Chantier (Stephen King)

Par Hiram33

Chantier (Stephen King)

Par une chaude après-midi d’août 1972 la chaîne de télé WHLM fit un reportage sur l’arrivée du gouverneur à Westgate. Dave Albert, un jeune journaliste, demanda l’avis d’un homme à la chemise blanche, M. Dawes. Celui-ci dit qu’il pensait que c’était une belle merde. Dix-sept mois plus tard, Albert revit l’homme à la chemise blanche, mais comme aucun d’eux ne se souvenait qu’il s’étaient déjà rencontrés, c’aurait tout aussi bien pu être la première fois.

1 novembre

20 novembre 1973

Il ne cessait de faire des choses en s’interdisant d’y penser. C’était plus sûr. Il vit la pancarte d’un armurier. Georgie avait eu un 22 long rifle et avait tué un oiseau avec puis avait vendu le fusil à un gosse du quartier pour 9 dollars. Il entra chez l’armurier. Il put identifier les fusils de chasse à canons jumeaux, mais tout le reste lui était inconnu. Mais c’était facile : il suffisait d’apprendre, exactement comme il avait appris la comptabilité au collège. Un client nommé Mac bouscula Georgy en sortant du magasin. Harry, le vendeur, demanda à Georgy ce qu’il voulait. Georgy répondit qu’il ne connaissait rien aux armes. Il voulait acheter une arme pour son cousin Nick. Goergy dit qu’il travaillait à la blanchisserie Ruban Bleu. Il parla de sa femme et de son travail mélangeant mensonges et vérités. Il prétendit vouloir offir un Magnum 44 à son cousin alors Harry en sortit un. Georgie affirma que son cousin lui avait offert un moteur de bateau et que pour le remercier il lui offrirait un pistolet et un fusil. Alors Harry lui proposa un Weatherdee 4.60 pour 700 dollars. Georgie voulut téléphoner pour en parler à sa femme. En fait, il appela la météo. Ensuite il dit à Harry que sa femme était d’accord et paya avec une carte American express sur laquelle le nom imprimé était : Barton George Dawes. Goergie dut signer un registre pour la police. Il commença à se lâcher en parlant d’expropriation pour cause d’utilité publique. Il voulut laisser les armes dans le magasin en attendant que les cartouches commandées arrivent. Il rentra chez lui. Sa femme, Mary, regardait la télé. Il regarda son courrier. Il lui restait 954,47 dollars. La bibliothèque lui réclamait « Face aux liens » de Tom Wicker que Georgie avait vu au Rotary. Mary était grande et avait 38 ans. Elle lui demanda s’il était allé à l’usine de Waterford mais il n’y était pas allé depuis octobre. Le site de la future blanchisserie était une fabrique de textiles désaffectée. L’agent immobilier ne cessait de l’appeler pour lui faire conclure l’affaire. Mary lui parla de la maison de Crescent. Il répondit qu’elle était inabordable. Mais ils devaient prendre une décision avant le 20 janvier sinon il se retrouveraient à la rue. Mary savait qu’il voulait rester dans leur maison mais il lui répondit qu’elle ne savait pas ce qu’il ressentait.

