Deuxième LP pour le quatuor de Philadelphie emmené par le dylanien Adam Granduciel. Bien qu’amputé de son second membre, le talentueux Kurt Vile qu’on aura pu apprécier récemment en solo sur Smoke Ring For My Halo (Matador), le groupe n’en conserve pas moins sa signature sonore. Sur Slave Ambient, édité par l’excellent label Secretly Canadian (Anthony and the Johnsons, Little Scream, Suuns), Adam Granduciel affirme sa position de frontman tout en accordant une grande place à l’instrumentation.
L’écoute du disque est relativement aisée par la progressive introduction dans l’univers du groupe. Les trois premiers titres sont des folk songs au songwriting impeccable ponctuées de nappes synthétiques et de solos de guitares truffées d’effets. Ce n’est qu’à partir de "Your love is calling my name" que la rythmique s’accentue et que les nappes de synthétiseurs se font plus oppressantes. Jusqu’à former un drone opaque, imbibé de sonorités new wave, qui devient le fil conducteur des titres et oblige chaque instrument à lutter pour refaire surface. La musique du groupe atteint alors des sommets sur "Come to the city" et sa suite entièrement instrumentale : "City reprise #12". En fin de disque, la pression se relâche et permet au tubesque "Baby missiles" de se dissocier aisément de l’ensemble. Le groupe entame alors l’ultime "Black water falls", un folk song à la rythmique entêtante avec ce petit air d’accomplissement caractéristique des fins de disque réussis.
Slave ambients est un album sans pause ni temps morts, hypnotisant par ses rythmiques répétitives et obsessionnelles. C’est d’ailleurs ce qui fait son originalité car les compositions auraient tôt fait de sonner comme un barbant revival d’americana pour le côté roots. Car il est clair que la voix d’Adam Granduciel n’échappe pas à certaines filiations avec les plus grands comme Neil Young ou Bruce Springsteen et surtout Bob Dylan pour son timbre légèrement érayé. Mais son application et celle de ses musiciens à développer une texture sonore complexe en arrière plan, amalgame de drone synthétique et de solos de guitare entrelacé, évoque plus Suicide ou le Cryptograms de Deerhunter. Drôle de mélange, à première vue. Pourtant, ces douze titres ont une certaine cohérence et s’enchaîne avec un dynamisme propre à l’album.
En bref : The War On Drugs confirme, une fois de plus, son talent pour réinventer l'Americana dans une version moderne et ambient.
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"Best night" :
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