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France- Nouvelle Zélande : Rassurant !

Publié le 24 septembre 2011 par Lben

Chronique du samedi 24 septembre 2011.

L’équipe de France n’a perdu que 37 à 12 un match que, de toute façon, elle ne devait pas gagner. Double bonne nouvelle donc, d’autant plus que j’ai vu des choses rassurantes dans ce match. Analyse…

Capable de tenir le choc :

L’élément extrêmement positif de ce match a été la capacité des joueurs français a tenir le choc lors de toutes les phases d’affrontement. Ils ont su ralentir les sorties de balle dans les phases de regroupement, suffisamment pour limiter les occasions All Blacks. En effet, sans cela, on pourrait rajouter 4 ou 5 essais de plus. Ce n’est, bien sûr, pas satisfaisant de n’avoir encaissé  »que » 5 essais, mais sans cela, l’addition aurait été beaucoup plus lourde. La bonne nouvelle est que les joueurs français sont prêts physiquement, la preuve, ils ont dominé dans la 2ème partie de la 2nde mi-temps. Au niveau des éléments très positifs, je mettrai le comportement de la 3ème ligne qui a abattu un énorme travail avec, en plus, une excellente complémentarité entre Dusautoir, Bonnaire et Picamoles. C’était une erreur de la part de Marc Lièvremont de sortir Louis Picamoles à la mi-temps car cela enlevait de la puissance à notre troisième ligne dans une rencontre où il y en avait besoin.

Au niveau du 5 de devant, il y a du positif, mais aussi du moins bien. Autant les joueurs se sont bien battus, autant notre conquête n’est plus aussi incontournable qu’elle a été. Je ne parle pas vraiment de la mêlée ou, de toute façon, il y a 2 visages : celui avec William Servat qui en fait une des plus redoutables au monde, et celui sans, où le pack de l’équipe de France devient alors un adversaire comme un autre. Non, c’est plutôt la touche qui me pose question. Nous avons des conquêtes propres sur nos lancers, merci à Julien Bonnaire ( ou Imanol Harinordoquy ) qui est la pièce maîtresse ( 7 prises propres contre les Blacks ) et nous avons la capacité d’alterner avec Nallet ( pas vu dans ce secteur sur ce match ), Papé ( plutôt bon, même s’il n’a pas été beaucoup servi ) et Picamoles ( depuis qu’il a perdu du poids, évidemment, il peut sauter… ), mais ce n’est pas suffisant. Actuellement nous ne sommes d’aucun danger pour l’alignement adverse. Graham Henry avait fait le choix intelligent de Sam Whitelock, tour de contrôle à la Ian Jones, pour combler une des rares faiblesses néo-zélandaise, et nous n’avons jamais été en position de poser des problèmes sur les lancers adverses ( un seul effleurement de ballon de Bonaire récupéré par Dan Carter ). Or, si la France veut dépasser les quart de finale, elle aura définitivement besoin de priver au maximum ses adversaires de ballon ou, au moins, de les obliger à les jouer dans des mauvaises conditions. C’est là, où, le choix de 4 deuxièmes lignes de même profil, moins de 1m97, handicape fortement cette équipe.

Derrière, que dire ??? Que faire jouer 2 demis de mêlées ensemble est possible ? Oui, mais alors pour quel résultat ? Pas d’alternance dans le jeu, aucune utilisation de coups de pied tactiques par le 10, un manque de pénétration et de capacité à défier la ligne, vu le gabarit de Parra ??? Avec ce choix, une chose est sûre, Marc Lièvremont facilite le travail des défenses adverses. Déjà qu’avec François Trinh-Duc, la France ne possède pas un ouvreur maitrisant parfaitement l’alternance main / pied, et la capacité de faire avancer son équipe par des coups de pied de déplacement, là, c’était vraiment le néant à ce niveau-là. Heureusement que Dimitri Yachvili, dont le jeu au pied est la seule vraie force offensive, a tendance à rééquilibrer les choses, ce qui, du coup, a complètement inversé les rôles, sans, pour autant, avoir un effet quelconque. Du coup, je ne vais pas insister sur le sujet autrement que pour dire que Morgan Parra a, sinon, fait un match de qualité, malgré le piège tendu par son propre entraîneur.

