Je ne suis pas « fan » de Maupassant, et c’est une litote que d’écrire cela. Mais là, je conviens que le texte est magnifique et que l’interprétation de Florent Aumaitre est exemplaire. Il ne faut pas hésiter à programmer ce spectacle, que l’on peut positionner dans son agenda avant ou après la prestation d’Arnaud Denis au Lucernaire.
Seul en scène, avec quelques projecteurs pour tout décor, Florent Aumaitre passe sous nos yeux de la raison à la démence, en développant toujours un raisonnement sans faille. Il y a de quoi frissonner comme le promettait Guy de Maupassant.
Fond de scène noir. La chanson Sodade de Césaria Evora (qui reviendra à la fin du spectacle) plante le décor sonore et instaure le climat mélancolique qui prépare le spectateur à se laisser emporter par la vague mélancolique du personnage. Un homme sans nom, emblématique de l’angoisse qu’on peut soudain vivre quand on se pose trop de questions ou qu’on se laisse déborder par sa sensibilité.
Florent Aumaitre a les yeux d’un bleu très pur, et le blues lui sied bien. L’homme est vêtu avec soin. Il s’exprime posément et son discours est logique. Nous voulons bien croire que tout ce qu’on regarde, tout ce qu’on entend puisse nous influencer. Mais ce n’est tout de même pas un cauchemar insignifiant qui va changer le monde, ni le sien, ni le nôtre.
Sauf si … on a trop lu de compte-rendus d’expériences médicales d’autosuggestion par hypnose et que l’on se met à voir naturellement du surnaturel derrière la moindre chaise, ou la plus simple carafe. Le paralogisme est une déformation redoutable qui se nourrit de toutes les suspicions.
On assiste impuissant à la crise paranoïaque du schizophrénique. On y croit. On le croit. Et on quitte la salle troublé … redoutant de se coucher. Le lendemain, constatant la bonne nuit de sommeil on est rassuré. Tout cela n’était que du théâtre. Les êtres invisibles bien que tangibles étaient le fruit de son hallucination. Vous pouvez courir tranquille aux feux de la rampe. Ils ne vous brûleront pas.
Le Horla de Guy de Maupassant, Mise en scène de Slimane Kacioui, avec Florent Aumaitre
Reprise à partir du 20 septembre : Mardi 20 et mercredi 21 septembre à 19 heures
A partir du 27 septembre, du mardi au samedi à 19 heures, Durée : 1h
Les Feux de la Rampe, 2, rue Saulnier, 75009 Paris, Métro Cadet