Tous ceux qui lisent – comme je le fais régulièrement et depuis de nombreux mois – Juan Asensio sur son blog Stalker – Dissection du cadavre de la littérature se réjouiront de la parution de son essai La littérature à contre-nuit aux éditions A contrario. Enfin un LIVRE, un objet de papier (pour distraire nos yeux de l’écran virtuel), juste retour des choses pour ce formidable lecteur qui aime tant les livres, à la seule condition qu’ils soient essentiels.
Extrait de l’avant-propos :
"Difficulté première de celui qui crée mais ensuite, difficulté de celui qui tente de comprendre la portée de l’œuvre étudiée. La «corne de taureau» chère au Leiris de L’Âge d’homme est donc, conformément à son modèle naturel, double. Autre chose cependant est d’affirmer que cette image d’une œuvre jaillissant de l’informe peut nous aider à comprendre que le langage, donc l’écriture, ne sont pas seulement menacés par le bavardage, la futilité, le jargon ou le mensonge, mais corrompus de l’intérieur par un cancer qui les vide de leur substance. Dans les pages qui suivent, nous verrons combien les voies souterraines empruntées par ce cancer sont nombreuses, combien variées sont ses métastases : chacun des auteurs étudiés offrira du Mal, ou, selon un terme moins vague, du démoniaque, sa propre vision, qui bien sûr a maille à partir avec son travail d’écriture et, plus largement, avec l’émergence de toute parole. Je reviens donc, une dernière fois dans cet avant-propos, sur la question du Mal, précisant ma pensée, tentant modestement, comme rêvait de le réaliser Gide avec le démon, une identification du démoniaque, même si les différentes études composant ce livre n’évoquent celui-ci que de façon indirecte et comme au travers d’un miroir.»
En attendant sa mise en place dans les bonnes librairies, signalons que l’ouvrage de Juan Asensio – comme ceux d’autres auteurs des éditions A contrario (Baumier, Fuentès, Kober…) et comme l’imposante revue La Sœur de l’ange – peuvent être commandés sur le site de la Fnac.