Littérature et mythe dans l’Orient-Express. De Paris à Istanbul

Parler de l’Orient Express c’est remémorer le voyage le plus désiré. C’est se rappeler d’une époque de glamour, élégance et culture, quand la route se faisait calmement pour devenir toute une expérience. Au point que l’Orient Express a été élu par la maison Chanel pour être avec Audrey Tautou le protagoniste du dernier spot publicitaire de son légendaire numéro 5. Il s’agit seulement d’un exemple, ce train centenaire a séduit écrivains, poètes, peintres et réalisateurs depuis qu’il a commencé à parcourir l’Europe en unissant Paris (on pouvait aussi partir de Londres avec une correspondance à Calais) avec l’ancienne Constantinople (Istanbul) vers 1883.

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Dans ses wagons exclusifs décorés avec de la marqueterie, du cristal de Lalique, vaisselle de Limoges, draps de lin, mobilier moderniste ou tapisserie de velours et pourvu de technologie des plus avancées pour l’époque (l’eau chaude dans les compartiments privés), se côtoyaient les nouveaux riches d’outre-mer avec le nec plus ultra de l’aristocratie européenne. Mata Hari, Isadora Duncan ou le roi de Bulgarie ont laissé leurs anecdotes particulières de voyage, entre conversations, coupes de champagne et repos en privé, jusqu’à arriver à Budapest, au château de Peles, en pleine Roumanie et à Constantinople, fin du trajet.

L’Orient Express a été un des premiers trains de longue distance. Tout y était luxe, distinction et confort, il n’est pour autant pas étonnant qu’il ait été le théâtre préféré pour situer des romans, et plus tard des films et spots publicitaires. Dans cette distribution littéraire, le livre d’Agatha Christie Assassinat dans l’Orient Express (1934), avec comme protagoniste son détective préféré, Hercules Poirot et magistralement porté au cinéma par Sidney Lumet. Tourné en 1974, le film compte avec une Lauren Bacall spectaculaire, accompagnée d’Ingrid Bergman (dont la magnifique interprétation a été récompensée par un Oscar) et également par Sean Connery et Anthony Perkins. C’est une des meilleures œuvres de suspense de Christie, qui est capable de nouer une trame complexe sur une vengeance élaborée et méritée.

Les couloirs, restaurants et compartiments de l’Orient Express se sont prêtes divinement à l’intrigue, aux amoures illicites, à la conspiration, au vol et à l’assassinat, ce qui explique que tellement d’auteurs se soient inspiré de lui pour situer leurs œuvres, du roman d’Agatha Christie jusqu’au livre qui a rendu célèbre Graham Green, intitulé précisément, El train à Istanbul (1932), en passant par Ian Fleming et 007 en mission spéciale contre le Dr No dans Bons Baisers de Russie (1957).

Candela Vizcaíno