feuille du route du Quartet». Autrement dit, la reconnaissance de la Palestine à l’ONU ne permet pas aux Palestiniens de faire valoir l’ensemble de leurs droits et notamment celui auquel la résistance palestinienne est le plus attaché, le droit au retour des Palestiniens réfugiés aux quatre coins du globe. Il a également rappelé dans la même entrevue que la volonté de récupérer la Palestine dans son intégralité «est une revendication et non une stratégie globale», et qu’il «est interdit de la vendre ou de la vider de son contenu».
Malgré ces réticences, les trois organisations assurent tout de même un service minimum de soutien à la proposition de Mahmoud Abbas. Une cohésion de façade est exprimée dans les communiqués officiels. Un responsable du Front Démocratique pour la Libération de la Palestine a affirmé à travers le journal al-hourria du 24 septembre, l’approbation de son parti vis-à-vis de l’action de l’OLP : «le retour à l’ONU, instance de la légitimité internationale, est une stratégie politique qui va dans le bon sens». Il poursuit «si le Congrès américain est l’arène de Natanyahou, alors l’Assemblée de toutes les Nations et la communauté internationale est l’arène des droits de la patrie palestinienne à l’autodétermination et au retour».
Enfin, un dernier point est soulevé par ces organisations, et plus fortement par le FPLP. Celui de la résistance armée dans laquelle le Front Populaire est engagé depuis plusieurs décennies maintenant. Inutile de rappeler les années de Georges Habache et de Leïla Khaled, mais les dirigeants actuels craignent une trop forte pression diplomatique qui les empêcherait, au moins sur le papier, de poursuivre leurs actions contre la colonisation, et d’officiellement se désolidariser avec les nombreux commandos qui le composent.
À suivre :
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