Il s’est produit une rupture, quelque chose de néanmoins étrangement logique. La génération précédente, pour une part déjà conquise par les images artificielles, comme la génération qui précéda notre prédécesseurs, qui aime à railler la forme de nos plaisirs et de nos conversations, se fait le héraut du jouir sain. Comme si en leur temps on ne parlait pas déjà de guerres et d’héroïsme, de conquêtes et de pouvoir. Nos rêves n’ont pas changé, c’est la forme qui a évolué. Civilization ne peut-il pas être mis aux côtés d’un jeu d’échecs dont l’origine se perd dans des passés si éloignés qu’on peine à fournir des dates ou des lieux précieux ? Parfois même, un jeu vidéo ne peut-il pas revêtir une profondeur sans égal, à l’instar des productions de Paradox, la série des Hearts of Iron en tête ? Beaucoup ne sont pas mis dans la balance et l’on ne voit généralement que le caractère violent de certaines (nombreuses) productions.
Que s’est-il passé alors ? Le cliché Mario-Pong-Pacman a persisté. Il a évolué, oui, mais le côté « made for children » d’une grande partie de la production d’antan a laissé une cicatrice à l’emplacement exact de nos cœurs. Cependant, si on conspue cette forme de divertissement, le mot est lâché, on en salue beaucoup d’autres, et pas toujours des plus fines. Et puis, de même que dans les salles obscures, n’y en a-t-il pas pour tout le monde ? Du gamin au senior, du joueur occasionnel au joueur hardcore, du jeu d’auteur au jeu AAA qui en met plein les yeux. Non, le jeu vidéo n’est plus le plaisir exclusif du gamin.
Il nous faut tout de même reconnaître l’existence, et parfois j’en suis, d’un syndrome du « je suis bien chez moi, je ne bouge plus mon cul », qui freine notre volonté d’aller vers les autres. Oui. C’est bien un écueil de notre passion. Heureusement, le jeu vidéo peut aussi être l’occasion de soirées entre amis et de plaisirs sincères, entièrement vouées à l’hédonisme le plus propre. Et ça, c’est bon.