Beaucoup de gens ignorent ou ont oublié que c’est François Fillon, alors Ministre des Affaires Sociales, en 2003, qui a été le premier à remettre en cause le système des retraites. L’une des mesures phares de cette réforme était : « (…) un allongement de la durée de cotisation soit 40 ans en 2008 pour les fonctionnaires et pour l’ensemble des actifs à 41 ans en 2012. ( Détail complet sur Wikipedia)
Et même si c’est Eric Woerth dont ne nom est associé à celui de la réforme de 2010, il n’en était pas moins ministre de François Fillon qui l’a largement supervisée.
Résultat de l’opération : L’âge légal de la retraite est de 62 ans pour ceux nés à partir de 1956 et l’obtention du taux plein est passé de 65 à … 67 ans. Ce qui signifie que, compte tenu de l’état exécrable du marché de l’emploi, pour les plus de 55 ans (+ de 800 000 chômeurs) il y a fort à parier que ceux-ci, choisiront majoritairement de partir avec une décote (voir Comment s’applique la décote par Notre Temps ). D’où pour beaucoup des retraites de misère après plus de 40 ans passés au travail !
Mais ce n’était, semble t-il, pas assez pour notre Premier Ministre qui vient d’utiliser l’argument de la convergence fiscale entre la France et l’Allemagne pour proposer de fixer l’âge de départ à la retraite à 67 ans !
Sur quoi s’appuie Fillon ?
En Allemagne nous dit TF1/LCI : « (…) l’âge légal de la retraite n’est pas de 62, mais de 65 ans. Et il va passer graduellement à 67 ans, en vertu d’une réforme votée en 2007 et destinée à éviter l’écroulement d’un système mis à mal par une espérance de vie toujours plus longue et un rétrécissement de la population active. Ce recul se fera toutefois très progressivement, pour atteindre effectivement 67 ans aux alentours de 2030 »
Et que propose t-il ?
« (…) Il faudra aller vers un temps de travail commun, il faudra aller vers un âge de retraite commun, il faudra aller vers une convergence progressive de l’organisation économique et sociale de nos deux pays, car c’est la clef de la survie et du développement de la zone euro et du continent européen (…) » Rien que ça ?
Ce que ne dit toutefois pas François Fillon, c’est que, précise Le Monde : « (…) l’Allemagne a programmé de relever progressivement de 65 à 67 ans entre 2011 et 2029 l’âge minimum de la pension. Mais même à cette date, les Allemands pourront continuer à partir à la retraite à 63 ans s’ils ont cotisé trente-cinq ans (…) » et non pas 41 ans révisables comme l’a décidé le gouvernement français !
Vous voyez une différence ? Fillon non !
Si jamais ce projet devait voir le jour, il est évident que de nombreux salariés, sachant qu’ils ne pourront pas attendre leurs 67 ans, chercheraient à se créer un complément de retraite privée destinée à compléter la décote qui leur serait appliquée pour départ anticipé. C’est déjà possible aujourd’hui, mais pas obligatoire.
Or, en mai 2010, Laurence Parisot patronne du MEDEF ( accessoirement administratrice de la BNP) auquel la Fédération française des société d’assurances et la Fédération Bancaire Française sont adhérentes, proposait de rendre OBLIGATOIRE, pour tous les salariés, une partie de capitalisation : « (…) Nous devons aujourd’hui nous demander comment mettre en place, en plus de ce que nous pourrions garder du système par répartition, un nouveau dispositif très incitatif, voire obligatoire, de système par capitalisation »
C’est vrai que lorsqu’on se souvient que l’OCDE écrivait : « (…) En raison de la forte baisse des Bourses en 2008, les fonds de pension ont vu la valeur de leurs investissements reculer de 23% en 2008, soit de quelque 5.400 milliards USD au total dans les pays de l’OCDE (…) » et que l’on observe l’actuelle situation financière et monétaire de l’Europe et des Etats Unis, on est tout de suite rassuré pour son épargne, qui devrait être immobilisée pendant 20, 30 ou 40 ans !
Oui mais, rappelons le : Si les français se constituaient tous une épargne retraite personnelle, il pourraient faire l’impasse sur les dernières années de cotisation ! Ce qui dans ce cas, arrangerait le gouvernement qui pourrait s’en emparer pour justifier un gel des pensions et … permettrait aux établissements financiers de récupérer, une partie de l’épargne de précaution des français, qui refusent de placer leur argent en bourse !
Si c’est ce que François Fillon définit par : la clef de la survie et du développement de la zone euro et du continent européen , nous pensons qu’il est vraiment temps pour les français d’avoir la générosité de lui offrir, ainsi qu’aux élus de l’UMP …un pot de départ à la retraite anticipée, en 2012 !
Par SLOVAR
Crédit photo
L’Expansion