21 novembre 1973

Il avait neigé. Georgy salua Johnny Walker qui était dans sa camionnette pour sa tournée de la matinée. A la blanchisserie, le travail commençait à 7 heures. Les hommes et les femmes qui y travaillaient l’aimaient bien. Ron Stone, le contremaître, le salua. Ils parlèrent du travail en cours. Dave Radner, responsable de la laverie et son assistant Steve Pollack chargeaient des draps de motels dans les machines à laver. Georgie demanda comment se débrouillait Steve. Stone répondit que ça allait. Quand George pensait il dialoguait avec un certain Freddy. Il pensa à Charlie qui avait pour la première fois fait de la balançoire au parc de Hebner avenue il y avait 14 ans. Le quartier Garson et son Grand theater avaient été démolis. Georgie y allait voir des films. Cela le fit pleurer. Il descendit voir Peter, le responsable des livraisons. Il lui demanda si le linge du Holliday Inn était parti. Phyllis lui dit que Ordner avait téléphoné. Il lut son courrier qui contenait des réclamations et des prospectus. L’agent immobilier lui annonça qu’un fabricant de chaussures était intéressé par l’usine de Waterford. L’option d’achat de George expirait le 26 novembre. Vinnie vint le voir. C’était un grand gars de 25 ans. Il revenait d’un restaurant allemand où le patron était content de travailler avec eux. Goergie repensa à son achat de la veille et se demanda s’il avait vraiment acheté des armes. Ils parlèrent de l’usine de Waterford. Vinnie avoua être allé dîner chez Ordner. George lui reprocha d’avoir trop parlé à Ordner. Il menaça de le virer s’il lui faisait encore une crasse de ce genre. Georgie lui dit qu’il était entré à la blanchisserie en 1953, quand il avait 20 ans et venait de se marier. Il avait fait un enfant à Mary par accident et avait dû se marier avec elle. Il avait pris le premier boulot qui s’était présenté. C’était comme assistant à la blanchisserie. Mary perdit son bébé au 7è mois. Le patron veillait sur ses employés et mettait la main à la pâte. Ray Tarkington, son supérieur, lui avait prêté 2 000 dollars pour qu’il reprenne ses études. Georgie avait eu son diplôme et en revenant à la blanchisserie, Ray lui avait offert le poste de chef des livraisons. Ray n’avait demandé que 1% d’intérêt sur les 2 000 dollars qu’il avait prêté à George et lui avait offert une montre. En 1963, Ray l’avait nommé superviseur du nettoyage à sec et directeur des laveries automatiques. En 1967, Ray lui avait offert le poste que Georgie occupait toujours. Ray avait dû vendre la boutique en 1969. La blanchisserie appartenait à une société qui possédait plusieurs magasins. Georgie dit que si Ray était encore en vie il aurait fait un procès contre le prolongement de l’autoroute et le chantier aurait été bloqué. Vinnie répondit que Ray était mort. Alors ils devaient suivre les instructions des investisseurs. Alors Georgie dit qu’il allait signer mardi pour l’achat de l’usine de Waterford. Puis il appela Ordner. Il lui dit qu’il viendrait chez lui vendredi mais sans Mary.

22 novembre 1973

Georgie se réveilla en pleine nuit. Il allait uriner. Depuis quelque temps, chaque fois qu’il urinait, son coeur se mettait à battre. Il se recoucha et rêva de Charlie sur une plage. Il entendait une radio déverser du rock. Ce qui était bizarre c’était que la marée montait alors qu’à Pierce Beach, il n’y avait pas de marée. Charlie et lui construisaient un château de sable. Une vague l’emporta. Des gens commençaient à crier pour une raison inconnue. D’autres coururent. Le maître-nageur siffla. Il vit le maître-nageur faire du bouche à bouche à Charlie. Charlie mourut. Le maître-nageur dit à George de s’en aller. George se réveilla. Il descendit à la cuisine se rappelant que c’était Thanksgiving en voyant la dinde. Il savait que Charlie ne s’était pas noyé.

