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« Partie à la recherche de toi-même, dans l'obscurité, tu
dansais,
Perdant pied lentement, pleurant doucement »(Ted HUGHES, Que Dieu vienne en aide au loup)
L’auteur :
Claude Pujade-Renaud est une écrivaine française.. Elle a publié son premier roman La Ventriloque en 1978. Depuis, elle est l'auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles, remportant de nombreux prix.
L’histoire :
C'est en 1956, à Cambridge, que Sylvia Plath fait la connaissance du jeune Ted Hughes, poète prometteur, homme d'une force et d'une séduction puissantes. Très vite, les deux écrivains entament une vie conjugale où vont se mêler création, passion, voyages, enfantements. Mais l'ardente Sylvia semble peu à peu reprise par sa part nocturne, alors que le "braconnier " Ted dévore la vie et apprivoise le monde sauvage qu'il affectionne et porte en lui. Bientôt ses amours avec la poétesse Assia Wevill vont sonner le glas d'un des couples les plus séduisants de la littérature et, aux yeux de bien des commentateurs, l'histoire s'achève avec le suicide de l'infortunée Sylvia. (Présentation de l’éditeur)
Ce que j’ai aimé :
- Les femmes du braconnier offre au lecteur un éclairage neuf sur cette histoire, en disculpant notamment Ted et Assia. Claude Pujade-Renaud met en avant le mal-être ancré profondément en Sylvia, cette pieuvre qui la ronge de l'intérieur, venue d'on ne sait où, peut-être de la mort de son père, ou de sa relation à sa mère, sait-on vraiment finalement ce qui mène à la dépression. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas Ted et sa relation extraconjugale qui furent les seuls déclencheurs. La passion, le couple, la maternité ne peuvent pas tout résoudre, et si l'ensemble bascule, c'est aussi parce que la difficulté de vivre restait tapie, dans l'ombre, attendant son heure.
« La faute originelle avait été de renoncer à l’animalité, de devenir un couple banalement conjugal. Etranglé par le quotidien. Par la jalousie carcérale de Sylvia. Par cette maison, objet de tant de soins, proche de la nature mais non de la sauvagerie, cocon et non bauge p ou terrier. » (p. 251)
En évoquant ce couple mythique, l'auteure touche des points sensibles : la dépression, l'infidélité, le suicide d'un proche.
« Accordez-lui au moins d’en avoir décidé ainsi, n’en faites pas la victime du froid et d’une pneumonie, non elle n’est victime de rien, et surtout pas de son mari, elle a choisi, voulu, c’est elle qui signe ! » (p. 237)
La multiplicité des points de vue donne de l’épaisseur à l’histoire et entraîne le lecteur qui découvre peu à peu des personnalités complexes.
« Les songes reproduisent les mythes, on se voudrait mage, chaman, magicien, hardi explorateur de l’Hadès, et on se retrouve stupide, sur un quai vide et, tout aussitôt, en sueur, en larmes, à côté d’un corps endormi respirant lentement. » (p. 250)
- Ce roman nous mène dans l'antichambre de la création de ces deux talentueux poètes :
« Libres, les mots galopent vers leur vérité. A ras du vide. » (p. 224)
Ce que j’ai moins aimé :
- Le roman s’étire laborieusement après la mort de Sylvia pour atteindre plusieurs années plus tard celle d’Assia et de sa fille, et je pense que le roman aurait pu s’arrêter là. Il n’était pas nécessaire à mes yeux de continuer jusqu’à l’ultime suicide de Nicholas.
Vous aimerez aussi :
Du même auteur : Le désert et la grâce (qui m’a été conseillé plusieurs fois cette année…)
Autre : Froidure de Kate MOSES (également sur Sylvia Plath)
D’autres avis :
Lecture commune avec : Valérie, Théoma , Aifelle, Aymeline, Miss Orchidée
Les femmes du braconnier, Claude Pujade-Renaud, Actes Sud, 2010, 349 p., 21 euros
verticale je suis (Sylvia Plath, 28 mars 1961)
Mais je préférerais être horizontale.
Je ne suis pas arbre avec mes racines dans le sol
suçant à moi minéraux et amour maternel
afin qu’à chaque mars je puisse être éclaboussure de feuilles
Non plus ne suis la beauté d’un jardin allongé
arrachant des ah enthousiastes et peint de façon baroque
sans savoir que je perdrai mes pétales
par rapport à moi, un arbre est immortel
et si petite la tête d’une fleur, mais plus saisissante
et tant je voudrais la longévité de l’un et la hardiesse de l’autre.
Cette nuit, dans l'infinitésimale lumière des étoiles,
les arbres et les fleurs ont déversé leurs odeurs froides
Je marche parmi eux, mais aucun ne me remarque.
Parfois je pense que lorsque je dormais
je devais parfaitement leur ressembler -
Pensées parties dans le sombre.
Cela serait si normal pour moi, de m'étendre.
Alors le ciel et moi parlons franchement,
et je serai enfin utile quand je reposerai pour de bon:
alors les arbres pour une fois me toucheront peut-être, et les fleurs auront du temps pour moi.