Après Copenhague, l'UCI tient-elle toujours le cap ?

Publié le 26 septembre 2011 par Jeanpaulbrouchon

Le championnat du monde de Stockolm, totalement occulté des grands médias, a couronné sans surprises le britannique Mark Cavendish.

Je ne sais qui, de Mark Cavendish, le nouveau champion du monde sur route, ou son compatriote Bradley Wiggins - qui lui a offert la victoire sur un plateau en maintenant un train infernal durant le dernier tour du circuit de Rudersdal - il faut le plus admirer. Certes, le succès du « bad boy » de l’île de Man était programmé, sur un tracé sans grand relief mais encore fallait-il l’amener en position de défendre ses chances en vue de l’arrivée. Tous comptes faits, le comportement de l’équipe de Grande Bretagne a été exemplaire en empêchant les échappées de se développer durant toute la course et en condamnant les actions individuelles dans la phase finale, notamment celles d’Anthony Roux puis de Thomas Voeckler, encore une fois remarquable de détermination.
Il n’empêche que Cavendish a bénéficié de l’élimination prématurée de Hushovd sur chute, sinon tout eût pu être différent. C’est en définitive ce qu’il faut retenir de ce rendez-vous arc-en-ciel 2011qui sacre un sprinter, comme Cippolini à Zolder en 2002, ou auparavant Van Steenbergen (1949-56-57), Darrigade (1959), Van Looy (1960-61), Beheyt (1963), Ottenbros (1969), Basso (1972), Maertens (1976-81), Raas (1979), Saronni (1982) et Freire (1999-2001-04). Désormais, Cavendish prend date avec l’échéance des JO de Londres, l’an prochain, et le Tour de France 2012 ne lui servira que de préparation pour affûter sa pointe de vitesse.
On aurait aimé un champion du monde plus représentatif mais le parcours ne le permettait pas vraiment. Car le registre d’expression de Cavendish est tout de même assez limité. Il faut à peine plus d’un pont de chemin de fer pour le faire décrocher du peloton et l’on ne voit pas toujours comment il s’y prend pour terminer dans les délais. Quand il y parvient ! Mais bon, on se réjouit de voir ces prochaines années un grimpeur se parer du maillot arc-en-ciel dans une véritable course de côte, car il en faut pour tous les goûts, n’est-ce pas ?
A ce propos, les Allemands ne sont pas à plaindre puisqu’à la médaille de bronze de Greipel il faut ajouter les deux médailles d’or de Judith Arndt et Tony Martin dans les épreuves chronométrées. Sans vouloir froisser personne, c’est « Deutschland über alles » dans cet exercice particulier qui demande d’exceptionnelles qualités physiques et morales afin de soutenir un effort total durant une heure à très haute intensité. Même Cancellara, quatre fois champion du monde dans la spécialité et médaille d’or aux JO de Pékin, a trouvé cette fois son maître en la matière. Une défaite qui s’est vite dessinée car dès le début on a vu que le Suisse manquait de puissance pour soutenir la comparaison avec le grand dominateur de la saison. En ratant deux virages sur la fin, il a même laissé échapper la médaille d’argent au profit de Wiggins, bien rôdé par la Vuelta et qui se révèle comme un coureur très complet.
Sur route, on a bien aimé le comportement de l’équipe de France dans une course cadenassée par les Britanniques et les Allemands. Yoan Offredo représente l’avenir chez les professionnels mais c’est surtout la relève qui est porteuse d’espoirs. Après celle de Romain Sicard en 2009, la double réussite d’Arnaud Demarre et Adrien Petit chez les moins de 23 ans, celle de Lecuisinier chez les juniors confirment la valeur du travail effectué en profondeur au niveau des clubs et de l’encadrement de la FFC. Malgré les difficultés connues. Un constat qui nous rappelle les propos maintes fois entendus de Bernard Hinault, affirmant que « les Français ne veulent plus souffrir et qu’ils ne savent pas s’entraîner ! ».
Or les jeunes Français, soumis à des contrôles périodiques, sont parmi les meilleurs du monde (sur route, sur piste, en VTT) dans les catégories « inférieures ». C’est après que le problème se pose, chez les pros précisément. Trop de pressions de la part des médias ? Des sponsors ? Des managers ? Trop d’impatience ? Ou alors le dopage qui nourrit un cyclisme à deux vitesses,quoi qu’on en pense en haut lieu ?
Comment ne pas continuer à se poser des questions quant à l’attitude de l’UCI qui a bien du mal à tenir le cap. La preuve ? Le moratoire qui prolonge d’un an l’utilisation des oreillettes dans le peloton du World Tour alors que son comité directeur en avait interdit l’usage dès janvier 2012. Autre décision prise : l’apparition d’un contre-la-montre par équipes de marque au programme du prochain championnat du monde, à Valkenburg, en 2012. La victoire des sponsors et des managers qui poussent au cul pour étendre leur domination sur le cyclisme professionnel. Jusqu’à en prendre le contrôle bientôt ?

Bertrand Duboux