23/11/1973

George alla chez Ordner. Son appartement était somptueux. Ordner mesurait 1m90. Les Ordner n’avaient pas d’enfant. Ils étaient démocrates mais avaient voté pour Nixon. Ordner parla du marché qui s’effondrait mais glorifiait Nixon. Carla, la femme de Ordner était à une présentation de mode pour une oeuvre de charité. C’était organisé par un prêtre des rues. Georgie dit qu’il allait signer vendredi l’achat de l’usine. George se mit à discuter avec Freddy par la pensée. Seul l’agent immobilier était au courant du refus de George pour l’achat de l’usine. Pourtant Steve Ordner savait que George avait refusé une offre à 450 000 dollars. George se défendit en disant que l’usine était à cinq kilomètres de ses clients et que les frais de livraison allaient augmenter. Mais Ordner lui répondit que la nouvelle autoroute leur ferait gagner du temps. Georgie dit que les nouveaux motels près de l’autoroute ne seraient pas construits avant deux ans et que la crise pétrolière pourrait s’aggraver. Ordner lui expliqua que lui et George devaient exécuter les ordres. George répliqua que l’usine demanderait 250 000 dollars de travaux. De plus l’eau et l’électricité seraient 20% plus chères. Ordner lui répondit que si George refusait l’usine, il serait mis à la porte par la société propriétaire de la blanchisserie. George mentit en disant que Thom Mc An avait lui aussi refusé l’usine. Il fallait donc laisser l’option expirer pour acheter l’usine à 200 000 dollars. La voix de Freddy sermonna George. Pourtant Ordner lui fit confiance. Il lui parla de sa maison. George prétendit qu’il acceptait de la laisser pour en acheter une autre. En rentrant George discuta avec Freddy. Freddy voulait le convaincre d’enterrer ses souvenirs dans sa maison avec ses voisins. Mais George refusait de vieillir dans un lieu anonyme. Il pleura. Freddy savait que George ne voulait pas enterrer Charlie une deuxième fois. George croyait vivre dans un cimetière. Il repensa soudain à une remarque que Tom Granger avait faite une quinzaine de jours auparavant. Il faudrait qu’il en parle à Tom. Dès lundi.

25/11/1973

Georgie regardait un match à la télé en dialoguant intérieurement avec Freddy. Il se moqua de lapub pour Exxon dont le nom lui faisait penser à celui d’un seigneur de guerre. Il pensa aux livres de Kurt Vonnegut qui le faisaient rire. Il avait entendu aux informations que la commission scolaire de Drake, dans le Dakota du Nord avait fait brûler tous les exemplaires du roman de Vonnegut Abattoir cinq, qui parlait du bombardement de Dresde. Il suggéra à Fred que les ponts et chaussées fassent passer la nouvelle autoroute par Drake mais Fred se moqua de lui. Fred lui dit que l’usine serait vendue à Thom Mc An et que Ordner l’achèverait. Il devrait expliquer à Mary comment il avait perdu son travail et pourquoi il avait refusé les 600 000 dollars que la ville payait pour l’ancienne usine. Fred le sermonna. Il fallait qu’il pense à Mary. Fred lui demanda pourquoi il avait acheté des armes.

26/11/1973

Georgie déjeunait avec Tom Granger. Une serveuse leur apporta leur commande. Georgie la jugeait vieille et grosse. Tom parla du match de la veille. Puis il lui demanda comment s’était passée son entrevue avec Ordner et où en était l’achat de l’usine de Waterford. George mentit en disant que Mc An n’achèterait pas. Il connaissait Tom depuis 17 ans. Tom n’était pas malin, c’était trop facile de l’ambobiner. Ils parlèrent d’une pizzeria où ils étaient allés. Il y avait vu un gangster nommé Salavatore Magliore. Le soir, George alla chez Duncan’s, un petit bar du quartier. Il but des bières et empêcha Fred de le déranger. Georgie appela Magliore. Il voulut acheter deux Eldorado. Magliore n’était pas là. Ce fut Pete Mansey qui lui répondit. Georgie rentra. Sa femme était malade. Elle voulait qu’il fasse des courses le lendemain. Georgie prétendit qu’il irait voir une maison à vendre. Mary fut rassurée qu’il cherche une maison. Il pensa au moment où il avait acheté sa première télé. C’était Mary qui lui avait demandée. Elle était à moitié nue ça l’avait fait bander. En y repensant il bandait encore. Ils avaient dû travailler au noir à l’époque pour s’offrir la télé. Chacun avait caché à l’autre ce qu’il avait trouvé comme travail. George avait repeint la cheminée de la blanchisserie pour 300 dollars. Mary avait gagné 416 dollars en faisant des robes et des mouchoirs. Elle avait vu George peindre la cheminée et connaissait donc son secret. George repensa à tout ça avec Freddy. Mary et George avaient dû ramasser des bouteilles vides pour les revendre et compléter ce qui leur manquait pour acheter une télé luxueuse. Freddy lui fit remarquer que les bouteilles consignées n’existaient plus. Seul Freddy appelait George par son deuxième prénom. Mary appelait son mari Bart. Mary avait vu George sourire devant la télé et voulut savoir pourquoi et George lui rappela le week-end qu’ils avaient passé à ramasser des bouteilles vides.

