Etat chronique de poésie 1331

Publié le 25 septembre 2011 par Xavierlaine081

 

1331

Car à qui sait y regarder

Les lieux préservés ont encore leur saveur

.

Passé l’ultime col avant de plonger

Aux eaux noires et froides d’un lac de barrage

Nos yeux cherchaient un havre

Un lieu de repos solitaire

Où avaler

Entre deux tours de roue

Un sublime café

Premières vapeurs sur notre transhumance

.

Sur la gauche

Une fois de plus à contre courant

Une ancienne bâtisse

Murs solides et toit de tôle rouillée

Quelques tables sur terrasse en plein soleil

Parasols rouges de quelque marque brassée repliés

.

Tu pousses la porte d’entrée

Sur un escalier de guingois

A droite s’ouvre le bar

Avant même d’en toucher la poignée

.

Le lieu a dû s’arrêter de vivre

Au moment où le siècle précédent

Descendait au fond du gouffre

D’une modernité suicidaire

.

Ils sont quatre à une table

Qui dégustent leur repas

Sans prêter attention aux intrus

.

Le petit noir a la volupté des lieux retirés du monde

L’enfant demande les toilettes

Une femme sans âge le regarde :

« Par ici c’est la vaisselle

Pour le reste

C’est à l’étage

Au fond du couloir »

.

Il revient hilare

« Viens voir Papa »

.

Nous gravissons l’escalier retord

Longeons un couloir au sol inégal

A peine voilé sous un lino de basse classe

Au bout s’ouvre le cagadou

Et puis le ciel

Sur le ciel

Imprimé en lettres noires

« Une fois nos montagnes contemplées

Et les vents nauséabonds dispersés

Pensez à refermer la fenêtre

Pour éviter les courants d’air »

.

La poésie

Fait son nid partout

.

Saint Paul sur Ubaye, 14 août 2011

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