Le bio s'impose avec légitimité. Pourtant, à ses débuts, la cosmétique bio en a fait sourire plus d'un... ceux qui ne croyaient pas à sa longévité. Et bien elle a réussi son pari ! Bel exemple, les soins anti-âge sont désormais à la hauteur des soins traditionnels.
Le bio se démocratise...
En 2010, 24.5 % des femmes ont acheté un produit d'hygiène beauté bio contre 7.8 % en 2007. Ce sont donc désormais plus de 6 millions de femmes concernées. Et le soin reste le secteur qui touche le plus les femmes.
Certains marques ont aidé le processus, Mixa en fait certainement partie. Elle lançait en 2010, grâce notamment à son égérie Estelle Lefebure, une gamme bio anti-rides à moins de 10 €, en grande distribution. Leur communication simple et leur rapport qualité/prix en font un tremplin vers le bio pour des milliers de femmes.
... et se professionnalise
En parallèle de cette plus grande accessibilité, certaines marques plus sélectives se basent sur un discours scientifique et légitiment le bio dans des secteurs spécifiques comme l'anti-âge. " L'anti-âge est le seul secteur où l'efficacité est primordiale, et c'est là qu'il y a le plus d'évolution dans le bio" souligne Julie Wainberg, directrice marketing de Kibio. " Les discours deviennent très différents. Soit la marque reste sur le bio traditionnel en citant le nom des plantes, soit elle entre dans un discours plus scientifique avec le nom des molécules et les tests d'efficacité ". Une tendance confirmée par Cyrille Tellinge, fondateur de Novexpert, une marque bio très pointue dans l'anti-âge : " La haute technicité est tout à fait admise par Ecocert ". Un exemple, l'équipe a déposé deux brevets pour développer un système sans conservateur ! Leur fabrication se fait selon les codes pharmaceutiques également. Leurs laboratoires ont mis au point un actif exclusif, la Novaxyline, aux remarquables propriétés anti-âge. C'est un extrait d'algue greffé à un polymère (polysaccharide) obtenu par des techniques d'extraction et de biotechnologie.
Les actifs végétaux certifiés bio se modernisent
Dans le secteur des anti-âge, une des premières nécessités est d'hydrater - une peau qui manque d'hydratation se marque plus rapidement. En outre, avec l'âge, la peau devient plus sèche. L'acide hyaluronique, désormais obtenu par biotechnologie, est une molécule de choix : il préserve la teneur en eau de la peau (il y est naturellement présent).
Citons également les huiles végétales, depuis longtemps utilisées pour leurs vertus hydratantes et régénérantes : huile de carthame, d'onagre, de tournesol, de figue de Barbarie... et l'huile d'argan bio, exemple emblématique de l'anti-âge. Riche en acides gras essentielles (omega 3 et 6) et vitamines A et E, elle aide la peau à maintenir un fort taux d'hydratation et à conserver son film hydrolipidique (qui protège la peau des agressions extérieures). La société Lea Nature l'a choisie pour toute sa marque Lift'Argan (avec tests d'efficacité à l'appui). L'huile d'argan utilisée par cette société est en outre issue d'un commerce solidaire avec le Maroc.
Mais au cours des dix dernières années, le grand progrès est le développement d'actifs bio élaborés et testés pour leur efficacité. Des techniques de pointe, comme " l'extraction au CO2 supercritique " permet d'obtenir des extraits végétaux d'une grande pureté. Ils peuvent agir selon différents procédés : protéger les cellules de la peau de l'oxydation (le " stress oxydatif " est l'une des causes du vieillissement cutané), stimuler la peau qui synthétise plus activement certaines molécules clés comme le collagène, limiter les processus d'inflammation, etc...
Natur'Alps, un laboratoire suisse spécialisé dans la formulation de produits naturels, cite également les cellules souches végétales : sélectionnées à partir d'une espèce végétale puis dupliquées en laboratoire, elles sont très concentrées en actifs : acides aminés, anti-oxydants... Un exemple anti-âge : les cellules souches de pomme (ces cellules ne sont pas à confondre avec les cellules souches de la peau).
Quand ce sont les bourgeons, les graines ou les pépins qui sont exploités, on parle de gemmothérapie. Selon Bernard Chevilliat, directeur de Melvita, " les cellules natives des bourgeons tout autant que les extraits de graines recèlent la quintessence de la jeunesse de la plante ". D'où une utilisation précieuse pour redynamiser les peaux en manque de jeunesse. Extraits de bourgeon de hêtre et de graine d'hibiscus sont ainsi utilisés dans leur gamme Naturalift.
Weleda utilise de son côté de l'huile issue des pépins de grenade et un extrait de graine de millet bio dans sa gamme destinée aux femmes de plus de 40 ans.
Texture et parfum : le bio ne fait plus de concessions !
Les crèmes bio ont beaucoup progressé en terme de texture. Il y a dix ans, les formulations dites " naturelles " souffraient d'imperfections gênantes : le toucher était gras, les odeurs parfois désagréables ... Ce temps est révolu ! Les soins bio ont désormais des textures variées et adaptées, tout comme les soins non bio. Texture fraîche et légère pour les soins destinés aux peaux normales ou mixtes, textures plus riches et fondantes pour les peaux matures.
Les soins anti-âge bio bénéficient également de parfums bien plus élaborés.
" Auparavant, la senteur résultait de l'ensemble des ingrédients, sans travail aromatique " explique J. Wainberg. Ce sont désormais de véritables compositions parfumées, avec notes de tête, de coeur et de fond. Et le plaisir que l'on a à appliquer une crème ne fait qu'accroître son efficacité ! Mais remarquons que certains marques choisissent de n'intégrer ni parfum ni huiles essentielles pour un maximum de tolérance.