George rencontra Jack Hobart au supermarché. Sa femme, Ellen, venait de perdre sa mère. Jack avait déménagé et sa femme ne retrouvait plus la solidarité de son ancien quartier. De plus la maison était toute électrique et c’était plus cher. Mais Jack avait l’air heureux. George l’invita chez lui. Mary fut d’accord. Elle l’appela Georgie au téléphone. Mary l’appelait George les rares fois où elle était particulièrement contente de lui. C’était Charlie qui avait inventé ce jeu : l’appeler Fred ou George selon les occasions. A la maison, Jack et lui regardèrent un match et burent beaucoup de bière mais elle n’était pas fameuse et le coeur n’y était pas. En rentrant Jack dit que c’était l’autoroute qui avait tout foutu en l’air. Jack parut soudain très vieux à George alors qu’ils avaient le même âge.

27/11/1973

Georgie avait une légère gueule de bois et était fatigué parce qu’il s’était couché tard. Freddy lui rapella que l’option expirait aujourd’hui. Mais il était comme hypnotisé par l’explosion imminente. Il en venait presque à la désirer et se complaisait dans cette état. Après le travail, il alla à Norton. Il y avait des Noirs partout dont un gigantesque qui descendit d’une Cadillac Eldorado rose. Il vit des magasins fermés pour la saison. Il se sentait incapable de déplorer cette crise de science-fiction. Seuls les petits, qui étaient comme toujours les premières victimes d’événements qui les dépassaient, méritaient la sympathie. Il arriva à Magliore occasion. On lui demanda de se garer derrière l’atelier. Il y avait une gigantesque casse. Il dit à une femme qu’il avait rendez-vous avec Magliore. Il entra dans le bureau où se trouvaient Magliore et Mansey. Il voulait leur parler mais Magliore lui dit qu’il ne parlait pas à des merdeux comme lui. Mais George lui répondit qu’il savait que Magliore vendait autre chose que des voitures. Magliore le prit pour un flic et Georgie voulut se défendre mais Mansey lui dit : « Ta gueule ». Magliore avait l’habitude que la police lui envoie des petits merdeux. Georgie répondit qu’il n’était pas un petit merdeux et il le traita de pauvre saucisse. Mansey voulut lui casser la gueule mais Magliore fut intrigué. Alors Georgie lui dit qu’il avait de quoi payer ce qu’il voulait. Mansey le fouilla. Magliore lui ordonna de vider ses poches. Georgie s’exécuta. En voyant le passeport de George, Magliore lui demanda que signifiait le G de ses initiales. George le lui dit. Magliore regarda la photo de Mary et demanda à George si c’était sa femme. Puis il vit la photo de Charlie. George lui dit qu’il était mort d’une tumeur au cerveau. Magliore demanda à Mansey de photocopier les cartes de crédit de Georgie. Mansey traita encore Georgie de merdeux et Magliore lui ordonna d’arrêter. Magliore pourrait savoir si Georgie faisait partie de la police en consultant les banques de mémoire des sociétés de crédit grâce aux cartes de Georgie. Magliore lui demanda de repasser le lendemain tout en précisant qu’il ne lui vendrait peut-être rien car Georgie était complètement givré. Georgie lui rappelait la chienne de M. Piazzi qu’il refusait de caresser car elle était méchante. Ses copains s’étaient moqués de lui mais l’un deux fut mordu au cou par la chienne et devint muet. Magliore pensait que Georgie finirait pas mordre un jour. Mais la chienne avait été gazée. Quand Georgie rentra, Mary lui demanda comment il avait trouvé la maison. Pleine de termites répondit Georgie. Alors Freddy lui demanda pourquoi il était gentil avec sa femme. Georgie lui ordonna de la fermer à haute voix. Mary fut stupéfaite. Alors Georgie s’excusa en prétextant qu’il parlait à Chancell à la télé. Mary voulut savoir si Jack se plaisait dans son nouveau quartier et Georgie mentit en répondant oui. La nuit Georgie rêva qu’il se trouvait à Norton. La Cadillac rose s’arrêta devant une confiserie. Des enfants coururent vers la voiture. Il y avait un chien noir enchaîné. Un petit garçon voulut le caresser. C’était le seul enfant blanc. Georgie voulut crier de ne pas caresser le chien mais aucun son ne sortit de sa bouche. L’enfant fut mordu. C’était Charlie. Il y avait trois ans que son fils était mort.

