« La douleur » au Théâtre de l’Atelier:pour une fois, souffrir est un plaisir

Publié le 24 septembre 2011 par Audem

Pour 30 reprises exceptionnelles, la comédienne Dominique Blanc s’empare des planches du Théâtre de l’Atelier pour interprêter La douleur. Elle y sert magistralement le texte de Marguerite Duras, qui livra dans ce journal la longue attente du retour du camp de Dachau de son mari Robert L , au printemps 1945, alors même qu’elle ignore s’il est encore vivant.

Le texte est âpre, dur, dissequant une souffrance dont on ne sait pendant un long moment si elle aura un remède. La fine mise en scène signée Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang fait écho de ce chaos à travers un décor épuré, laissant entrevoir les coulisses du théâtre – dans un désordre à l’image des pensées envahies par la solitude.

Au coeur de ça se tient Dominique Blanc. Précise, sèche, elle incarne la douleur qui la dévore avec une violence saisisante. Comme un cri sourd, elle livre un quotidien qui aurait pu ne faire d’elle qu’un fantôme, entre l’attente quotidienne des trains de déportés en gare d’Austerlitz et les amitiés qui ne suffisent plus à apporter un semblant de vie. 

S’il est difficile de rentrer dans la pièce et d’en appréhender le rythme – lent et longtemps linéaire – elle laisse sous le coup d’un électrochoc. Une vraie leçon de théâtre donc (Dominique Blanc a été récompensée en 2010 par le Molière de la meilleure comédienne), où pour une fois, on peut aimer souffrir…

 

Jusqu’au 22 octobre au Théâtre de l’Atelier (métro Abbesses ou Anvers) - Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 18h. Places de 10€ à 33€.