J'ai ressorti aujourd'hui en tentant de faire un brin de ménage dans les tiroirs de mon bureau mes anciennes cartes d'étudiant. Je m'étais inscrit en thèse à Paris I de 1998 à 2001. Le sujet c'était La transmission de la philosophie platonicienne dans le monde arabo-muslman. Trois années plus une année de suspension de thèse - donc une année à travailler officieusement le problème en attendant la soutenance qui n'arriva jamais. Quatre années à s'abîmer les yeux sur des textes arabes (et attention, un arabe classique du moyen-âge avec des termes pas toujours évidents à interpréter dans leur sens "moyen âgeux"), anglais (une grande partie du boulot ayant été défriché par des chercheurs anglo saxons), allemand, italien (dont je ne parle pas un traitre mot - surtout l'allemand, l'italien, on s'en sort un peu quand même), persan (pour deux, trois textes mais là, ça va, j'ai des notions quand même). Un boulot de dingue où sans un sou (ayant fait mon DEA à Lille, je ne pouvais avoir de bourse à Paris pour une thèse, il aurait fallu faire mon DEA à Paris - ah les joies des règles non écrites de l'administration), donc sur des fonds personnels, j'ai écumé l'IMA (l'Institut du Monde Arabe pour les nons initiés, sa bibliothèque) et la bibliothèque de la Sorbonne (où j'ai attendu des ouvrages côtés mais visiblement disparus ...). Le problème pour celui qui sort des textes connus de la philosophie arabe (en clair, ceux qui sont traduits et que tout le monde veut bien commenter vu qu'ils sont traduits ... les autres, non traduits et qui pourraient nuancer l'interprétation des textes traduits, eh bien on attend qu'on les traduise justement ...), ce n'est pas de trouver les bons livres mais les bibliothèques qui sont susceptibles d'abriter les bons livres. Et quand je dis les bibliothèques, Paris ne suffit pas. Et allons plus loin encore, là, je me limite aux textes qui sont édités, parce qu'il y en a à l'état de manuscrit à droite à gauche (on ne sait pas forcément où car - peut-être cela a-t-il changé depuis 2001 - toutes les bibliothèques arabes - publiques ou privées - n'ont pas été forcément bien "inventoriées").
Dans le domaine que j'avais choisi, le passage du grec à l'arabe, il faut forcément la perle rare. Car dans le domaine de la philosophie gréco-arabe, il faut quelqu'un qui connaisse la philosophie, le grec, l'arabe (je ne parle pas de l'anglais, ça va de soi mais bon, quand on a déjà grec et arabe, on n'est plus à ça près ...). J'étais partant pour cette aventure. Gratos en plus. De toute façon, hein, une thèse dans le domaine des sciences humaines, c'est pas ça qui allait m'apporter du boulot et tout était prévu, du boulot, j'en avais ailleurs. J'ai tenu quatre ans et face à l'immensité de la tâche, mes faiblesses peut-être (je n'ai pas une maîtrise extraordinaire de l'arabe même si je me débrouille un peu et l'arabe du moyen âge, je me méfiais un peu, est-ce que je l'interprétais correctement ? Les mots, ça évolue, les concepts aussi, on le sait ça quand on a fait des études littéraires), j'ai laissé tomber.
Bon. Ce n'est pas d'actualité de reprendre cette thèse mais il m'arrivera de parler de philosophie arabe de temps en temps. Alors, si vous suivez ce blog pour la science-fiction, la musique ou les textes humouristiques, pas de souci, tout est bien classé par catégorie. Choisissez ce qui vous plaît. Ou prenez tout. C'est gratos.