En attaque, je pourrais dire que c’était un bon match de reprise pour une ligne Yachvili – Parra – Mermoz – Rougerie plus Traille à l’arrière qui se découvraient dans le feu de l’action, mais, le problème, c’est que c’est déjà le 3ème match de la compétition et qu’il ne reste plus beaucoup de temps pour être prêt. Je ne peux pas dire que j’ai été vraiement convaincu par le jeu de passe à 10 pratiqué par les 3/4 français devant la défense Blacks, ce qui a permis à ces derniers de récupérer certains ballons sans trop avoir à forcer leur talent. La question est donc de savoir si notre ligne de trois-quart sera prête pour les quarts de finale. Sachant que Marc Lièvremont va, bien évidemment, faire encore des changements, d’une part contre le Tonga pour relancer Trinh-Duc, Palisson et peut-être Estebanez et, ensuite, pour affronter l’Angleterre pour une synthèse de tout et son contraire où, certainement l’équipe alignée aura le profil suivant : Yachvili – Trinh-Duc – Mermoz – Rougerie – Médard ( ou Palisson ) – Clerc – Heymans ( ou Médard ). En ce qui concerne Médard, on peut s’attendre à ce que Marc Lièvremont redécouvre les vertus de ce joueur à l’arrière et en face son titulaire pour le Tonga et les quarts. Encore une preuve du tout et son contraire pratiqué par le manager français. Par contre, pour Morgan Parra, sa capacité à être un impact player en 9 ou en 10 devrait le condamner au banc de touche…

Changer de stratégie :

En ayant peur de mal faire, les Français se sont reconcentrés sur les bases de ce jeu : le combat, la conquête, le pressing défensif. Cela n’a pas toujours marché, mais ça a, au moins, permis de montrer certaines cohérences entre les qualités premières de cette équipe et sa façon de jouer et cela a offert un essai à moindre frais. Le problème est simple maintenant : sans équipe type, sans automatismes et sans garantie face à des équipes comme celles de l’hémisphère sud ou de l’Angleterre, l’équipe de France ne doit pas chercher à prendre le jeu à son compte. Si elle le fait, elle risque simplement de s’épuiser à tenter de multiplier des temps de jeu stériles, car manquant de vitesse dans les transmissions, et d’offrir aussi des points faciles à ses adversaires. Les qualités de cette équipe sont dans sa capacité à assoir une bonne conquête pour museler la 3ème ligne adverse, à organiser un bon pressing défensif ( toutes les équipes n’ont pas l’efficacité de la Nouvelle-Zélande derrière ), à ralentir les sorties de ballon des regroupements et à saisir la moindre opportunité de marquer, à l’image de Maxime Mermoz. Ca parait simple et, si on se rappelle bien, cela a déjà payé avec un Grand Chelem 2010.

Le problème, c’est que Marc Lièvremont ne voit pas les choses de cette façon. D’un côté, il rêve d’un rugby de playstation ( ou de Wii ) et, de l’autre, il fait tout pour empêcher cette équipe d’arriver à ses fins. En multipliant les changements dans sa ligne de trois-quarts, il empêche toute capacité d’épanouissement de celle-ci. Il est maintenant trop tard pour chercher à atteindre un tel objectif de jeu. Il est nécessaire d’être pragmatique et cela passe par un rugby beaucoup plus simple mais, surtout, beaucoup plus efficace. Malheureusement, sans une prise de pouvoir des joueurs sur un entraîneur définitivement dépassé par la situation, je ne vois pas comment l’équipe de France peut arriver à ses fins alors que, avec un peu plus d’humilité et de réalisme, une place de finaliste est aujourd’hui totalement à la portée du potentiel de cette équipe…

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