Chronique du lundi 26 septembre 2011.
La victoire contre le France a surement soulagé toute l’équipe Black. En plus de l’aspect psychologique de jouer contre un adversaire qui ne lui réussit pas toujours, la rencontre a aussi permis à l’équipe néo-zélandaise de se rassurer sur les quelques zones d’ombres qui restaient présentes jusque-là. Analyse…
Une équipe type qui se dessine définitivement :
La Nouvelle-Zélande, malgré ses excellents résultats ces 2 dernières saisons, n’avait pas totalement résolu tous ses problèmes : quel demi de mêlée pour bonifier le jeu ? Comment rendre performant l’alignement en touche ? Est-ce que la mêlée Black peut-être une des meilleures au monde ? Quel triangle arrière pour rendre l’attaque irrésistible ? Voilà autant de questions qui semble avoir trouvé réponse lors du match contre la France.
Commençons devant. La révélation au poste de pilier droit d’Owen Franks a compensé le départ de Carl Hayman. Dès ses premiers matchs, ce joueur a montré un profil intéressant. Le problème était seulement que ce joueur est jeune, 23 ans, et qu’il avait peu de temps pour être prêt pour l’évènement. Et bien, face à la France, et même si William Servat n’est rentré qu’en 2ème mi-temps, le pilier droit néo-zélandais a parfaitement tenu le choc. Bien sûr, il ne sera à son zénith que dans 2 ou 3 ans, et c’est surtout Tony Woodcock qui a fait mal à la mêlée française, mais il n’empêche que le droitier a été parfait dans son rôle.
En touche, la titularisation de Sam Whitelock a été judicieuse de la part de Graham Henry. Avec une 2ème ligne Thorn – Williams, la Nouvelle-Zélande manque de taille et a, dans le passé, souffert face à des alignements comme celui de l’Afrique du Sud, Matfield, l’Angleterre, Palmer, ou même l’Irlande, O’Connell. C’était même le talon d’Achille de cette équipe. Là aussi, le joueur est jeune, 22 ans, et manque d’expérience, mais la manière dont Graham Henry l’a couvé, ces 2 dernières saisons, est remarquable. Pour lui aussi, la Coupe du Monde arrive un peu tôt dans sa carrière, mais ça ne fait rien. Il s’est densifié physiquement et répond présent, même dans les phases de combat. D’un coup, la 2ème ligne néo-zélandaise est complémentaire et leur alignement n’est plus en situation de fragilité.
Le poste de demi de mêlée était aussi un point d’interrogation. Cowan était le préféré de Graham Henry depuis la dernière Coupe du Monde, mais il n’a jamais franchi le cap du joueur capable de totalement peser sur le jeu de son équipe et de faire basculer un match. Du coup, l’incertitude planait à tel point, d’ailleurs, que le sélectionneur a retenu 3 demi de mêlées dans son squad. La bonne surprise vient donc de Piri Weepu qui depuis le Tri-Nations réalise certianement la meilleure saison de sa carrière. Ca ne pouvait pas mieux tomber. Physique, le joueur des Hurricanes, a réussi à mettre de l’ordre dans son jeu. Contre la France, il a véritablement collé au ballon, assurant des transmissions parfaites, dans le bon tempo. Il a d’ailleurs un rôle décisif sur les 2 premiers essais. Il est maintenant complet, fait les bons choix et est capable, par son ascendant sur le jeu, de soulager Dan Carter de la responsabilité de devoir toujours peser sur la défense. Du coup, il mobilise aussi la 3ème ligne adverse et libère des espaces pour ses trois-quarts. Weepu est peut-être la meilleure nouvelle qui soit arrivé aux All Blacks depuis le titre de 1987. J’exagère à peine…
Pour le triangle arrière, c’est le contraire des avants. La Coupe du Monde est arrivée un peu tard pour Sivivatu, Rokocoko et Muliana. Un peu moins de vitesse et de puissance, des adversaires qui connaissent bien le style de ces joueurs ont été autant de handicaps pour eux. Du coup, la richesse du rugby néo-zélandais a imposé une concurrence féroce, mais encore fallait-il que les nouveaux soient à la hauteur des enjeux. Cory Jane avait déjà montré une pointe de vitesse redoutable mais Israel Dagg ne semblait pas être un titulaire en puissance à l’arrière tandis que Richard Kahui était plutôt un centre. Après ce match, les 3 joueurs ont démontré tout leur talent et sont capables de porter haut et loin les couleurs de leur pays. La concurrence est encore pourtant féroce, notamment avec l’impressionnant Sonny Bill Williams. S’il n’est pas question de toucher à la paire de centre Smith Nonu dont la complicité fait peur à tous leurs adversaires, il semble bien que l’ancien treiziste soit incontournable sur un aile plutôt que comme un impact player qui prive son équipe de sa présence pendant presque une heure de temps. La blessure de Richard Kahui devrait accélérer les choses et rendre l’armada black encore plus impressionnante qu’elle n’est déjà.
La France a pourtant dominé une équipe supposée invincible :
C’est vrai que l’équipe de France a, par séquence, imposé des temps de jeu à son adversaire et je suis sûr que, à la sortie de ce match, des entraîneurs comme De Villiers, Johnson ou Deans pensent que cette équipe Black est loin d’être imbattable. Attention, quand même, si les Néo-Zélandais ont baissé de pied en 2ème mi-temps, c’est certainement que, après l’essai à la reprise du match, ils ont eu la certitude de la victoire et ont subi un certain relâchement psychologique naturel. En effet, après la défaite de 2007 et avec la pression de tout un pays dans la route vers la conquête du titre suprème, ils ont subi beaucoup de pression avant ce match. Il était donc normal qu’ils se laissent inconsciemment dominer alors que le résultat était acquis.
C’est vrai, d’autre part, que la performance Néo-Zélandaise, sur cette rencontre, n’est pas totalement aboutie. Ils ont su être performant quand ils ont accéléré le jeu, mais n’ont pas toujours pu se sortir des situations lorsque les Français réussissaient à ralentir les sorties de regroupement. Cette équipe possède encore une marge de progression nécessaire, c’est un fait. Et maintenant, à partir d’une telle victoire, il est possible pour Graham Henry de s’appuyer sur les points forts de l’équipe pour continuer à progresser. Il reste aux All Blacks 2 rencontres pour être au sommum de leur jeu. D’une part, le Canada ne devrait pas poser de problème autre que de savoir quels joueurs faire reposer et, d’autre part, l’Argentine en quart de finale est un adversaire largement accessible avec le niveau de jeu montré ce week-end. Ce n’est qu’après, contre l’Afrique du Sud ou l’Australie que les All Blacks devront sortir la copie parfaite. Ce qui laisse du temps pour travailler et aucun doute sur la capacité de cette équipe à encore élever son niveau de jeu…
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