A l'occasion de préparation de la prochaine période de contractualisation (post 2013), la question de l'avenir de l'agriculture est un sujet considéré comme majeur par certains membres du Gouvernement. Si cela est justifié pour le Ministre en charge de l'agriculture, le niveau d'importance donné dans le cadre de l'élaboration de la position française (primauté à la PAC sur les autres fonds structurels) pose question dans le contexte de crise financière actuel.
L'enjeu du maintien des capacités productives agricoles pour répondre aux besoins alimentaires mondiaux a été souligné par la FAO, organisme de l'ONU. Leur constat montre que d'ici à la fin du siècle des tensions vont apparaître pour permettre à l'offre de répondre aux besoins de la population mondiale, hors problématiques économiques. La solution esquissée souligne la nécessité, pour l'ensemble des pays ayant des capacités productives importantes et de qualité, de maintenir ces capacités dans la mesure du possible.
Dans cet objectif de long terme, il apparaît opportun de soutenir l'agriculture pour son maintien à travers les décennies. Toutefois, une telle approche soulève plusieurs problèmes :
- Les méthodes de soutien (par les subventions) visent-elles les bons producteurs ?
- Le financement de ces méthodes est-il pérenne ?
- La méthode retenue permet-elle à l'agriculture de résister aux différentes pressions (consommation d'espace ...) ?
Or, il est clair pour beaucoup d'acteurs, que les réponses à ces questions ne sont pas de nature à justifier la méthode employée jusqu'ici. Ou, en tout cas à la poursuivre.
En effet, une part importante des subventions, en France, vont en direction des productions céréalières. Or, du fait de diverses tensions sur le marché international, le cours des céréal a fortement augmenté ces dernières années. Cela induit une forte baisse de l'effet incitatif des subventions attribuées. Parallèlement, les techniques employées pour accroitre les rendements (irrigation, inrtants chimiques ...) sont de plus en plus souvent décriés pour leur effet sur l'environnement. Cette filière nécessite un cadre réglementaire contraignant et non plus des aides au développement.
Par ailleurs, les grandes difficultés auxquelles font faces les agriculteurs concernent la morcellisation de leur parcelles. En cause, la réalisation d'infrastructures, de réseaux, l'urbanisation et ses impacts ... La seule solution serait une meilleure prise en considération de ces enjeux lors de la phase amont des projets concernés, ce qui n'est toujours pas le cas. Il ne faut toutefois pas se leurrer, les agriculteurs sont aussi de grands bénéficiaires de ces politiques d'aménagement. En effet, elles leur permettent de faire "fructifier" leur patrimoine lors de son acquisition par les opérateurs. Ils sont donc, pour certains, très intéressés par l'aboutissement de ces projets consommateurs de terrains productifs.
Cela nous amène à considérer la politique d'aménagement du territoire au regard de l'agriculture. Comme cela a déjà été évoqué dans ces colonnes, l'aménagement du territoire en France a principalement visé la structuration et la réalisation des infrastructures nécessaire au développement des territoires. Plusieurs exercices de prospectives ont été réalisés par la DATAR, soulignant divers problématiques auxquelles pourraient être confrontés les territoires dans l'avenir. Mais jusqu'ici l'agriculture n'a jamais été vue sous l'angle d'un potentiel productif au niveau mondial. Donc aucune politique d'aménagement du territoire ne s'est concentrée sur ce sujet. La seule approche du secteur a visé le soutien financier aux secteurs les plus "rentables" de la filière.
Or c'est bien le contraire qu'il faudrait maintenant considérer au regard de l'analyse de la FAO. Ce changement de perspective est cependant difficile à porter politiquement car l'ensemble de la filière agricole s'est appropriée ces aides comme un "dû" et non plus une aide dans une phase de transition.
Là encore il faut réussir à sortir des sentiers battus, mais bien gardés par des acteurs économiques qui résistent au changement, alors qu'une part non négleable d'entre eux auraient tout à y gagner.