28/11/1973

Tom Granger annonça à Georgie que Johnny Walker avait eu un accident. Georgie alla le voir à la clinique. Il le connaissait depuis 20 ans. Son vrai nom était Corey Everett Walker mais tout le monde l’appelait Johnny. Sa femme était morte en 1956 et depuis il vivait avec son frère. Si Johnny mourait, Georgie serait le plus ancien employé de Ruban Bleu. Arnie, le frère de Johnny, était dans la salle d’attente. Georgie passa un bras autour des épaules d’Arnie pour le calmer. Mais Arnie se leva et alla voir son frère. Georgie l’entendit hurler. Alors il comprit et s’en alla. Il dit à ses collègues qu’il ne savait rien en retournant à la blanchisserie. Phyllis lui annonça qu’Ordner demandait qu’il la rappelle sans tarder. Harry, l’armurier, avait appelé pour annoncer que les cartouches étaient arrivées. Il alla dans son bureau et jeta tous ses papiers personnels sans oublier son livre de comptabilité. Il écrivit une courte lettre de démission. Il jeta ses deux diplômes. Ron l’appela pour lui dire que Johnny était mort. Georgie lui annonça sa démission. Il lui demanda de fermer la blanchisserie pour la journée. Il appela Harry pour dire qu’il passerait chercher les cartouches. Ordner l’appela pour lui dire qu’il était fou. Mc An avait signé l’acte de vente. Georgie lui annonça sa démission. Ordner lui donna rendez-vous. Georgie se rendit dans le bureau d’Ordner. Sa secrétaire lui sourit. Ordner voulait gifler Georgie. Il pensait que Mc An l’avait acheté. Ordner voulait nommer Georgie vice-président de la société s’il n’avait pas tout gâché. Mais Georgie affirma qu’il n’avait pas touché un sou de Mc an. Mais il ne voulut pas s’expliquer. Il dit qu’il respectait Roy mais que pour Ordner la blanchisserie n’était qu’un joujou. Il pensait qu’Ordner se fichait complètement de lui. Mais Ordner lui parla des employés de la blanchisserie qui allaient perdre leur travail à cause de lui. Georgie le traita de minable. Il prétendit que tous les employés étaient assurés contre le chômage. Pour Ordner, ce n’était que de la charité alors George le traita encore de minable. Selon lui s’il avait commis une erreur, elle ne concernait que lui et Mary. Et Mary ne saurait pas ce qui s’était passé. Ordner voulut savoir s’il avait pensé à son avenir et à celui de Mary. Georgie savait qu’Ordner s’en fichait et voulut savoir si la fermeture de la blanchisserie lui nuirait. Ordner dit que Georgie était perturbé et lui demanda de rentrer chez lui. Il avoua que cette affaire ne lui faisait rien. Georgie affirma qu’il ne voulait pas nuire à Ordner ni à la société Amroco. Mais il ne pouvait pas expliquer pourquoi il avait agi ainsi. Il voulut savoir ce qui passionnait Ordner. Ordner lui répondit qu’il voulait ce que tout le monde voulait. Georgie partit et ne revint jamais. Il alla chez Magliore. La rencontre avec Ordner l’avait davantage affecté qu’il ne l’aurait