"Du temps qu'on existait" de Marien Defalvard

Pour La Cause Littéraire Du temps qu'on existait, roman de Marien Defalvard, aux Editions Grasset, 371 pages, 20€50. En 2011, au milieu d’une littérature évoluée et contemporaine, il y a Du temps qu’on existait du jeune Marien Defalvard. Une sorte d’ovni littéraire sorti d’on ne sait où. Une sorte d’hommage littéraire, à tous ces écrivains des siècles passés, dont le style a disparu chez la grande majorité des auteurs actuels. Le narrateur nous fait voyager des années 1960 aux années 2000 entre Sacierges, « Paris et ses bruits irritants », Strasbourg et ses hommes charmants, Bouloire, la « Bretagne intérieure, la glaciale, la désolée, celle que hantent des couleurs de cyclamens brûlés » jusqu’à Brest dont « la rue de Siam serait encombrée, hystérique jusqu’à la nuit des temps », Lyon, Tours, Orléans et Coucy. Il nous parle de l’amour comme « de grandes fleurs brillantes sur la surface d’un canal : immobiles, vénéneuses, éclatantes, et, donc, disproportionnées ; noyant, aussi, la faune du dessous, lui masquant le soleil et brunissant son eau ». De la vie. De la mort qui est « imposée, qu’on ne pouvait pas entourer la mention, cocher la croix, la choisir comme son option de classe préparatoire ou son plat du jour ». De l’enfance. Parfois de la religion. De l’ennui aussi. Sentiment que le narrateur nous transmet de temps à autre. Seul regret de ce roman d’un autre siècle. Du temps qu’on existait est indéniablement une prouesse littéraire, à l’heure actuelle, qui plus est, par un jeune homme de 19 ans. C’est un beau roman, plein de poésie, d’inspiration proustienne, qui nous donne l’envie d’évasion à travers le regard de ce jeune écrivain. Marien Defalvard est un jeune homme perdu dans les siècles, que l’on pourrait parfois confondre avec son narrateur : « J’abusais du passé pour me garder de vivre ». Myriam Thibault