Si oui, vous chagrinez le fisc, qui veut mettre les contribuables sous anesthésie.
Un article publié en collaboration avec l’ALEPS (*)
Il faut plumer l’oye sans trop qu’elle criaille.
Si au soir du 15 septembre vous en êtes encore à vous déplacer pour poster votre chèque pour le percepteur, voire même pour payer en espèces au guichet du Trésor le plus proche, c’est que vous êtes rebelle au progrès technique et sourd aux appels du fisc, qui ne cesse d’encourager les contribuables à déclarer en ligne, à payer par prélèvement, à mensualiser, à régler en ligne, etc.
Le fisc fait en effet tout ce qu’il peut pour vous simplifier la vie. Entendez : pour vous faire payer vos impôts sans gêne matérielle, en toute simplicité. « Il faut plumer l’oye sans trop qu’elle criaille », disait Colbert. La nation reconnaissante a donné le nom de cet illustre ministre au bâtiment principal du ministère des Finances quai de Bercy.
Le bâtiment Colbert et l’hôtel des ministres sur les piles en Seine
Ainsi veut-on placer les contribuables sous anesthésie totale. Le tiers provisionnel est une bien mauvaise chose, tout comme les impôts locaux, taxe foncière et taxe d’habitation, qui arrivent maintenant dans les boites aux lettres et qu’il va falloir payer dans les semaines à venir. Bien mauvaise chose, parce que le contribuable sent passer l’addition. Quand on dit que la moitié des Français « ne paient pas d’impôt sur le revenu », le fisc se frotte les mains : cette même moitié croit peut-être échapper aux autres prélèvements, dont le contribuable n’a pas d’idée précise.
Pour le fisc, l’idéal est dans les prélèvements à la source, ou dans les impôts sur la dépense. La structure de nos impôts est bien étudiée, puisque le plus gros des recettes de l’État est fait d’impôts indirects inclus dans le prix des produits achetés, TVA et TIPP notamment. Les impôts cédulaires (comme les taxes sur le tabac, l’alcool, et maintenant les sodas) sont contestés au moment de leur mise en place ou de leur augmentation, mais ensuite leur paiement ne pose aucun problème. Une loi fiscale intelligente est donc celle qui charge en impôts des produits dont la consommation est inélastique au prix : on râle, mais on consomme toujours autant.
De nombreux sondages montrent que si les Français ont un sentiment de harcèlement fiscal, en revanche ils ne savent absolument pas ce qu’ils laissent en impôts. Contribuables Associés le leur dit : en moyenne les Français travaillent pour l’État jusqu’au 22 juillet, et ce n’est qu’après cette date de « libération fiscale » qu’ils gardent l’argent pour eux.
Voilà pourquoi la réforme fiscale libérale, préconisée depuis longtemps par l’ALEPS et l’IREF, est celle de « l’impôt à taux unique » ou « flat tax » : le contribuables sait alors ce qu’il paye chaque fois, puisque l’impôt est proportionnel à son revenu ou à sa dépense suivant le même taux : 20 % par exemple. Mais 10 % serait mieux !
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Article repris du site de l’ALEPS, Libres.org, avec l’aimable autorisation de Jacques Garello.
(*) L’ALEPS, présidée par le Professeur Jacques Garello, est l’Association pour la Liberté Économique et le Progrès social, fondée il y a quarante ans sous l’autorité de Jacques Rueff, dans la tradition intellectuelle française de Jean Baptiste Say et Frédéric Bastiat.