Vu d’en haut, le monde est une aquarelle. Des flaques de couleurs, précisées pour les yeux d’en bas par un pinceau qui ne peut être humain, sont parfois malmenées par les intempéries célestes. On l’ignore trop souvent mais les nuages sont des artistes qui aiment à nuancer les contours des choses terrestres. Les nuages sont des éponges volantes qui absorbent et étalent, ils font régner l’équilibre des couleurs.
Ils dorment aussi parfois, se laissant porter par le vent. C’est difficile de résister au sommeil qui me gagne à chaque fois que je monte là haut. Est-ce un dû à rendre à l’inconscience naturelle ? Je perds conscience de temps à autre et je me retrouve au dessus de lieux inconnus. Les cathédrales, les minarets, les colonnes m’indiquent quelle route j’emprunte – je ne suis pas perdu quand même !
Tout en bas, dans les endroits les plus peuplés, je vois de minuscules points qui s’agitent. Ils vont tous très vite. Après quoi courent-ils ? Là haut, on comprend que la lenteur est le rythme par excellence du sacré. C’est la dernière réflexion que je me fais avant de m’assoupir. A nouveau.