Clémentine CARSBERG, Cheminée d’usine, 2008. carton, papier peint, bois.
Photographie de la construction crée lors de la résidence Face à face avec l’association
Ecume, Marseille, France. (photographie Alessandra Morandi) Courtesy www.esbam.fr
Décalage flagrant entre la presse, et la réalité du terrain. Ville à deux vitesses. Ville sinistrée par une politique mafieuse, irresponsable.
Sur les panneaux Decaux s’étale la proposition alléchante des journées du patrimoine (17-18 septembre dernier), avec pour slogan « Ma ville accélère ».
Au programme des nouveautés, visite de l’ancien Silo à Grain transformé en salle de concert high tech, ouverture du Château de la buzine (le fameux château qui appartenait à la mère de Marcel Pagnol), qui devient la Maison des Cinématographies de la Méditerranée. Une belle publicité également pour le mémorial de la Marseillaise (dont nous avons parlé ici), qui n’est ni plus, ni moins, une buvette aux couleurs françaises flanquée d’un magasin de souvenirs estampillés « marseillaise ».
La ville investit dans la restauration du patrimoine et ce n’est pas un mal, elle mise sur des pôles d’attractions culturels internationaux, pointus et pérennes, pour développer une nouvelle notoriété culturelle.
Mais elle se fout royalement de la condition des artistes locaux, des galeristes qui font de la résistance (à la crise), et du public jusqu’en 2013. Je radote, mais qu'on se le dise: sur une vingtaine de musées que compte la ville, la moitié est fermée pour rénovations avant 2013. Pas difficile dans ce cas, de dire que les marseillais n’ont vraiment que faire de la culture, et qu’ils préfèrent aller à la pêche le week end !
Divers matériaux, montage avec peinture.
Dans les apparences, tout va bien : il y a de plus en plus de structures d’art contemporain référencées dans le guide marseille-expos (parution mensuelle), notamment une nouvelle galerie qui fait des vagues avant même d’avoir fait ses preuves : la Galerie Gourvennec-Ogor. Jugez plutôt, sans y être encore allée, je sais déjà que son fondateur, Didier Gourvennec-Ogor, souhaite faire du quartier des docks un nouveau marais, et attirer grâce à son carnet d’adresses, collectionneurs internationaux et pointures artistiques géantes. Ce monsieur, à qui nous souhaitons sincèrement bonne chance, a travaillé entre autres expériences auprés de Roger Pailhas, Yvon Lambert et Nathalie Vallois.
Autre son de cloche : Dans le numéro 15 du 8ème art, Dukan et Hourdequin expliquent pourquoi leur excellente galerie s’installe définitivement à Paris, las du marché marseillais inexistant. Ce mois-ci ferme la galerie Polysémie du Cours Pierre Puget, ouverte en grande pompe 2 ans plus tôt. La VIP art galerie de la rue Grignan, malgré une programmation de qualité, ne survit que grâce à son 2ème marché (vente d’œuvres d’art moderne).
Et combien d’artistes rencontrés lors des visites d’ateliers organisées par le Château de Servières, qui sont également artistes-boulangers ou artistes-serveurs? Vous me direz, oui c’est dur pour tout le monde et chacun doit se bouger les fesses pour gagner sa croûte. Je vous répondrai que vous avez raison, mais qu’il s’agit simplement de souligner que sans achat, l’art, même s’il est fait pour être partagé, dépérit, car les moyens de production, pauvres et issus du sytème D, les temps de production, entre 2 jobs, et l’inspiration ( ?) en prennent un sacré coup.
Au fond, je me pose la question : Sans collectionneur ni commande publique, point d’artiste ?
Une piste de réflexion est possible à l’espace de l’art concret de Mouans Sartoux, jusqu’au 30 octobre.
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*** Merci à Clémentine CARSBERG, atelier n°13, qui nous a reçu avec une grande gentillesse dans son atelier-maison ce week-end. Son travail est à découvrir ici. Là, Tomas Colaço, artiste lisboète invité.
***A vendre: Jusqu'au 27 septembre
dans le cadre de la 13ème ouverture d'ateliers d'artistes, les oeuvres des artistes vendues par les artistes, à petits prix:
Immeuble Communica
2 place François Mireur
13001 Marseille
Renseignements: Château de Servières, Martine Robin, 04 91 85 42 78
*** Espace de l'art concret, Mouans Sartoux : Collectionneurs en situation
Jusqu'au 30 octobre 2011
Commissariat : Fabienne Fulchéri