Ma Part du Gâteau // De Cédric Klapisch. Avec Karin Viard, Gilles Lellouche et Audrey Lamy.
J'adore le cinéma de Klapisch et sa lutte constante contre la société et surtout celle des classe. Cela donne des films aux sujets qui au fond se ressemblent mais qui ont toujours une jolie
petite âme. Ma Part du Gâteau est loin d'être son meilleur mais je l'ai trouvé intéressant, le problème de ce film vient en fait de Karin Viard, cette actrice miroir teinté que je trouve aussi
physionomiste que la chanson qu'elle chantonne dans le film, ou encore cette danse dans un Liddl. Et justement, cette ouvrière qu'elle incarne a un vrai prénom symbolique puisqu'elle porte le nom
de notre pays. C'est une sorte d'affront, un vrai étendard posé. Au fond, ce film est une critique des riches qui se sont enrichis sur les plus pauvres sans qu'ils ne sachent. Ces derniers
peuvent même se retrouver à le découvrir par inadvertance en travaillant pour eux. Cette guerre sociale, Klapisch la demande, comme un homme qui n'avait pas encore fait le deuil de mai 68.
France, ouvrière, vit dans le nord de la France, à Dunkerque avec ses trois filles. Son ancienne usine a fermé et tous ses collègues se retrouvent comme elle au chômage. Elle décide de partir
à Paris pour trouver un nouveau travail. Elle va trouver un stage pour devenir femme de ménage. Assez rapidement, elle se fait engager chez un homme qui vit dans un univers radicalement différent
du sien. Cet homme, Steve est un trader qui a réussi, il travaille entre la City de Londres et le quartier de la Défense à Paris. Les deux individus vont se côtoyer. Cette ouvrière va découvrir
les gens qui vivent dans le luxe. Elle va finir par découvrir que cet homme, fort séduisant et sympathique, est en partie responsable de la faillite de son ancienne entreprise.
La première partie du film tente de poser les bases et y parvient pleinement. Je pense même que c'est bien géré, les dialogues sont bons et la réalisation est posée et propre à son réalisateur
puis le film s'embrume un peu, il prend le froid et livre une composition inégale qui ne permet pas forcément de plonger plus loin. J'aurais aimé que France soit une femme plus forte mais il faut
dire que ce n'est pas la petite Karin Viard et son jeu de marchande de supermarché qui vont réussir à sortir ce film de cette embrouillât qu'il livre sur sa fin. Gilles Lellouche quant à lui est
excellent, il livre la performance qu'on attends de l'acteur dans ce film, mais il faut dire que son personnage de trader torturé par le manque d'une femme et d'un fils est aussi extrêmement
touchant. Il manque peut être de déconvenues dans ce film qui se déroule presque en huis clos. On a envie d'en voir plus de cette usine qui a fermée (alors forcément quand France demande à ses
anciens collègues des choses, on a pas vraiment d'empathie).
Ainsi, derrière une réalisation fidèle à ce que le réalisateur nous offre, un jeu d'acteur mi figue mi raisin mais également un sujet assez bien travaillé qui manque de constance sur la longueur,
on se retrouve malgré cela avec un film réjouissant. Certes cela aurait pu être mieux maîtrisé, dans tous les sens du terme au cinéma, mais Klapisch a ce goût du travail pas forcément achevé, qui
nous propose même de finir l'histoire, d'imaginer ce qui pourrait se dérouler par la suite. Il n'a réussi qu'à faire une seule suite d'une de ses comédies dramatique, et c'était moyennement
réussi pour une suite (quand le premier est excellent). Bref, Ma Part du Gâteau, à défaut de marquer les annales du cinéma, permet de passer un bon moment, dans l'actualité à réfléchir sur cet
inceste des traders préférant finalement s'enrichir sur le dos de pauvres gens sans faire gage de cette argent, si ce n'est le balancer par les fenêtres (300 euros pour des jouets à Monoprix,
sérieux ?).
Note : 5.5/10. En bref, un film qui aurait pu être meilleur si traité également de bout en bout mais réjouissant malgré tout.