carte de l'Afrique ou comment la geographie peut etre l'oeil de l'histoire, cartographie partie 1

Publié le 24 septembre 2011 par Busuainn_ezilebay @BusuaInn_Ezile
Je me suis penchée (et suis tombée !) sur la cartographie de l'Afrique récemment, comme je l'évoquais dans ce billet, avec une si parlante réalisation de Kai Krause "la vraie taille de l'Afrique".

Depuis, j'ai un peu "creusé" le sujet et les (re)découvertes abondent ! Je soupçonnais que la représentation cartographique de l'Afrique (entre autre) soit minorée, pour ne pas dire une forme d'expression d'une vision dominante, en tous cas déformante comme vous allez pouvoir vous en rendre compte.
Elle l'est en effet !
La cartographie ? Le mot vient du grec, chartis = carte et graphein = écrire.
Et une fois de plus, la maxime "la carte n'est pas le territoire" se vérifie.
Avec cet article, je vais entamer une mini série sur la ou plutôt les représentations cartographiques les plus courantes. Aujourd'hui, honneur aux ancêtres avec la projection dite de Mercator, le travail d'Ortelius et une des premières représentation connue.
 Chaque époque et culture sont porteuses de préjugés, stéréotypes et représentations mentales...à la représentation cartographique, le pas est rapidement franchi. 
La cartographie est l'étude des cartes ou des globes et la pratique de leur création. Les cartes sont de par leur nature problématiques. Tout d'abord, elles supposent une réalité "objective" : une version du monde qui peut être inscrite, encadrée et fiable. 
Toute personne qui s'est déjà égarée dans une ville sait que même la carte la plus méticuleuse est un document subjectif et que sa version du monde est une question d'opinion personnelle. La seconde erreur des cartes est qu'elles ont été utilisées, tout au long de l'histoire politique, comme des armes dans les luttes de pouvoir.
Et oui ! Même les cartes, supposées et enseignées comme objectives, ne le sont pas.
On nous mentirait et manipulerait  ?
Avec ce qui va suivre, il sera facile de comprendre combien la représentation "imagée" du monde est politique, (égocentrique ?) ethnocentrique c'est sur..
Une des première carte mondiale connue est de  Rumold Mercator, cartographe (et businessman !).

Elle a été réalisée en 1587 par Rumold Mercator en utilisant la projection du même nom.  Mercator (1512-1594) fut l'un des cartographe le plus éminent de son temps. Né à Rupelmonde en Flandres, Mercator étudia à l’université de Louvain chez le cosmographe et mathématicien Gemma Frisius. 
Il séjourna ensuite quelque temps à Anvers avant de s’établir en 1552 à Duisbourg, en Allemagne, où il décéda à 82 ans, au crépuscule d’une vie bien remplie. Il est l’auteur de cartes utilisant la projection qui porte toujours son nom, une projection cylindrique de son invention (1569) qui révolutionna en son temps le domaine de la cartographie maritime. 
Grand cartographe, Mercator était aussi excellent graveur et calligraphe, et éminent fabricant d’instruments scientifiques. Ses globes terrestres et célestes sont un condensé du savoir cosmographique de son temps ainsi que des témoins de la représentation du monde à cette époque.

La carte de l'Afrique selon Mercator


La projection de Mercator est donc une projection qui conserve les angles mais..pas les distances... Elle exagère considérablement les superficies aux hautes latitudes, faisant apparaître le Groenland aussi vaste que l’Afrique (pourtant 14 fois plus étendue).
De plus, les continents sont déformés de manière très importante.
     

Mappemonde d'Ortelius (source Wikipedia)


« Historiae Oculus Geographia », la géographie est-elle bien l’œil de l’histoire, comme l'affirmait Abraham Ortelius, érudit anversois et l'autre grand cartographe flamand, auteur du premier atlas au monde "Theatrum Orbis Terrarum", le théâtre du monde, il y a 5 siècles ?.

La carte de l'Afrique selon Ortelius, audubonart.com


Avant de nous quitter, je voulais vous faire partager une des 1ères cartes au monde (trouvée ainsi que le texte qui l'accompagne sur Egypte-antique.org ) :

Carte du Monde - Babylone, 700-500 avant J.C - Provenance probable de Sippar dans le sud de l’Irak.
British Museum - ME 92687
Hauteur : 12.200 cm
Largeur : 8.200 cm


Cette tablette contient à la fois une inscription cunéiforme et une carte unique du monde mésopotamien. Babylone est montré dans le centre (le rectangle dans la moitié supérieure du cercle), l’Assyrie, Elam et d’autres lieux sont également nommés. La zone centrale est entourée par une voie navigable circulaire portant la mention « sel de la mer » (Euphrate ?). La jante extérieure de la mer est entouré par ce que furent probablement à l’origine huit régions, toutes sont indiqués par un triangle, étiqueté "région" ou "île", et marquée par la distance entre elles. Le texte cunéiforme décrit ces régions, et il semble que les bêtes étranges et mythiques aussi bien que de grands héros vivaient là, bien que le texte soit loin d’être complet.
Les régions sont représentés par des triangles car c’est la façon dont elle était vue si elle est abordée par l’eau.
La carte est parfois considéré comme un exemple sérieux de la géographie antique, mais bien que les endroits sont indiqués dans leurs positions à peu près correcte, le but réel de la carte est d’expliquer le point de vue babylonien du monde mythologique.

Texte original :

Map of the World
Au prochain épisode (et oui, c'est le feuilleton de l'été ! Comment cela l'été est terminé ? Ici, il va débuter...) : les projections dites de Peter/Gall.