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Quels enseignements tirer des élections sénatoriales ?

Publié le 26 septembre 2011 par Leunamme

Franchement, avant dimanche soir, qui s'intéressait aux élections sénatoriales ? Si la gauche, à la surprise générale, n'avait pas remporté la majorité, nul doute que cela n'aurait pas fait la une des journaux. Mais voilà, l'évènement est justement là : la gauche, dans l'ensemble de ses composantes, sera désormais majoritaire dans une assemblée  dévolue à la droite depuis toujours. Le Sénat à gauche, c'est comme un communiste maire de Neuilly sur Seine, une incongruité ! Et pourtant, c'est arrivé (le Sénat, pas Neuilly, faut pas déconner quand même). C'est dire le séisme.

 Ceci dit, restons calme, cela ne change pas fondamentalement la donne politique de ce pays. En matière législative, sur les textes importants, c'est l'Assemblée Nationale qui a toujours le dernier mot. De plus, la gauche quand elle a été au pouvoir, que ce soit avec Mitterrand ou Jospin, a toujours eu le Sénat contre elle, elle a quand même gouverné. Ce que fera Sarkozy jusqu'à la fin de son mandat. Toutefois, il y a quand même des choses très intéressantes à tirer du scrutin de ce week-end.

- Aux Sénatoriales, ce sont les grands électeurs qui votent, c'est à dire les représentants des collectivités territoriales. La gauche ayant largement remporté tous les derniers scrutins locaux, sa poussée est donc logique. Mais mécaniquement elle n'aurait pas dû gagner plus de 15 à 18 sièges. Les sièges supplèmentaires viennent de la division de la droite, mais aussi et surtout du vote de ces milliers d'élus sans étiquette qui ont clairement exprimé leur rejet du pouvoir en place et leur souhait d'alternance. En quelque sorte, c'est le pays profond qui a parlé.

 - Autre fait notable, le recul de la droite se fait exclusivement sur l'UMP. Le nombre d'élus divers droite, Nouveau Centre ou radicaux de droite est en progression. Cela signifie que c'est essentiellement la dérive libérale et ultra-sécuritaire de l'UMP qui est rejetée. Il se pourrait bien que ce la donne des idées supplémentaires aux centristes en vue de la présidentielle, et que la situation de Sarkozy n'en ressorte encore plus compliquée.

- Nicolas Sarkozy ne pourra plus, d'ici la fin de son mandat, entreprendre de modifications de la constitution. C'en est donc fini de la fameuse "Règle d'or budgétaire".

- Si le Sénat a peu de pouvoirs législatifs en comparaison de l'Assemblée Nationale, il peut cependant fortement ralentir le vote de certains textes, voir en modifier le contenu. La fin du mandat de Nicolas Sarkozy sera donc pauvre en nouvelles réformes. Ce n'est pas plus mal.

- Autre pouvoir du Sénat, si jamais samedi le prochain président de cet assemblée était socialiste, il pourrait très bien nommer des commissions d'enquête sur la Françafrique, par exemple. Nul doute que ça plairait beaucoup à l'Elysée.

-Enfin, dans l'hypothèse, ma foi fort probable, où la gauche l'emporterait en 2012 à la présidentielle et aux législative, elle aurait le contrôle de l'ensemble du parlement, ce qui n'est jamais arrivé jusqu'ici. Or, le Sénat à droite, lui a toujours servi d'excuse pour ne pas mener des réformes constitutionnelles qui font parties de son programme depuis plus de 30 ans. Je pense évidemment à la réforme du ... Sénat, mais aussi et surtout au droit de vote des immigrés. En 2012, elle aura peut-être les moyens de le faire. En aura-t-elle le courage ?


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