La Kényane Wangari Maathai, première femme africaine à avoir reçu le prix Nobel de la paix pour son engagement en faveur de l'environnement, est morte, dimanche 25 septembre, des suites d'un cancer. Le Mouvement de la ceinture verte (Green Belt Movement), qu'elle avait fondé en 1977, a annoncé ce lundi sa mort sur son site Internet: "C'est avec une immense tristesse que la famille du Pr Wangari Maathai annonce son décès, survenu le 25 septembre 2011 après un long et courageux combat contre le cancer." Auteure de nombreux ouvrages, cette biologiste et vétérinaire de formation était âgée de 71 ans. Elle était une figure du combat écologiste dans son pays dès les années 1970. En 2004, lorsqu'elle s'est vu décerner le prix Nobel, le jury avait alors motivé son choix en louant son "approche holistique du développement durable, qui englobe la démocratie, les droits humains et en particulier ceux de la femme".
Le Green Belt Movement œuvre, grâce à des projets de plantations d'arbres en Afrique, à promouvoir la biodiversité tout en créant des emplois pour les femmes et en valorisant leur image dans la société. Depuis sa création, il y a bientôt quinze ans, l'organisation a permis de planter près de 40 millions d'arbres sur le continent.
Dans son autobiographie publiée en 2006, Unbowed: A Memoir ("Insoumise : Mémoires", Celle qui plante des arbres, éditions EHO), Wangari Maathai racontait comment, sous l'effet du changement climatique notamment, l'environnement s'était dégradé dans sa région du mont Kenya. "A l'époque de ma naissance, les paysages autour d'Ihithe (Centre) étaient riches, verts et fertiles, (...) les saisons étaient si régulières", raconte-t-elle. "Aujourd'hui, le climat et l'environnement ont changé" et sont devenus "imprévisibles".
Au-delà de son pays natal, Wangari Maathai avait étendu son combat pour l'environnement à toute l'Afrique. Ces dernières années, la militante s'était investie dans la sauvegarde de la forêt du bassin du Congo, en Afrique centrale, deuxième massif forestier tropical au monde.
CARRIÈRE POLITIQUE
Wangari Maathai a été la première lauréate d'un doctorat en Afrique centrale et de l'Est. Elle a dirigé la Croix-Rouge kényane dans les années 1970, s'impliquant surtout dans le combat contre le régime autoritaire du président de l'époque, Daniel Arap Moi.
Plusieurs fois blessée par les forces de sécurité lors de manifestations, elle a connu à plusieurs reprises la prison.
Après l'avènement du multipartisme et l'élection de Mwai Kibaki, en 2002, Wangari Maathaï devient secrétaire d'Etat à l'environnement entre 2003 et 2005. Elle sera vite déçue de cette expérience et, quand le Kenya se retrouve au bord du chaos dans la foulée de la réélection contestée de Kibaki en 2007, elle accuse ce dernier d'avoir "échoué à protéger ses citoyens et leurs biens". Ce qui lui vaudra, dira-t-elle, des menaces de mort.
Certaines de ses déclarations controversées sur le sida en 2003 – sur lesquelles elle est revenue – avaient cependant suscité des réserves à son égard, notamment de Washington.
Mme Maathai a été mariée un temps à un politicien, qui a divorcé d'elle, la laissant avec trois enfants – Waweru, Wanjira et Muta – et une petite-fille, Ruth Wangari. Son ex-mari lui reprochait d'être "trop instruite, trop forte, trop brillante, trop têtue et trop difficile à contrôler".