cru. Magliore lisait le Wall Street Journal. Il en avait plein le cul de la crise. Il demanda à Georgie ce qu’il voulait. Georgie se souvint d’une anecdote de son enfance et sourit. Magliore lui demanda pourquoi. Georgie lui dit que quand il était petit, il avait mis un yoyo dans sa bouche. Le docteur avait dû lui pincer les fesses pour qu’il le relâche. Georgie voulait des explosifs. Magliore savait que Georgie était cinglé. Il voulait des explosifs pour faire sauter une route. Une route qui n’était pas encore construite. Magliore était sûr que Georgie était givré. Alors Georgie parla de la future autoroute qui allait réduire à néant 20 années de sa vie. Magliore devina que la blanchisserie et la maison de Georgie seraient détruites. Il s’était renseigné sur lui. Georgie agirait les dimanches et jours fériés quand le chantier serait fermé. Magliore rit. Il voulut savoir où Georgie trouverait l’argent pour financer son entreprise. Georgie avait touché 3000 dollars de son assurance vie. Mais Magliore lui dit non. Georgie affirma que s’il se faisait prendre, il ne parlerait pas de Magliore mais Magliore ne le croyait pas. Il avait fait de la prison et à la prochaine condamnation, il prendrait 20 ans. Il pensait que c’était un jeu pour Georgie mais pas pour lui. Un Noir était venu le voir deux ans auparavant pour lui demander des explosifs pour faire sauter le tribunal fédéral d’un bled. Magliore lui avait vendu la marchandise. Le Noir s’était fait pincer avant d’agir mais il n’avait pas donné Magliore parce qu’il était avec une bande de cinglés noirs. Quand une bande de trente types voyaient trois d’entre eux se faire coffrer, ils fermaient leur gueule. Alors que Georgie, seul, se foutait de tout. De plus 3 000 dollars n’auraient pas suffi. Magliore lui dit que s’il se mettait au travers de la route les autorités le réduiraient en bouillie avec sa maison et son boulot. Georgie voulut partir. Magliore lui proposa une vieille pute qu’il pourrait tabasser pour débarrasser son organisme de ce poison. Il le trouvait sympa. Georgie partit en courant. Quand il rentra chez lui, Mary pleurait. Elle dit que c’était la fin de tout. Il voulait savoir qui l’avait mise au courant. C’était Tom Granger, la femme de Ron Stone, Vincent Mason. Ils voulaient savoir ce qui clochait chez Georgie. Elle refusa de prendre sa main. Elle pensait qu’il vouait lui faire du mal. Elle croyait qu’il lui en voulait de lui avoir donné un enfant mort-né et un autre dont la mort était programmée. Il dit que c’était leur fils mais elle répondit que c’était celui de Georgie. Il dit qu’il n’avait pas pu s’empêcher d’agir ainsi. Cela avait peut-être un rapport avec Charlie. Mary se demandait ce qu’elle allait devenir. c’était comme si Georgie l’avait violée. Elle se demandait s’il avait pensé à elle en faisant tout ça. Elle monta se coucher et il alluma la télé pour ne plus l’entendre pleurer.

