« Avec une société qui entend interdire à ses membres l’usage du tabac et des drogues, qui impose à leur consommation d’alcool des limitations de plus en plus sévères, qui pousse l’incorrection jusqu’à intervenir dans leur vie sexuelle par des objurgations incessantes concernant l’emploi du préservatif, il est évident que plus aucun dialogue n’est possible. Cela fait des années déjà que je n’ai plus l’impression de vivre réellement en société, mais de m’être habitué à l’idée d’une survie en périphérie de zone hostile, rendue possible essentiellement par une limitation de la surface d’échanges. Les politiques de santé publique ont peu à peu rendu invivables les zones urbaines, inutilisables les moyens de transport collectif ; mais il subsiste encore de nombreuses zones rurales en Europe occidentale, souvent d’une grande beauté, où le contrôle policier reste limité, où les infrastructures (électricité, eau potable) restent bonnes, où l’importation autoritaire d’animaux dangereux (loups, ours) ne menace pas encore directement la survie humaine. »
Houellebecq est égal au meilleur de lui-même dans son nouveau blog, Mourir II. Il aborde, entre autres choses, le lynchage médiatique dont il a été victime lors de la sortie de La possibilité d’une île, l’adaptation de ses livres au cinéma, sa rencontre avec Maurice Pialat, et ses difficultés pour la réalisation du film qu’il voulait tourner : « Il semble aujourd’hui acquis que malgré les promesses formelles, tant écrites qu’orales, d’Arnaud Lagardère, le groupe Hachette ne participera pas au financement du film tiré de “La possibilité d’une île”. »