NDLR : il est très difficile d'extraire une séquence de ce livre, extrêmement construit et cohérent, constitué d'une série de sept " mantras " de vingt à trente pages, séquencées et se terminant toujours par un texte en capitales, justifié, formé d'une phrase de cinq ou six lignes qui se répète....
Mantra des réalités invisibles et des doigts troués de la vue
On aurait dit
qu'elle réfléchissait
je ne sais trop quelle lumière.
Je ne sais trop
quelle lumière.
S'interrogeait,
comme souvent :
Mais comment se tenir droit
dans la maison si basse ?
Quand n'existe d'autre possible
que de rouler quelques balles de boue
sous nos doigts, sans arrêt,
Il paraît qu'on en fait des perles,
parfois.
Un blanc.
Tandis que défilent les singes :
l'horreur, l'injustice, la cruauté,
l'inextinguible domination
de l'un par l'autre,
le délire de la destruction
le délire de la construction
Elle se serait giflée.
Nuit du commencement,
ivoire,
jusqu'à la fin.
Sans jamais rien à déclarer.
En apparence.
Elle osait pourtant :
Puisque tout est possible.
Ivoire, noire,
même si un serpent argent
parvenait à s'y faufiler
à l'instant.
Toujours force.
Toujours spirale.
Elle insistait :
C'était qu'en fait,
sous les replis des yeux,
si lourds,
cent paupières
l'une sur l'autre,
elle ne sentait presque plus rien.
Tenait bon,
simplement.
Résistait
[...]
Franck André Jamme, Mantra Box, Éditions de la revue Conférence, 2010, pp. 29 à 33.
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