2 Décembre

5/12/1973

Georgie regardait la télé. Il était soûl. Mary était partie. Il avait laissé le thermostat sur 25°. Il se foutait des économies d’énergie. Il voulait acheter un radiateur électrique pour le brancher jour et nuit jusqu’à ce qu’il grille et lui avec pour ne plus s’apitoyer sur lui-même. Il repensait aux programmes qu’il regardait avec Mary. Il lança son verre qui se brisa et éclata en sanglots. La nuit dernière, ivre et en pleurs, il avait appelé Mary et l’avait suppliée de revenir. Elle avait pleuré et lui avait raccroché au nez. Il alla se coucher et rêva.

6/12/1973

Georgie rentrait chez lui par l’autoroute. Il roulait à 120. Depuis que Mary était partie, il allait tous les jours faire un long tour sur l’autoroute. Il ne pensait plus à rien et trouvait la paix. Il passait toujours par Stanton Street et s’arrêtait pour voir où en était le chantier de la 784. Il y avait des badauds. Il les aurait avec joie abattus jusqu’au dernier. Il attendait le soir pour être seul devant le chantier. Durant ces moments, il sentait son moi palpiter chaudement dans la froide indifférence du soir hivernal. Un jour il prit une auto-stoppeuse. Elle attendait depuis une heure. Elle fuma dans la voiture. Il la laisserait à la fin de l’autoroute. Elle pensait que l’autoroute allait jusqu’à Chicago et ne savait pas qu’elle était en construction. Il lui conseilla de s’arrêter à un motel car personne ne la prendrait la nuit. Elle n’avait pas d’argent alors il lui proposa de dormir chez lui mais elle refusa. Elle pensait que la femme de Georgie ne serait pas contente mais il répondit qu’ils étaient séparés. Elle pensait qu’il voulait la baiser mais il lui dit qu’il ne pensait plus pouvoir bander. Elle le sermonna car le cendrier était plein de saletés. Il plaisanta. Elle s’endormit. Puis elle se réveilla pour lui dire qu’il roulait trop vite mais s’en foutait. Il voulut savoir si elle était étudiante. Elle avait suivi six mois de sociologie. Georgie lui parla de l’Ethique du Chien Dressé qu’il venait d’inventer. Elle éclairait des mystères tels que la crise monétaire, l’inflation, la guerre du Vietnam et la crise de l’énergie. Les citoyens des Etats-Unis étaient des chiens dressés à aimer des joujoux consommant d’énormes quantités de pétrole. Au cours de la période s’étendant de 1975 à 1980, un nouveau dressage leur apprendrait à détester les jouets consommateurs d’énergie. La fille le traita de dingo. Pour Georgie, c’étaient les dresseurs qui étaient des crétins. Il dit à la fille qu’il avait perdu sa femme et son travail parce que le monde était devenu fou et c’était la fille qui le traitait de fou. Alors la fille reconnut qu’elle n’avait pas été chic et lui demanda s’il avait vraiment perdu sa femme. Elle voulut qu’il l’emmène chez lui. Elle avait déjà couché avec ivrogne qui l’avait prise en stop. C’était un représentant de commerce marié depuis 14 ans. Et il avait éjaculé au bout de 14 secondes. Georgie s’arrêta pour regarder le chantier. La fille trouvait ça laid. Quand elle était enfant à Portland elle avait joué dans un chantier avec sa soeur et sa mère leur avait mis une fessée. Elle s’occupa du dîner en demandant à Georgie si sa femme lui manquait. Il répondit qu’elle lui manquait terriblement. La fille fit du rôti avec des pommes de terre. Elle n’avait pas mangé autant depuis un an. d’habitude elle mangeait des biscuits pour chiens. Alors Georgie lui donna 200 dollars pour qu’elle s’achète à manger. Ils regardèrent « Vrai ou faux » à la télé. Georgie raconta comment il avait perdu son travail. Elle ne comprit pas pourquoi il avait refusé l’usine. Georgie lui répondit que l’idée lui était intolérable. La fille voulut savoir pourquoi Mary était partie. Georgie lui dit que c’étit parce qu’il n’avait pas acheté de nouvelle maison. La fille voulut savoir ce qu’il allait faire. Il n’en savait rien. Et comment il occupait ses journées. En roulant sur l’autoroute et en buvant devant la télé. La fille voulut savoir pourquoi il avait tout fichu en l’air. Il ne savait pas trop alors elle pensa qu’il était fou ou un homme vraiment remarquable. Elle voulut essayer le mélange de Georgie Southern Confort et Seven Up. Puis elle bailla alors George lui dit d’aller au lit. Elle détourna les yeux. Il lui fit comprendre qu’il ne voulait pas la sauter. Cela la fit sourire. Mais elle lui dit qu’elle était d’accord pour faire l’amour. Georgie refusa car il ne voulait pas qu’elle vende son corps. Elle l’embrassa sur la bouche. Georgie eut une érection. Elle lui dit qu’elle s’appelait Olivia. Elle monta se coucher et Georgie s’endormit devant la télé.